ACCIDENT

11 mars 2011

  

C’est alors qu’il marchait,une ! deux ! une ! deux ! 

Un vieil air militaire le rendant valeureux 

Que le vieil homme sentit le sol se dérober 

Et que, les pieds devant, il glissa dans l’étier. 

En un instant il vit sous ses yeux défiler 

Le film de sa vie pendant que l’eau glacée 

Remontait lentement sur son corps apeuré. 

Il revit les moments où il manifestait  

Avec ceux qui voulaient d’une France épurée : 

La collaborration avec le MARECHAL, 

Les années difficiles avec PETAIN, LAVAL …. 

La grande peur aussi à
la LIBERATION
 

Peur de se retrouver au ban de la nation. 

Le silence ensuite pendant des décennies 

Puis enfin cet espoir en entendant ravi 

Que nombreux, à nouveau, sont ceux qui crient : 

« Dehors les étrangers ! Retour dans vos pays ! » 

Son vieux cœur bondissant s’en trouvait rajeuni. 

Enfin tous les bronzés, les lippus, les crépus, 

Les jaunes, les rouges enfin ne seront plus !… 

C’est à l’instant où l’eau arrivait à sa gorge 

Qu’il se mit à hurler comme porc qu’on égorge : 

« AU SECOURS ! AU SECOURS ! Je suis dans le canal 

A l’aide par pitié car le gouffre m’avale ! » 

Une enfant qui passait, du nom de LATIFA, 

Entendit cet appel précurseur de trépas. 

Vite ! aux HLM, elle courut chercher 

Et RACHID, et KAMEL, AHMED et LATICHE 

Qui d’un bond, dans l’eau noire, sans un mot ont plongé 

Ont tendu au vieillard la main de l’amitié 

Pour lui rendre la vie, une vie pour aimer. 

Lui, le pauvre, aveuglé par ses vieux préjugés 

Se demande encore s’il aurait préféré 

Rester au fond de l’eau, plutôt que réviser 

Ses jugements anciens sur la haine fondés. 

AIMONS ! AIMONS-NOUS LES UNS LES AUTRES ! 

Partageons les pains d’orge et les petits poissons 

La terre alors d’enfer nous paraîtra tout autre 

La terre libérée des funestes passions 

Deviendra pour amis 

                                      LE PLUS GRAND PARADIS ! ! ! 

Les yeux

11 mars 2011

 

J’aime l’œil des enfants

Inquiet interrogateur :

Ces cheveux tout blancs,

Cette barbe en longueur

Qui donc es-tu ?

Je me sens tout ému…

Un papy aux cadeaux ?

Le vieil homme au traîneau ?

J’aime l’oeil des enfants

Rivé à ma bouche

Le souffle en suspens

Quand du fond de leur couche

Ils écoutent ma voix

Raconter une histoire

Un conte de loup

De vache ou de hibou.

J’aime l’œil des ados

Un peu goguenard

Quand ils sont en retard

Au départ des randos

Quand ils voient le vieillard

Approcher sans trembler

De leur groupe rouillard

Pour les rassembler

J’aime l’œil des ados

Surpris et étonné

Quand au lieu du repos

Je leur ai déclamé

Hymne à la jeunesse

Un poème enflammé

Un refrain de tendresse

Ou de félicité

Et j’aime l’œil surpris

De la fille inconnue

A qui j’offre in extremis

Un poème dans la rue !

La pensée divergente

10 mars 2011

Avant même mon apparition, mes parents étaient sûrs que le bébé qu’ils attendaient était une fille… C’est sans doute pour cela que mes premiers langes furent roses, couleur que j’ai aimé toute ma vie. 

Peut-être que c’est pour cela que ma partie féminine est plus développée que chez d’autres… Enfant, je me sentais très bien avec les femmes : les jeux de main, les violences, les genoux couronnés ou les nez écrasés , ce n’était pas pour moi. Très tôt, j’ai appris avec délice, à tricoter, et pas peu !! Je tricotais des maillots de corps en coton… pour qui connaît le temps nécessaire à une réalisation de ce genre, ma persévérance ne sera pas douteuse. A l’école, au lieu d’aller taper dans un ballon ou me bagarrer avec les autres garçons, je préférais me blottir tout contre le groupe des grandes filles que je couvais d’un regard amoureux (elles avaient facilement 6 à 7 ans de plus que moi). J’étais fasciné par contre par les minuscules mécanismes des montres et une vieille horloge dont la cloche sonnait encore quand on la secouait me ravissait. Plutôt que le travail de muscle du terrassier j’aurais préféré la précision de geste de l’horloger si celui de chez nous ne m’avait expliqué que l’avenir était à l’électronique… 

A mon père qui ne voyait que par sa fille, née deux ans après moi, je préférais mon grand-père, calme et posé tant que l’âge ne l’a pas diminué et surtout ma mère qui me donnait une douceur que mon père et mon oncle, les hommes voisins jugeaient déplacé à l’égard d’un garçon. Les quolibets : « ce sera un jean-fille » « il restera vieux garçon » fusaient souvent. Le culte de la chair à canons était très fort. J’encaissais sans être beaucoup plus perturbé car j’avais une capacité à m’évader dans d’autres mondes qui leur étaient tout étrangers. L’institutrice s’en plaignait : « Gérard rêve tout le temps ! » ce n’était pas que mon travail n’était pas fait, mais il me fallait le temps de lorgner d’un œil énamouré vers les grandes ou d’imaginer d’autres solutions que celles que le manuel proposait comme

LA VERITE. Je me souviens , pour les vases communicants, avoir choqué parce qu’au lieu de dire que la cafetière dessinée avec un bec trop court ne pourrait pas être remplie totalement j’avais dit qu’on n’avait qu’à la boucher. Je me plaçais déjà dans la pensée divergente. Je n’ai jamais cessé. Cela n’a jamais plu aux tenants des catéchismes qu’ils soient religieux, politiques ou pédagogiques 

quand viendra l’heure

10 mars 2011

 

Je ne sais quand viendra l’heure

Je ne sais quel sera le moment

Brutal ou insensible, maladie, accident

Hallali ou serein. Je ne veux de demeure :

Que le feu de Vulcain, passant sur mon cadavre

En fasse de l’engrais pour faire pousser les arbres.

Qu’à ceux que j’ai aimés, mon âme en douceur

Se glisse doucement dans leur esprit et cœur.

Qu’à ceux qui m’ont aimé soit rendu cet amour

Au centuple toujours, jusqu’à la fin des jours.

Ceux qui m’ont côtoyé, superbes, indifférents,

Que ne vienne troubler, ni questions ni tourments.

Mais que ne viennent point autour de ma dépouille

(Comme sur lambeau rouge, un amas de grenouilles)

S’agglutiner et marquer de quelconque tristesse

Ceux qui, ma vie durant, n’ont jamais eu de cesse

De cracher sur mes vues, mes idées, mes paroles,

De calomnier mes actes, pour eux des fariboles

Que ces pâles croupions qu’on dit hauts fonctionnaires

Restent bien clos chez eux avec leurs secrétaires

Que leurs frêles servants, les deux genoux à terre

Ne se relèvent pas tendant haut leur derrière

Que ceux qui n’ont jamais que le rare courage

De saluer bien bas ceux qui manient l’outrage

S’abstiennent de verser ne fût-ce qu’une larme

Car du fond de l’abîme, si je n’ai pas une arme,

Aujourd’hui et demain pour cent générations

Dusse mon serment me jeter dans les flammes

Je jure d’attirer sur eux malédiction

Pour le temps que l’on dit être le temps de l’âme

Maudits soyez au loin ! s’exhalant ,  mon esprit

Ne voyant pour un jour pas votre hypocrisie

Oubliera peut-être ce qui ne se pardonne

Et montant au-dessus de vos tristes personnes

Trouvera un chemin quelque peu détourné

 Que la boue de vos actes n’aura pas maculé !

Le sauze

10 mars 2011

 

Il est coutume dans notre région

Quand  amoureux garçon

D’une déesse, par un rival

Dans le cœur désiré, est surpassé

Au soir des noces, avant le bal,

Que les hommes du canton

Portent au délaissé

Une branche de saule ou de peuplier

De « sauze » chez nous dit-on,

Censé symboliser

L’éternel chagrin

Eprouvé le matin.

Planté

Et arrosé

De bonne gnôle raide

Le scion très souvent

S’étiole lentement

Mais si la branche laide

Prend racine en arbre

De deuil inexpiable

Elle devient le gibet sombre

De l’inconsolable.

Le combat

9 mars 2011

Si le combat mortel
Pour un autre soleil
Aux yeux de tes semblables
Rend suspects tes neurones
Il sera bien probable
Qu’un docte professeur
Au fil du téléphone
En aimable colleur
D’étiquettes futiles
T’octroiera l’honneur
D’une épithète vile
Néglige l’anathème
Dans sa légèreté
Laisse BROYER…
Qu’importe que l’on sème
Le doute dans les âmes
La graine des fantasmes
Laisse les .ons douter
De tes capacités
Le pain dur du combat
Est fait d’un autre blé !
Du noir, ne broie pas :
Entier ou en lambeaux
En cendres s’il le faut
FRAPPE ! !

Le rêve de Picou

9 mars 2011

« J’aime pas ma maîtresse, c’est une sorcière ! criait PICOU. Elle a des grosses fesses, une bouche en soupière. Son nez est crochu comme un bec . Ses yeux lancent des éclairs, sa baguette fait que siffler dans l’air. »
Pendant qu’elle parlait, un vieux monsieur la regardait en remontant ses lunettes pour mieux voir la fillette.
La maman de PICOU voulait calmer sa fille en lui disant des choses gentilles.
« C’est une sorcière ! criait encore PICOU : elle a des crapauds sous la peau de son cou ! Elle crache ses mots en hurlant comme un loup. Elle sent la sueur et le mauvais ragoût ! »
Après qu’elle eût fini de proférer ses plaintes, le monsieur s’avança et prit dans ses mains jointes les deux mains potelées de l’enfant en colère. Il confia en secret à la petite oreille : « Ce soir, prends ton cartable, tes crayons ; devant la glace, tu devras loucher en répétant trois fois VARONTRON » Puis il disparut au coin de la rue. La maman n’avait rien entendu : le monsieur devait être un sorcier…..
Le soir, à la maison, PICOU ne pensait plus au vieux monsieur qu’elle avait entrevu, mais, en sortant de la salle de bains où elle venait de se doucher, alors que sa maman disait : « Va te coucher », ce souvenir lui revint.
Elle hésita un peu, puis saisit son cartable et ses crayons épars sur le coin de la table, se tourna en louchant vers le miroir installé pour coiffer ses poupées, et, en tremblant un peu comme pour une bêtise, elle répéta trois fois : « VARONTRON, VARONTRON, VARONTRON »
Elle sentit dans sa main de l’électricité et lâcha brusquement et cartable et crayons….
En entendant du bruit, maman vint aux nouvelles, mais PICOU n’osait pas avouer pourquoi elle avait laissé tomber sur le sol les objets…
« Ils sont tombés pendant que je rangeais. Je ramasse, dit-elle »
Et puis, elle se glissa sous la petite couette, la lumière baissa et commença la fête.
Le petit crayon gris qui se cassait sans cesse, la faisant chaque jour accuser de paresse, se dressa sous ses yeux un peu éberlués, dansa comme un ballet sur le coin de la table avant de s’approcher de son blanc oreiller, pour lui murmurer d’une voix aimable : » Demain je serai sage, on va bien travailler. »………Il retourna ensuite rejoindre ses copains pour chanter avec eux un très curieux refrain :
Varontron, varontron, varontron,
Nous sommes les crayons
Varontrou, varontrou, varontrou
Les crayons de PICOU.
Le crayon vert , se leva et se mit à dessiner des brins d’herbe.
La chambre aussitôt devint un champ où pâtres et pastourelles défilaient en chantant pendant que des moutons dormaient près des buissons.
Varontron, varontron, varontron
Dit le crayon marron
Mes œufs en chocolat
Sont très bons ! sont très bons !
Le champ soudain changea : il devint lieu de quête, où des enfants en fête cherchaient deci delà, dans chacun des recoins, ici tout près, très loin, de rondes friandises.
Le crayon violet, bien sûr toujours discret, se cacha pour semer de minuscules taches dans la haie…Et , de tous côtés, on vit surgir des fleurs très colorées, pendant que le plafond couvert de crayon bleu devint un ciel joyeux.
La trousse tout à coup, déversa des objets en folie. La colle que le compas avait percé, dégageait un parfum enivrant, pendant qu’elle formait une mer en coulant. Son tube aussitôt vogua au milieu des courants, son mât-compas dressé, sa voile de papier par tous les vents gonflés. Du scotch, les deux rouleaux se transformèrent en pédalo, cependant que bientôt on entendit les refrains de marins embarqués pour des pays lointains. Les ciseaux, à leur tour entrèrent dans la danse et jeunes valseurs groupés en ribambelles surgirent de leur lame et emplirent la plage de musique et de joie.
Soudain, la gomme survint, grande, fière, altière, et arracha d’un coup le décor éphèmère.
Le noir alors revint, égayé seulement par le chant des marins apporté par le vent.
Quand revint la lumière, au bout d’un long moment, on vit une sorcière debout sur un banc. Elle était enchaînée par des lianes enroulées….mais on voyait cependant à qui elle ressemblait. Mille petits lutins autour d’elle assemblés allumaient un grand feu. Ils dansaient à qui mieux-mieux au son d’une musique extrêmement bizarre.
Le premier se détacha et cria : « TU ES EN RETARD !» Il saisit un bâton, menaça la sorcière.
Le second s’avança et frappa son derrière……. Deux gros coussins en churent. Tous s’approchèrent et vinrent lui faire des reproches….

…Mais voilà que soudain, tous ensemble ils s’arrêtent : ils ont vu dans le coin, de dos la silhouette d’un monsieur qu’ils connaissent…et craignent sa colère.
« Monsieur le Directeur ! chuchotent les lutins…et l’on voit arriver, marchant à reculons, l’homme qui fait trembler tous les petits mutins.
D’un coup, il se retourne…IL A UN GROS NEZ ROUGE ! ! ! son costume, noir au dos, devant est arlequin et il ne gronde pas : il prend un air malin.
Il donne aux enfants, pour la ronde, la main… puis il va arracher le masque de sorcière dont l’immense bouche évoque la soupière et dont le nez en bec a tant terrorisé.
Commence alors pour tous, une danse endiablée.
La maîtresse est bien là, ah ! mais si différente ! belle et souriante… on ne peut que l’aimer.
Elle arbore un sourire qui réchauffe le cœur et les petits lutins s’asseyent de bon cœur
On va compter, dit –elle, maintenant jusqu’à vingt et après, vous verrez, ce sera le matin. »
Tous se mettent à compter….Au moment où PICOU relevant la tête du coussin, déclare d’un ton ferme après s’être étirée : « Aujourd’hui, c’est bien sûr, je vais bien travailler ! » 

Cling, la petite cloche

9 mars 2011

CLING était une petite cloche qui aimait bien qu’on la caresse : ça lui faisait battre le cœur, et alors, il fallait l’entendre chanter : « cling ! cling ! cling ! cling ! »…Le matin, pour réveiller les enfants, à midi, pour le déjeuner, à quatre heures pour le goûter, à huit heures pour le coucher.
Mais voilà qu’un matin, c’était un jeudi noir d’octobre, CLING n’a plus vu sa maîtresse venir la caresser comme d’habitude et elle a attendu vainement sa venue toute la journée. Elle avait disparu….Elle fut soudain très triste et se mit à pleurer, et ses larmes, en tombant, faisaient : clong ! clong ! clong !…Il n’y avait pas de bruit dans la maison : sa maîtresse avait DEMENAGE A
LA CLOCHE DE BOIS.
Alors, CLING a décidé d’aller à la recherche d’un emploi. Elle a marché sans bruit, en retenant son cœur. La porte était ouverte.Comme elle arrivait dans le jardin, elle entendit pester, c’était le jardinier : « Mais où est donc passée cette cloche de malheur ?» Alors, CLING sentit son cœur bondir de joie et elle accourut : cling ! cling ! cling ! cling ! ….Le jardinier la regarda : « Ce n’est pas de toi que j’ai besoin, je cherche ma CLOCHE A SALADE »…La petite cloche en fut tout attristée…clong ! clong ! clong ! clong ! ….Mais elle était courageuse, la petite CLING, le chômage, elle le refusait, elle n’était pas décidée à FINIR A
LA CLOCHE.Elle cherchait un emploi,être repoussée par le jardinier,c’était vraiment TROP CLOCHE….Elle continua donc sa recherche.En passant dans la rue, elle vit deux dames qui parlaient. CLING ne comprenait rien à leur histoire, mais, soudain, elle entendit, et cela la fit bondir de joie : « J’aimerais entendre UN AUTRE SON DE CLOCHE» CLING arriva en chantant à tue-cœur…juste au moment où la deuxième disait : » Je vais FAIRE SONNER
LA GROSSE CLOCHE »…Alors, CLING comprit que l’emploi n’était pas encore pour elle…clong ! clong ! clong ! clong ! …Mais CLING n’allait pas se désespérer longtemps, elle continua à chercher : elle trouverait bien quelqu’un pour l’employer…
En passant devant la boutique de vêtements pour enfants, une petite fille trépignait : « Je veux une JUPE CLOCHE ! » CLING ne savait pas ce qu’était une jupe, mais puisque la petite voulait une cloche, elle serait là ! elle serait à son service, et, quand elle la caresserait, son cœur battrait de joie : cling ! cling ! cling !
CLING entra, roula aux pieds de la petite fille et entonna son plus beau chant de joie : clingg ! clingg ! clingg ! clingg !…Hélas ! LA petite capricieuse ne comprit pas et la posa sur une étagère…. « Je veux une JUPE CLOCHE » répètait-elle. CLING comprit…clong ! clong ! clong !
Comment faire, quand on est cloche pour descendre d’une étagère et continuer à chercher ?
Heureusement, la vendeuse l’aperçut et se dit : « Quelqu’un a dû l’oublier…je vais la placer devant la porte… on reviendra la chercher » CLING aussitôt roula sans bruit en retenant les battements de son cœur et repartit chercher du travail…
Justement, au moment où elle sortait, un monsieur tout rouge et gesticulant se trouvait sur le trottoir : « Je vais leur SONNER LES CLOCHES ! vocifèrait-il »… CLING n’était pas très rassurée : le monsieur avait l’air très en colère, mais elle s’approcha tout de même avec un peu d’espoir, mais, sans la voir, le monsieur lui donna un grand coup de pied. Elle eut très mal, la petite cloche, et elle pleura longuement : clongggg ! clonggg ! clonggg ! clongg ! clong !…Mais elle était courageuse, elle repartit en quête d’un travail.C’était plus difficile : le monsieur lui avait fait mal à la jambe : elle avançait A CLOCHE-PIED !
Au bout d’un moment, elle arriva devant un restaurant. Justement, à ce moment-là, un groupe de personnes arrivait. Elles étaient très excitées, très joyeuses. CLING tendit l’oreille : auraient besoin d’elles ?…Ce qu’elle entendit lui glaça le sang : « ON VA SE TAPER
LA CLOCHE ! » Cling se fit toute petite pour pleurer : clong… !
Pendant ce temps, elle attrapait au vol des bribes de conversations : « C’est CLOCHE tout de même !…il y a QUELQUE CHOSE QUI CLOCHE….Chaque fois, elle arrivait : cling ! cling ! cling ! cling !….On la regardait sans comprendre : QUI N’ENTEND QU’UNE CLOCHE N’ENTEND QU’UN SON !
Elle chercha longtemps, notre petite cloche…Elle entra même à l’A.N.P.E….Là l’employé consulta ses registres : « Voyons ! cafetier…cireur…classement…CLOCHE ! oui ! on cherche des CLOCHES chez les plongeurs »
CLING n’hésita pas et prit le train pour se rendre à la mer…mais les plongeurs souhaitaient UNE CLOCHE DE PLONGEE….un caisson quoi !
Alors, la déprime survint. CLING pleurait toute la journée. CLONGGGG !CLONGGGG ! CLONGGG ! CLONGGG ! CLONGGG ! CLONGGG !
…..UN musicien passa par là, l’entendit, cela lui apporta une idée géniale : il composa une opérette qui eut beaucoup de succès :LES CLOCHES DE CORNEVILLE….CLING devint son égérie, sa muse, son inspiratrice. Il la couvrait de cadeaux : des bijoux, des colliers, des perles…il lui offrait tout ce qu’elle voulait, et elle, qui était gentille, partageait avec tout le monde, mais elle le faisait en secret…
C’est pourquoi, parfois, au printemps, après le passage de CLING, on trouve des friandises dans le jardin 

Les vêtements et moi (3)

8 mars 2011

Une histoire vraie de mon enfance…



LA ROBE DE
LA MARIE

Le Gene était inquiet  ce soir du 15 mai, voilà-t-y pas que
la Marie était
revenue de la foire avec une belle robe neuve,une robe noire avec des perles. Il comprenait pas, le Gene, ce qui lui avait pris.
Toute leur vie, ils avaient économisé sou à sou ,et
la Marie était pas en reste en matière d’économie. Y en avait même qui racontaient qu’ils étaient un peu avares…
Alors, aujourd’hui ! ! ? ! Elle avait pas besoin d’une robe des dimanches :la sienne avait pas dix ans et elle était encore belle, elle l’avait bien soignée.
« OH ! BEN ! MARIE ! mais qué que t’â pré ? Te n’ayâ pas besoin ! »
(mais qu’est-ce qui t’a pris ? Tu n’en avais pas besoin)
La Marie avait baissé la tête,…et puis, dans la complicité de leurs quarante ans de vie commune, elle lui a avoué : « Côte, Gene ,Te siâ plus bien jouenne,te peurrè ben meuri yon di que tou jô. Alors me fallait ben na roba nére ! »
(Ecoute, Eugène, tu n’es plus bien jeune, tu pourrais bien mourir un de ces jours. Alors, il me faut bien une robe noire) Le Gene avait pas pensé à ça ! Alors c’était pour lui faire honneur qu’elle avait fait cette folie ! Il en avait la larme à l’œil !

Ce soir-là, y avait des tavants*. Les bauilles** avaient la gingue***.
La Jaille était chasseure****. le Gene les a détachées,elles ont sauté sur
la Parise.
La Marie a bien essayé de les éviter,mais elle était plus bien jeune non plus, et les bêtes l’ont piétinée.
En regardant
la Marie étendue sur le lit pendant la prière des morts,le Gene était bien fier qu’elle parte avec la plus belle robe de sa vie

* taons **génisses ***ruaient, sautaient, étaient très énervées
****
la Jaille était en chaleur 

Les vêtements et moi (2)

8 mars 2011

LE BLEU

Tout désorienté, JOSEPH, en débarquant à la caserne.
De partout des soldats qui vont, viennent, vaquent à leurs occupations. Des anciens, déjà, ont essayé de lui faire effectuer des corvées….Il doit aller au magasin (magasin? à Autrans il savait où se trouvent les magasins, mais là…??) pour recevoir sa tenue….mais où peut bien être cet endroit ? Il a beau regarder de toutes parts, il ne voit aucune enseigne. Enfin, il réussit à découvrir ce lieu où il échangera pour dix-huit mois sa situation de civil contre celle de militaire.
On lui fait essayer des vêtements…mais il a vite compris qu’il vaut mieux éviter de prétendre que c’est trop large ou trop étroit !Son camarade, avant lui ,a déjà reçu dans la figure un autre uniforme en échange de celui qui était trop juste…
A l’instant où il sort, un énorme sac sur le dos, il aperçoit JULES, son ami du village voisin avec lequel ils ont fait de bonnes bringues. Son visage s’illumine, enfin, il sera moins seul, moins abandonné !
« JULES ! Ah ça me fait plaisir de te voir ! « 
L’autre se tourne sur le côté, lui montre deux mauvais morceaux de laine rouge qui forment une flèche.
«Mettez-vous à six pas et saluez-moi ! «  

C’est ainsi que JOSEPH a compris que si l’habit ne fait pas le moine, l’uniforme tue l’amitié 

Et je suis bien d’accord avec lui: avez-vous rencontré en uniforme de policier votre voisin si sympa en civil?                          

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