Les institutrices

16 mars 2011

LES INSTITUTRICES intrigantes ou innocentes proies ? 

Quand j’étais à l’Ecole Normale, on recommandait aux normaliennes de se méfier dans leurs premiers postes : 

Bien souvent ce premier poste se trouvait dans un village de montagne retiré dont les habitants pauvres pouvaient considérer que la profession de « mari de l’institutrice » était une bonne situation. 

On les mettait en garde contre le risque de transformer leur solitude morale et physique (parfois les villages étaient coupés du monde plusieurs semaines ) en une mésalliance à vie_ car, dans la morale professionnelle qui nous était enseignée, il était recommandé de garder ses distances par rapport au peuple et de veiller à ne fréquenter QUE les intellectuels, et… une institutrice « fille-mère » était aussitôt liquidée…le divorce était fortement désapprouvé. 

Ce catéchisme laïc, comme tous les catéchismes me sortait par les yeux : une belle hypocrisie ! Comment osait-on demander aux enfants du peuple que nous étions de  RENIER LEURS ORIGINES ? 

J’avais dans l’oreille un autre son de cloche, celui de la populace : 

L’institutrice, c’est d’abord une étrangère au pays, qui vient pour en bouleverser les habitudes. Certaines pour se faire accepter ne reculent devant rien ! Quel garçon du pays pourrait le mieux m’aider à être acceptée ? Le fils du maire, par exemple…Il est beau, gentil, présente bien… Fiancé ? la belle affaire ! Fiancé ne veut pas dire marié !!on verra bien laquelle l’emportera de celle qui arrive avec
la CULTURE ou de la bouseuse qui lui était destinée… On s’arrange pour le compromettre … ET PUIS ON LE FAIT CHANTER c’est cela qui peut se passer, on a connu ça : elles vous mettent le revolver sur la tempe…D’ailleurs, on se demande bien quelles relations elles ont avec leur inspecteur… Un monsieur qui s’invite chez elles à dîner !!! ah ! elles peuvent être bien notées !!! 

Qui croire ? 

Je ne sais toujours pas ! Mais j’ai payé très cher le fait de ne pas renoncer à mon attachement à la vache de Villard de Lans que les puissants du moment vouaient à l’éradication….et ma proximité avec les paysans. 

Quand plantavou lâ salade (quand je plantais les salades)

16 mars 2011

Quand plantavou lâ salade   

Quoqua fé ne prenian pa                 quelque fois, elles ne prenais pas

Lou garçons n’en font de méme       les garçons en font autant

Fan l’amou se mariont pas               font l’amour ne se marient pas

 

On racontait aux veillées les histoires de ces jeunes qui avaient affiché des bans pour le même jour avec deux filles différentes pour pousser le futur beau-père à gonfler la dot…

La plus riche gagnait le marché…    L’amour là dedans…..!!!!

Tôcha mè la man copare Piâre

16 mars 2011

Tôcha mè la man copare Piâre      serre moi la main compère Pierre

Tôcha mè la man copare Jean

Ta mère é din la vigne que se pigne      est dans la vigne qui se coiffe(?)

Ton père é din lou prâ que tua de rats     les prés qui tue des rats

 

chansonnette pour amuser les bébés

Notre gaillarde

16 mars 2011

Notra Gaillarde beurla son posson (bis) (notre vache appelle[demande?] son veau

Beurla son posson notra Gaillarde

Beurla son posson qu’é lav au fond          … qui est là bas au fond [de l'étable? du pré?]

 

Les vaches faisaient presque partie de la famille et c’est toujours le coeur gros qu’on vendait au maquignon celle qui était trop vieille pour travailler ou qui restait stérile…

Lou Vachorins

16 mars 2011

Les « Vachorins » étaient les habitants de Valchevrière, village rasé par les Allemands.

Le texte en français est de moi!

 

REFRAIN
Tous lou VACHORINS ma mère
Tous lou VACHORINS van bien

Van comma le vin* ma mère                        * le vent

Van comma le vin lou VACHORINS


On chante dans les chaumières
On se grise dans la cave aux vins

On danse on rit on espère
On n’a pas besoin de musiciens

Ont battu le grain sur l’aire
Ont pétri le pain lou VACHORINS

Ils ont vu les militaires
Ils ont cru que c’était des gens bien

Ont rencontré
la BAVIERE
Et ont appris qui sont les PRUSSIENS

Le feu a laissé les pierres
A brûlé le toit des VACHORINS

Ils ont trainé leur misère
Sont partis bien loin lou VACHORINS

Le bois envahit les terres
Paraît que les touristes viennent bien

Chaque année on fait prière
Pour le souvenir des VACHORINS

Car en EUROPE on est frères
Sont européens lou VACHORINS
MAIS OUI ! ! ! 

Le souvenir de ce ravage peuplait nos veillées…

Filles de Lans

16 mars 2011

« Filla de vé Lan
Pe le vôdes*, pe le vôdes
Filla de vé Lan
Pe le vôdes les éran**
Les eran dansâ
Pe le vôdes, pe le vôdes
Les éran dansâ
Pe le vôdes de vé Lan »

*vogues =fêtes votives
**nous irons

Mais où sont les vogues d’antan?
Bien que je regrette que le choix de la date ait été l’anniversaire de …La ST BARTHELEMY….

Ben oui! cette religion qui prône l’amour des autres, choisit sans complexes pour les fêtes votives la commémoration des massacres qu’elle a perpétrés (ou qui ont été perpétrés en son nom)

Le rigaudon

16 mars 2011

« Le printemps qui charme la bergère 

Le printemps ne dure pas longtemps 

 

Tire à rire à rire, il vaut mieux en rire 

Frères venez donc                              ) bis 

Danser le rigaudon                            

 

Fraîches fleurs seront bientôt fanées 

Fraîches fleurs vont perdre leurs couleurs 

 

Nous passons rapides comme un rêve 

Nous passons ainsi que nos chansons 

 

Cette chanson, c’est madame Martin, institutrice à l’école des Hérauts qui nous l’a apprise. Elle s’attachait à joindre les chansons à l’étude géographique… Rigaudon pour l’Isère, Ma Normandie, montagnes Pyrénées… Grâce à elle, j’ai découvert qu’il existait des chansons profanes. Qu’elle en soit remerciée ! 

Oh ! bien sûr ! il arrivait à un ou l’autre des hommes de la maison de chanter à la grande désapprobation des femmes « 
la Madelon » voire, et cela m’a toujours posé question , par mon grand-père que j’ai toujours cru « politiquement de droite », le premier couplet de l’internationale …(ce n’est que longtemps après sa mort que j’ai imaginé, sachant qu’il était en Serbie pendant la guerre de 14 , qu’il avait peut-être côtoyé les soldats russes … Encore que… Il se vantait d’avoir planté le tilleul de la ferme un dimanche de 1936 pendant que les femmes étaient à la messe… 

Il y avait aussi ces chansons en patois qui ressortaient de temps en temps pour faire sauter les petits sur les genoux, mais elles ne rentraient pas pour moi dans un répertoire important. La radio, elle, n’était ouverte que pour les informations et pour suivre les démêlés de « la famille Duraton » 

Les caresses

15 mars 2011

  

Aux fleurs, je préfère les caresses 

Ces gestes de maîtresse : 

Très doux câlinous 

Petits bisous, ou 

Suçons dans le cou. 

Les mains  

Aux longs doigts fins 

Qui errent et se glissent 

Suscitent les délices, 

Incitent aux caprices, 

Menacent de supplice. 

Les cheveux qui frôlent 

En léger balayage 

Les lèvres dévoreuses 

Les  langues sulfureuses… 

Falotton

15 mars 2011

 

 

FALOTTON

FALOTTON s’ennuyait tout au creux de l’enfer : toujours ajouter du charbon, toujours retourner les âmes, entendre leurs cris, ce n’était pas très amusant. Lorsqu’il allait se plaindre au grand maître SATAN, celui-ci ricanait : on n’est pas en enfer pour prendre du plaisir !…Au bout de longues de plaintes et de récriminations, FALOTTON comprit que, pour obtenir satisfaction, il lui faudrait ruser.
« Grand maître, merci de m’avoir placé à la cuisson, j’en éprouve un merveilleux plaisir : ce parfum de rôti, mmmmmmmm ! cette douce chaleur (on se croit sous les cocotiers) et ces chants !! quelle joie de les entendre ! » se mit-il à répéter plusieurs fois par nuit.
Le grand SATAN en fut bientôt marri et lui intima l’ordre d’aller sur terre conquérir des âmes. FALOTTON se réjouit tout d’abord, puis il se posa la question cruciale : de quoi serait-il capable ?
Inciter à la luxure ? Il n’était pas assez bien membré !…Inciter à l’avarice ? Cela le rebutait. Soudain, il eut une idée géniale : avec tous ces humains qui se croient issus de la cuisse de JUPITER, il lui serait facile d’inciter à l’orgueil.
Aussitôt, il vint près de GRENOBLE. Il y avait là un duc qu’il serait aisé de faire basculer, son esprit étant prédisposé vers un orgueil démesuré.
FALOTTON prit la forme d’un architecte et vint lui présenter les plans du plus beau des palais .Le duc aussitôt se sentit croître des ailes : il lui fallait ce palais !…..
La construction dura longtemps…à la moitié des travaux, le duc avait déjà dépensé tout son argent…avant complet achèvement, plus personne ne voulait lui en prêter….il ne pouvait pourtant pas laisser son palais sans l’entourer d’un mur d’enceinte : tous les malandrins auraient tôt fait de le piller !
Il s’en ouvrit à son génial architecte qui fit semblant d’abord de ne pas le comprendre….après mille discussions, FALOTTON abaissa son masque : « Donnez votre âme à mon maitre, et votre mur, vous l’aurez gratis.
_Comment ! traître ! tu n’es donc qu’un valet ? Je ne traite jamais avec les valets ! Va me quérir ton maître ! »
Penaud, FALOTTON transmit à SATAN la requête…SATAN s’en vint donc un soir après minuit…
« Si tu peux, dit le duc, construire le mur du parc en moins de temps qu’il ne m’en faut pour le traverser, tu auras mon âme »
SATAN paria et manda pour ce faire une équipe de démons….La lune était cachée, le travail commença. LESDIGUIERES monta son cheval préféré : celui que le chapelain avait un jour béni. Il retint tout d’abord sa monture, qui, sur son injonction, boitait bas et respirait bien mal…Les démons, ce voyant, prirent tout leur temps : un immense éclat de rire résonna dans le pays…Tout à coup, sur un coup d’éperons, le cheval s’élança…les démons firent vite, très vite… le mur se refermait à peine quand le cheval sauta.
FALOTTON constatant son risque d’infortune tenta de retenir la bête un instant…mais le cheval béni lui donna en sautant une telle ruade qu’il fut projeté au flanc de la montagne. Seuls restèrent enfermés dans le mur quelques crins du destrier.
FALOTTON fut puni et transformé en pierre…et les hommes oubliant qui il avait été ne le dénomment plus que « la pierre percée »…(C’est une des merveilles du DAUPHINE »)

Référence bibliographique : « les sept merveilles du DAUPHINE » par M. Paul BARRET
Anciens établissements LEGENDRE , LYON 1925 

Credo du touriste

15 mars 2011

J’ai de l’argent, j’ai payé 

Je me fous des rochers 

Je tague mon empreinte 

Et la falaise…peinte ! 

Mes bouteilles vidées 

Dans les galets laissées 

Mes papiers, mes sacs 

Qu’ils partent au ressac. 

J’ai de l’argent, je peux payer 

Il me faut habiter 

Dans ce site sacré 

Sur ce haut promontoire 

Que Nature a créé 

Pour souligner ma gloire 

Mes sbires zélés 

Sauront raser 

La dune centenaire  

Pour bientôt accueillir 

Des milliers de plagiaires 

Après que m’esbaudir 

Dans les recoins secrets 

Mes condoms souillés 

Ne vais point, discret  

Dans poubelle jeter. 

Animaux dans la lande 

Je veux m’en approcher 

Et que nul ne prétende 

Qu’il ne faut pas déranger 

Pour que chacun me voit 

Je fais pétarader 

Que voulez-vous, pour moi 

Gêner c’est exister. 

Ah ! mais pour circuler 

Foin des petits sentiers 

Ces arbres rasez-les ! 

Ces blocs arrachés ! 

Faon nouveau-né ? 

Jouet pour mon terrier. 

Et quand j’ai bien souillé 

La terre de rejets polluants 

Je me lance au ciel 

Dans orgueilleux élan 

Pour ravir au soleil 

Un peu de sa clarté 

Que viennent protester 

Bouseux vachers 

Ou ploucs bergers 

Je suis là pour régner  

Admirez ma prestance 

Vous dites pestilence 

Au mur les critiqueurs 

Puisque moi je suis bien 

Puisque c’est mon bonheur ! 

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