Archive pour mai 2024

Tatouage

Lundi 27 mai 2024

 

(inspiré par « Presquevoix » Canalblog 25mai 2024)

Jusqu’où peut aller se nicher

Le fameux besoin d’innover

Pour diffuser la culture

Par moyens de toute nature,

Sur des supports surprenants

Afin de ne perdre aucun instant…

………….

Au farfelu d’autrefois

On déclarait « tu es piqué »

Mais par le temps qui court, ma foi,

Certains ont ce projet alambiqué

De faire par mille et une piqûres

Apparaître sur leur corps fringants

Des tableaux, des fioritures,

Des slogans, des noms aimants…

C’est une mode masochiste

De se faire tatouer de partout

Pour le plaisir égoïste

D’attirer l’éclair des yeux doux…

………..

Je présume que le cours de math

Doit être hautement musical

Strip-tease ce doit être bath

Pas un cours de fac banal!

 

 

Mariage reporté

Dimanche 26 mai 2024

Nice : après un cortège agité sur la route et un retard à la mairie, le mariage d’un couple reporté

Article de Le Parisien
Mariage?
Attention danger
Ont réussi à le démontrer!
Se mettre en cage
Quelle idée!
Faut être bien déboussolé.
Sur le capot
Assis sans attaches
Au risque de se faire catapulter
Grands chapeaux
Et robes qu’on gâche
Freud y perdrait son autorité
Accélérations
Brutales
Et feux rouges grillés
Exagérations
Anormales
Folles excentricités
Et en retard
Devant le Maire
Qui en a marre
Des idioties bistrotières
Les costards
Devenus misère
Bien trop tard
Pour célébrer
Votre tour est passé!

Radotage: Le trésor de la grotte (histoire pour petits)

Dimanche 26 mai 2024

 Quinzaine du conte

Prom’nons-nous dans les bois pendant que le loup n’y est pas. 

Romane chante très fort, elle n’a pas peur : il n’y a plus de loups dans la région depuis longtemps. Elle voit un petit lapin en train de grignoter une écorce. Tu viens jouer avec moi petit lapin ? 

Petit lapin veut bien ! 

« Le premier qui arrive à la grotte noire qu’on voit là-bas a gagné ! » 

Petit lapin file comme le vent. Il se retourne, Romane est encore très loin…. Alors, il prend le temps de creuser une petite cachette. Il s’enfonce…Il attend…  

Romane arrive. Elle ne voit plus son copain. Elle regarde partout, elle ne voit rien. Elle se sent seule tout d’un coup !Autour d’elle il n’y a que des grands arbres, et elle a oublié de regarder où elle passait en voulant suivre petit lapin. Si seulement elle avait été aussi astucieuse que le Petit Poucet ! Mais non !  

« Lapin ! où es-tu ? J’ai peur ! reviens ! » 

Elle commence à pleurer un peu quand frrrrttt ! petit lapin bondit de sa cachette . Il voulait faire une farce à Romane, il ne voulait pas lui faire peur !. 

Romane le voit, elle est toute rassurée, elle lui dit que c’est pas rigolo de faire peur aux petites filles, qu’elle a eu très peur , que son cœur battait trop fort…. 

Mais en parlant la coquine s’approche doucement de la grotte…. 

Petit lapin est tout penaud d’avoir fait si peur à sa copine, il ne s’aperçoit pas qu’elle s’approche de la grotte et qu’elle va gagner… 

Romane se met à courir pour franchir les derniers mètres….  

C’est à ce moment que petit lapin comprend ce que Romane est en train de faire….Il bondit et touche le rocher de l’entrée au moment même où Romane crie : « gagné ! » 

  

  

« Vois-tu, dit petit lapin ,il y a là au fond de la grotte un immense trésor.  

_Il est pour moi ? demande Romane 

_Si tu réussis à le prendre sans éveiller les sorcières « tête en bas » il sera à toi. 

_Comment faut-il faire ? tu le sais, toi ? 

__Bien sûr ! je connais tous les secrets de la forêt. Il faut avancer à quatre pattes sans faire de bruit. 

_Mais c’est tout noir ! comment je pourrai trouver le trésor ? 

_Il faut chercher à tâtons : avec tes mains, tu cherches un peu partout….. mais je suis sûr que tu n’es pas cap d’y aller. 

_JE SUIS FORTE ! JE N’AI PAS PEUR ! » 

Et voilà Romane qui se met à quatre pattes et qui progresse lentement. Elle aperçoit des ombres accrochées au plafond. Tout à coup frrt !frrt !frrt !frrt !frrt ! Elles se détachent et se mettent à voler dans tous les sens. 

Romane se relève et sort en hurlant de peur. 

Petit lapin, caché dans un creux d’arbre se tord de rire. Mais quand il voit que Romane pleure très fort, il s’approche et ,du bout de son oreille, il essuie les larmes de sa copine. 

« Calme-toi lui dit-il, ces animaux sont des chauves-souris. Elles sont très peureuses et tu les as dérangées dans leur sommeil. Je voulais juste te faire une petite farce, je ne pensais pas que tu aurais si peur ! 

_mais, le trésor ? demande Romane 

_Le trésor, dit petit lapin tu l’as trouvé : c’est ton courage pour oser t’aventurer dans une grotte toute noire. »

Radotage Le Toine (quinzaine du conte)

Samedi 25 mai 2024

LE TOINE

L’avait six ans, le TOINE, quand le siècle a pris fin
Il gardait les moutons là-haut , dans la montagne,
Debout avant le jour, car le pain, ça se gagne
Et couché à la nuit dans un sommeil sans rêves,
L’a travaillé, le TOINE, sans arrêt et sans trêve.
A la vogue de LANS buvait bien son canon
Et il roulait parfois derrière les cuchons
Une fille bien douce avec des gros nichons.
L’était content, le TOINE, il était déjà grand
L’était pas bien causant…Pensait qu’après son temps,
Il reviendrait marier la bien jolie ROSINE
Qu’était encore trop jeune pour lui faire sa cuisine.
Un jour, il est parti, il n’avait que vingt ans
Une fleur au fusil et à la bouche un chant
Pour flanquer la râclée à tous les ALLEMANDS,
Pour rendre à la patrie ses provinces amputées
Que son maître à l’école coloriait en grisé.
L’était un bon soldat, le TOINE, avec NIVELLE,
Il a vu un beau jour sa jambe, en javelle,
Fauchée par un obus qu’on n’avait jamais vu…
On l’a soigné, le TOINE, l’était pas tout foutu. :
Avec une béquille, la jambe comme bois,
Il a pu revenir habiter près des bois.
La ROSINE était là, au jour de l’armistice,
Elle l’a regardé, a vu son sacrifice,
« POUR TRAVAILLER, dit-elle, IL FAUT QUELQU’UN D’ENTIER »
Il a voulu, le TOINE , s’acharner à montrer
Que malgré sa béquille Il pouvait travailler.
Il s’est levé, le TOINE, chaque jour à l’aurore,
Et il ne se couchait que quand la lune dort.
Il le fauchait, le foin, le fanait, le rentrait,
Enjavelait, liait, clochait*, rentrait, battait,
Comme si un beau jour, sur le CHEMIN DES DAMES
Il n’avait rien perdu, mais vous voyez le drame :
Car pour être admiré quand on vient de la guerre,
Il faut être un héros que l’on a mis en terre….
L’a bien pleuré, le TOINE, le jour où
la ROSINE
A épousé BERTRAND du fond de la ravine…
S’est calé un moment contre le mur de grange,
A bu un bon canon, a oublié qu’on mange,
Caressé
la PARISE,
la CHALAISE,
la CHARMANTE
Trait la chèvre, mis son veau sous
la FROMENTE.
Les malins du pays lui ont porté un saule…
Il a bu avec eux un bon litron de gnôle…
Et il a travaillé, le TOINE , travaillé,
Le dos un peu courbé, la jambe tiraillée.
Les années ont passé sans qu’il ait ralenti
Comme si besognant, il n’avait rien senti.
Les BOCHES ont reparu sur la scène des armes.
Il a rien dit, le TOINE, il a caché ses larmes.
Son destin de labeur, un ! deux ! clopin-clopant,
Il a continué en serrant bien les dents.
Il a vu les enfants sur le pont fusillés
Il a su les bébés sur les portes clouées
Il a appris les femmes par les chiens dévorées
Il a connu le feu, sur son foin allumé.
Mais il est courageux, le TOINE, vous pensez !
Ca fait plus de vingt ans qu’il travaille éclopé
Les malheurs du pays, les horreurs de la guerre
Et
la France vaincue patrie de la misère,
Ne sont rien comparés à la noire gangrène
Qui envahit l’esprit : ce n’est pas de la haine,
Non ! c’est solitude, dont les barreaux étroits
Etendent la prison, prison que nul ne voit.
A la reconstruction, mettre les bouchées doubles,
Il lui a bien fallu…Et en avant la couble* !
Du travail le matin et du travail le soir
Du travail chaque jour, ça tue le désespoir !
Y avait bien quelques fois quelque bartivelle*
Qui disait que des sous, il avait à la pelle.
Il disait rien, le TOINE, le TOINE,il travaillait.
Son pas était plus court, alors, il clopinait.
Comprenait pas, le TOINE, lui qui maniait la daille,
Les tracteurs, les lieuses, et la mode des jailles…        (vache pîes)
On lui a dit un jour où il perdait courage :
« Vous pourriez arrêter, faire place, à votre âge
A un jeune qui doit nourrir une famille.
Vos sous, vous les placez de peur qu’on ne les pille….
Voyons, que disions-nous ? Ah ! oui ! le FASASA*
A soixante-dix ans on peut bien avoir ça ! »
Il s’est planté, le TOINE , et il a regardé
Les parcs de barbelés, talus jamais fauchés.
Il s’est tu, le TOINE, il était pas causant…
Quelquefois, le matin, quand il était vaillant,
Il décrochait sa daille* et fauchait un moment….
Et puis il a vieilli, il a pris son parti
Des haies tellement larges qu’elles sont des taillis…
Et puis on a parlé, il a bien entendu
Que l’on parle partout de quotats, de surplus,
Il a vu son voisin qui jetait ,SACRILEGE,
Du lait à ses cochons,Quel était ce manège ?
On lui a annoncé depuis l’année dernière
Que ses champs sont choisis pour porter la jachère
Il s’est couché, le TOINE, sans un mot, tristement,
Il a traîné des mois ressassant, remâchant
Et puis un jour de juin, dans le soleil levant,
Il s’est dressé, le TOINE, comme un jeune fervent
Il a sorti sa faux enchaplée* de longtemps
Et puis s’est avancé, clopinant, clopinant,
Est entré dans le champ bien subrepticement
A donné un bon coup, un autre, et un troisième
A FAUCHE UN ENDAIN D’UNE LONGUEUR SUPREME
S’est penché doucement pour caresser le foin :
Le trèfle, l’éparsé, la fenasse : LE FOIN ! !
S’est couché brusquement sur le bord de l’endain
Et a lâché son âme
POUR NE PAS VOIR DEMAIN

*enchaplée=battue *daille=faux *FASASA= indemnité de départ
*bartivelle= pipelette *couble= plusieurs paires de vaches attelées
*clochait=dressait les gerbes pour les faire sécher

Dans la troupe, y a pas de jambes de bois

Samedi 25 mai 2024

( inspiré par « Entre nous » Canalblog 22 décembre 2020)

Comme c’est charmant

De voir ressurgir les vieux refrains

Dans les décombres des ans

On les croyait bien éteints…

Mais il suffit de presque rien

Pour qu’ils résonnent en nous…

Quand la fatigue survient

Comme au temps des jeunes genoux

Pour retrouver de l’entrain

Surgissent comme au garde à vous

Les airs de parade militaire

Les chants au rythme entrainant

Pour essayer de faire

Comme dans les jours d’antan…

Hélas! Les nouilles de naguère

Sont prêtes à se recroqueviller

Et ce ne sont pas les mots de guerre

Qui peuvent les réveiller.

 

 

radotage: Le loup du Drien (c’est la quinzaine du conte)

Samedi 25 mai 2024

Mercredi 23 février 2011

LE LOUP DU DRIEN

Si vous vous promenez dans la commune de LANS EN VERCORS, vos pas vous porteront peut-être, en parcourant «
LA GRAND’MECHE » jusqu’au hameau des HERAUX (non, ne prononcez pas les HHHERÔ avec une hache inspirée comme les snobs ignorants : jamais personne ici n’a annoncé de bonne nouvelle, ni joué de trompe, ni gagné de grande victoire… ne dites pas non plus les ZEROS comme les rien du tout….il en est qui ont très bien appris à lire et à compter dans l’école du hameau !……iI faut dire qu’autrefois, le pays subissait la domination d’un seigneur tellement violent et injuste que, dès qu’il passait par cet endroit, il n’hésitait pas à fouetter pour le plaisir le pauvre paysan qui pouvait se trouver à portée de sa cravache…par dérision, les autres habitants de la vallée les appelaient donc « les heureux »…lous hérous en patois
La faute d’orthographe d’un géographe a transcrit « lous hérous » en LES HERAU..TS…ou DS , et ceci est confirmé par le fait qu’un autre hameau du pays, situé entre des collines escarpées que le cheval du seigneur refusait de gravir, s’appelle « LES MEILLOUX » c’est à dire en patois : les meilleurs !
Donc, si vous arrivez près de cette petite école, en remontant tout droit en direction de la montagne, vous pourrez arriver à un endroit que l’on appelle
LA MICOLETTA.
Là, il y a une centaine d’années, vivait un drôle nommé ADRIEN, mais que chacun, dans le pays appelait « LE DRIEN DE
LA MICOLETTA ». Son habitation était une petite masure : une seule pièce d’habitation, dans laquelle la porte du placard s’abattait pour former une table au moment du repas, (la paillasse pour dormir redressée dans le coin pendant la journée prenant toute la place la nuit) une étable juste assez grande pour deux vaches et une chèvre, une grange…LE DRIEN était un brave homme, un peu naïf, un peu « jean » comme on disait parce qu’il faisait tout lentement et parce que, n’ayant pas beaucoup d’ouvrage et ne sachant pas lire…la radio n’étant pas près d’exister…il trompait le temps en buvant des canons à chaque occasion…
Un matin d’automne, voilà notre DRIEN qui lie ses deux vaches…AH ! NON ! PAS DES JAILLES ! !(pas des vaches pies)…DES BONNES VILLARD DE LANS FORTES ET GENEREUSES !…il n’en avait que deux : une vieille et décatie et une jeune à peine dressée…mais on lie ce qu’on a !…et le voilà parti à monter lentement car le vin de la veille avait été copieux et que la pente est rude pour monter AUX ALLIERES et puis le chemin est encombré de rochers qu’il faut contourner…Un pas après l’autre, comme les montagnards, après les clapisses du SEYARE, il arrive au tournant du chemin surplombé par un rocher…il marchait lentement, la tête baissée, quand, d’un coup
LA PARISE (c’était la plus jeune de ses vaches ) fait un bond de côté.
« ALLONS, BON ! PARISE ! Qué que t’â »…Il la pique avec l’aiguillon, il crie, jure vitupère, rien à faire :
LA PARISE , au lieu de marcher droit,
LA PARISE recule et la vieille PILOUNE qui a toujours obéi recule aussi….
« AH ! BEN ! nous voilà beaux ! OH ! OH ! OH ! »…Il passe sur la gauche, les vaches se retournent et prennent la descente…il court, se place devant elles, leur tape sur le nez, tire d’un côté, de l’autre, crie » à revireu » »…PAS MOYEN DE LES FAIRE REMONTER.
Tout à coup, en bataillant pour les faire retourner, il lève les yeux, et là !…Ah ! mes amis !… Il voit UN ENORME LOUP NOIR QUI CLIGNAIT DES YEUX ET QUI LUI SOURIAIT.
Il n’avait rien , LE DRIEN, que son aiguillon, et contre un loup, un aiguillon, c’est bien peu ! ….Sans plus penser à tracasser les bêtes, voilà que la descente tout d’un coup lui fait fête….Si bien que
LA PARISE même, malgré sa jeunesse a bien du mal à le suivre….
En arrivant en bas, pâle et couvert de sueur, il rencontre LE MILE, son voisin qui montait justement abattre un arbre.
« Ah ! mais qué que t’â DRIEN ? T’auriâs pas veu le diâble ?
–Le diable, non, mais y a un loup sur le replat !
–In leu ! y a au moins cent ans que n’a pleu ! …attins »
LE MILE va chercher sa « drétâ », la hache à large lame qu’il utilisait pour tailler les poutres, LE DRIEN attache ses vaches à l’anneau scellé dans le mur de la cour, prend sa « martelle » qui forme masse d’un côté et fend le bois de l’autre . Ils montent sans bruit jusqu’au rocher repaire….mais là….pas plus de loup que de fraises en hiver !…Ils cherchent que te cherchent ….ne voient pas de loup, pas de trou, pas de trace du tout.
« Oh ! mais , DRIEN, t’auriâ pas deujeu in pô beu ? » demande LE MILE qui hausse les épaules….Il avait bien failli le croire ! Puis , continuant à grimper il se rend au bois sans se soucier plus…
LE DRIEN redescend vers ses vaches encore toutes fumantes de la course et de peur. Il leur frotte le dos avec de la paille, leur donne à boire un seau d’eau fraîche, leur donne une poignée de sel, ajuste la martelle sur le gros joug de frêne, prend l’aiguillon glissé entre les « joucles » et reprend la montée en regardant bien partout….car après tout, un loup, même parti, un loup, ça reste un loup !

Avant de s’avancer un peu près du rocher, il regarde deux fois : LE LOUP EST ENCORE LA !
En deux temps, trois mouvements, la martelle est déliée…LE DRIEN se retourne, la hache haut levée…le loup a disparu.
Alors notre DRIEN qui sait ce qu’on va dire monte jusqu’à la roche, regarde bien partout.
PAS DE LOUP, PAS DE TROU, PAS DE TRACE DU TOUT !
Pour un jour, c’en est trop ! Il redescend chez lui, met ses vaches « à la bade » et se prend UNE CUITE…qui l’endort au soleil juste devant la porte….Ce que LE MILE , en passant, constate en riant !..LE DRIEN ET SON LOUP ! ON EN RIRA LONGTEMPS !
Il en parle partout : au JOSEPH, au MARIUS
« Ah ! dis donc MARIUS, LE DRIEN, c’est bien ton beau-frère, tu devrais le surveiller ! Il voit des loups partout !…Il en avait soi-disant vu un sur les replats…Tu parles ! Il est ivre-mort devant sa porte à dix heures du matin ! Des loups de tonneau, oui ! Des loups de cave. »
Et le soir, quand les voisins se retrouvaient pour jouer aux cartes, tout le monde riait aux éclats : « Ah ! Ah ! LE DRIEN ! Il voit des loups de tonneau ! Il voit des loups de cave !… »
….OUI !…mais le lendemain, quand LE MILE est allé aux champignons, il est passé près du rocher….Machinalement, il a regardé…IL Y AVAIT UN ENORME LOUP NOIR QUI CLIGNAIT DES YEUX ET QUI LUI SOURIAIT ! ! ! ! !
Là, c’était différent, il ne buvait jamais trop….Il redescend en appelant :
« Eh ! DRIEN ! Ton loup, je l’ai vu ! MARIUS ! JOSEPH ! ! JULES ! ! ! Venez vite ! Le loup existe bien ! »
Chacun prend ce qui lui tombe sous la main pour aller chasser le loup : une pique, une pioche, une fourche, une faux….et les voilà qui montent le long du chemin…
Au tournant du chemin surplombé par le rocher, ils regardent :RIEN ! Ils fouillent partout :
PAS DE LOUP, PAS DE TROU, PAS DE TRACE DU TOUT !…

Et pendant tout l’automne, tous ceux qui montaient sans arme le long du chemin voyaient UN ENORME LOUP NOIR QUI CLIGNAIT DES YEUX ET QUI SOURIAIT. Ce loup, ce devait être le diable…alors ils en parlèrent au curé…

« Mes frères, dit le curé, au cours de son sermon du dimanche, il semble que le MALIN se manifeste sur un rocher…Dimanche prochain, nous irons en procession bénir le rocher, ainsi le diable sera chassé »

Et le dimanche suivant de psaumes en litanies voilà tous les paroissiens, leur berger en tête qui se rendent au pied du rocher…De loup, pas du tout! après l’aspersion, le curé fit un sermon stigmatisant tous ces pécheurs qui fournissaient une invitation au démon par leurs  excès, leur luxure et exhorta tout le monde à une vie sanctifiée…

Mais le lendemain, le premier qui monta auprès du rocher, vit UN ENORME LOUP NOIR QUI CLIGNAIT DES YEUX ET QUI SOURIAIT…. »Monsieur le curé! Monsieur le curé! le loup est toujours là ». Il fallait entendre le prêtre tonitruer le dimanche suivant contre toutes ses ouailles disciples de Satan! Il décrèta 9 jours de prières : trois fois par jour, la cloche tintait et tous devaient s’agenouiller aussitôt, qui au bord du lit de sa M…, qui sur le tas de fumier, qui dans le fossé etc… Mais le dixième jour, le loup était toujours là!

Alors, dans le canton, on fit sonner le glas aux cloches, on décréta 40 jours de carême: défense de boire du vin, défense de manger de la viande et, chaque jour, trois fois, la cloche sonnait l’appel à la prière….Mais le quarante et unième jour, le premier qui monta le long du chemin vit UN ENORME LOUP NOIR QUI CLIGNAIT DES YEUX ET QUI SOURIAIT!!!!

Alors le curé prit ses responsabilités: il envoya une missive au grand inquisiteur dans laquelle il racontait toute l’histoire.

Le grand inquisiteur éclata de rire: »Ces gens de la montagne, ils n’y connaissent rien! Ils ont vu une bête noire et l’ont prise pour le diable! Je vais leur envoyer quelques soldats, cela suffira »

Les soldats sont venus, ils ont tué 20 loups gris au fond des Loubières, 40 chiens noirs que leurs maîtres avaient laissé sortir, 140 renards (mais ça seulement parce que les dames deviennent très douces quand on leur en offre un) puis, ne trouvant plus rien à tuer, ils repartirent…

Et le lendemain, le premier qui monta auprès du rocher vit UN ENORME LOUP NOIR QUI CLIGNAIT DES YEUX ET QUI SOURIAIT!!!!

Alors le grand inquisiteur s’inquiéta: »Il doit y avoir un sorcier ou une sorcière dans le pays.

Justement, il y avait dans le pays une fille très belle, très douce avec tout le monde et qui attisait la jalousie des commères…qui aussitôt la désignèrent. Elle fut arrêtée, questionnée, on lui arracha les ongles, les cheveux, les dents, on lui coupa même la langue… à un moment, perdant connaissance, sa tête fléchit… »Vous voyez! elle a avoué! »

On dressa un bûcher et on fit brûler son corps….

Mais le lendemain, le premier qui monta au pied du rocher vit encore le loup. Alors chacun suspecta son voisin: »c’est toi! je t’ai vu » _Non c’est toi  _c’est lui _c’est elle!… »

C’est alors que quelqu’ un suggéra: »puisque c’es le Drien qui l’a vu en premier, ce doit être lui, le sorcier! Y a qu’à le pendre à un frêne et le faire brûler!_ Pas possible! il est ivre du matin au soir! Il faut l’esprit clair pour faire venir le diable »

Entendant cela, le Drien se calfeutra au fond de sa cave…les tonneaux étaient là, c’était le plus important!

Et cela dura jusqu’au jour de la St Jean, ce jour-là, les jeunes avaient l’habitude de faire une bourde (un grand feu) et de chanter et danser autour du brasier…Mais ils ne voulurent pas installer le bûcher sur le lieu où la belle avait été brûlée… Ils le firent sur le rocher du loup. La fête battit son plein, certaines mauvaises langues prétendirent que bien des ventres s’arrondirent ensuite, mais, depuis, on ne parla plus du loup.

Cependant, si vous venez un jour près de l’école des Héraux, si vous montez sur le chemin de la micoletta, lentement car ça monte et il y a des rochers en travers, si à ce moment-là, vous n’éprouvez de haine envers personne et de l’amitié pour tous, vous verrez là-haut UN ENORME LOUP NOIR QUI CLIGNERA DES YEUX ET QUI VOUS SOURIRA

radotage Le sapin orgueilleux (quinzaine du conte)

Vendredi 24 mai 2024

 

Il y a bien longtemps, au temps où les montagnes et les plantes parlaient, le CORNAFION et
la MOUCHEROLLE flirtaient beaucoup. 

On pouvait voir le CORNAFION caresser doucement du bout de ses doigts le cou de la   MOUCHEROLLE, entourer ses épaules de son bras. Tous deux s’étaient pris d’affection pour la végétation qui croissait dans la vallée à leurs pieds. Mais, parmi tous les arbres, ils avaient un préféré : c’était un petit sapin mignon tout vert et brillant qui tendait vers le ciel une longue flèche… 

Ils n’en finissaient pas, le CORNAFION et
la MOUCHEROLLE de l’admirer, de lui faire compliment sur sa beauté, sur sa vigueur…si bien que, peu à peu, le sapin qui se développait beaucoup mieux que les autres (il était placé tout près de FONT-FROIDE, la source qui l’abreuvait et bien à l’abri des vents qui auraient pu le déranger.) conçut un orgueil démesuré. 

« Je suis le plus beau des petits sapins ! » 

Ne te vante pas disait le Cornafion 

_Laisse-le dire ! il est petit répondait
la Moucherolle. 

« Je suis le plus fort de tous » (et il donnait des coups de branches aux voisins 

_C’est mal de battre les autres  grondait Le Cornafion 

_Laisse-le jouer protestait
La Moucherolle 

« C’est moi qui grandis le plus vite ! » 

_ Tu devrais grandir en sagesse et arrêter de rouler des mécaniques, disait Le Cornafion 

_Il faut bien que jeunesse se passe répondait
La Moucherolle. 

« Je suis le plus vert de toute la forêt ! » 

Le CORNAFION ne cessait pas de lui dire d’éviter de se vanter, mais,
la MOUCHEROLLE lui trouvait toujours des excuses. Quand le CORNAFION fronçait les sourcils,
la MOUCHEROLLE, plus indulgente haussait les épaules…il s’ensuivait de petits éboulements sans conséquences. Un jour, cependant, le sapin réussit à atteindre une hauteur colossale : en se haussant sur la pointe de ses racines, il voyait par-dessus la tête du CORNAFION.Son orgueil n’en fut que plus immodéré. 

« Je suis plus grand que tous les êtres de la montagne ! Je suis bien plus grand et plus beau que la montagne elle-même ! Et, en plus, je suis du plus beau vert ! Ne regardez pas ce sévère CORNAFION qui fronce toujours les sourcils, regardez-moi ! Je suis vraiment le plus beau ! » 

Alors, le CORNAFION se mit en colère.
La MOUCHEROLLE essayait bien de le calmer, mais à chaque remarque de l’orgueilleux sapin il tremblait de fureur…et des rochers roulaient au bas des pentes….Un jour où les remarques avaient été encore plus cruelles que d’habitude, le CORNAFION  entra dans une fureur terrible.
La MOUCHEROLLE  lui dit : « Ne te mets pas en colère comme ça ! Tu vas faire une crise cardiaque ! 

_Tu prends sa défense alors qu’il se moque de moi ! » hurla le CORNAFION en retirant brutalement son bras qui entourait le cou de
la MOUCHEROLLE. Cela fit un énorme fracas dans la montagne, des rochers roulèrent jusqu’aux VIERES. Le COL VERT était né. 

Au début de l’hiver, le vent se mit à souffler : il était libre, maintenant, le vent, plus rien ne l’arrêtait, il pouvait se glisser dans le COL VERT. 

Le sapin, si sûr de sa force et de sa beauté ne se méfiait pas…Il prenait même un malin plaisir à ne s’agripper nulle part. 

« Ca me rafraîchit ! Ca me berce ! Je n’ai pas peur de toi, le vent ! » 

Si bien qu’une rafale un peu plus violente que les autres le coucha brutalement dans un fracas épouvantable…En tombant, sa tête heurta le bras droit du CORNAFION qui s’abaissa à son tour…C’est ainsi que naquit LE COL DE L’ARC. 

Et depuis ce temps, jamais le CORNAFION n’a procuré un quelconque abri au moindre sapin : qu’ils se débrouillent tout seuls pour résister au vent ! Il ne parle plus jamais à
la MOUCHEROLLE ils ont tous deux durci leur cœur qui est devenu aussi dur que du béton ou de la pierre. …et jamais plus ils n’ont admiré un arbre quelconque !

Chipotage de coquelets

Vendredi 24 mai 2024

Après le combat des gosses

Tout le monde a découvert

Que de plaies ni de bosses

A part se regarder de travers

Y avait que des fariboles

Des vétilles d’élèves moyens

Qui régurgitaient leur bol

De préceptes déjà anciens.

Connaissaient leur catéchisme

Mais aucun ne pouvait convaincre

D’adhérer à son propres schisme

Mettre l’autre au sol et le vaincre.

A se couper la parole

Comme dans les repaires de voyous

Pas de quoi gagner l’obole

D’un billet de jeune piou-piou.

 

Radotage: L’estropié énigmatique (quinzaine du conte)

Vendredi 24 mai 2024

                   L’ESTROPIE ENIGMATIQUE 

  

« Sauve-toi en vitesse ! vilain fruit de roture ! » dit le DUC en colère au laid estropié qui avait osé, se glissant vers son trône, solliciter la  main de sa fille ainée. 

« Va-t-en ! Va-t-en te dis-je ! Avant que mes valets ne te pendent à un arbre ou te jettent à mes chiens ! 

En traînant avec grande souffrance une jambe raidie par on ne sait quel mal, le drôle s’en alla au travers du pays. 

« Va-t-en et plus vite que ça ! dit le marchand cossu, ma fille épousera un riche négociant et ne compte jamais sur  elle lever l’œil, ou mon fouet frappera sur ta vile carcasse. » 

Et le pauvre s’en fut.  

« File ! et en vitesse ! au-delà de ma vue ! » dit le gros paysan qui déliait ses vaches. Ma fille épousera un homme qui en soit un ! avec des bras, des jambes, qui sache travailler. File ou mes mâtins goûteront à tes fesses. » 

« Va-t-en, dit le maçon, file, dit l’ouvrier… nos filles sont trop belles pour un estropié. 

  

Par tout le pays, le roi a proclamé un édit  obligeant chacun à s’incliner à son tour à ses pieds. 

Le DUC d’abord arrive, coiffé d’un grand plumet,suivi de serviteurs aux livrées brodées d’or. Le marchand le suit au bout d’un grand moment, sur son ventre rebondi, brille une montre sertie de rubis. Le paysan s’avance, endimanché, le maçon, l’ouvrier… 

« LE ROI ! » crie un huissier. 

Un fauteuil glisse et on aperçoit un visage connu de tous ces personnages. 

Le DUC, en pâlissant, met un genou en terre. 

« Tu seras, dit le roi, promu au haut rang dignitaire de porcher des soues royales et ta fille aura, en parti qu’elle mérite, le fainéant qui boit chaque jour ses dix litres ». 

Le marchand s’agenouille. 

« Qu’il soit, décrète le monarque, élevé à la dignité de videur de tinettes au château de ma mère. Sa fille épousera le soudard irascible qui en garde l’entrée ». 

Le paysan plie son dos jusqu’à terre. 

« Qu’il soit, décide le souverain, mis en épouvantail au milieu du jardin. Sa fille épousera le benêt qui boitille ». 

Le maçon à son tour rampe devant le roi. 

« Attaché à distraire le gorille royal qui vraiment trop s’ennuie !…et livrez-lui sa fille ! » 

L’ouvrier a compris en voyant le visage que l’estropié d’hier était roi aujourd’hui.  

« Mes filles sont à vous, grand monarque, autant qu’il vous plaira » 

« Ton courage t’honore déclare alors le roi. Tu auras l’insigne privilège de servir de pâtée à mes cochons fidèles. Tes filles en esclaves au despote voisin livrées, j’aurai de vos insultes ainsi pu me venger ».. 

Et débouclant soudain la jambière de cuir qui raidissait sa jambe comme morceau de bois, il tendit sa main gantée de dorures vers la noble putain qui l’avait respecté, lui avait, sans rechigner, prodigué son amour et l’invita à danser. 

 

Autre écho, chanté

Vous connaissez la chanson traditionnelle:

Trois jeunes tambours s’en revenaient de guerre (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan.
S’en revenaient de guerre !

Le plus jeune a – dans sa bouche une rose (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan.
Dans sa bouche une rose !

La fille du roi était à sa fenêtre (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Etait à sa fenêtre !

Joli tambour, donnez-moi votre rose (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Donnez-moi votre rose !

Fille du roi, donnez-moi votre cœur (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Donnez-moi votre coeur !

Joli tambour, demandez à mon père (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Demandez à mon père !

Sire le roi, donnez-moi votre fille (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Donnez-moi votre fille !

Joli tambour, tu n’es pas assez riche (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Tu n’es pas assez riche !

J’ai trois vaisseaux dessus la mer jolie (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Dessus la mer jolie !

L’un chargé d’or, l’autre de pierreries (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
L’autre de pierreries !

Et le troisième pour promener ma mie (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Pour promener ma mie !

Joli tambour, dis-moi quel est ton père (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Dis-moi quel est ton père !

Sire le roi, c’est le roi d’Angleterre (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
C’est le roi d’Angleterre !

Et ma mère est la reine de Hongrie (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
La reine de Hongrie !

Joli tambour, tu auras donc ma fille (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Tu auras donc ma fille !

Sire le roi, je vous en remercie (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Je vous en remercie !

Dans mon pays y en a de plus jolies (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan
Y en a de plus jolies !

Brave marin revient de guerre…

Jeudi 23 mai 2024

Au temps du certificat d’études,

une chanson obligatoire

Brave marin revient de guerre, tout doux
Tout mal chaussé, tout mal vêtu
Brave marin, d’où reviens-tu, tout doux
Madame, je reviens de guerre, tout doux
Qu’on apporte ici du vin blanc
Que le marin boive en passant, tout doux
Brave marin se met à boire, tout doux
Se met à boire et à chanter
Et la belle hôtesse à pleurer, tout doux
Ah qu’avez-vous donc, la belle hôtesse, tout doux
Regrettez-vous votre vin blanc
Que le marin boit en passant, tout doux
C’est pas mon vin que je regrette, tout doux
Mais c’est la mort de mon mari
Monsieur vous ressemblez à lui, tout doux
Ah dites-moi, la belle hôtesse, tout doux
Vous aviez de lui trois enfants
Et j’en vois quatre à présent, tout doux
On m’a écrit de ses nouvelles, tout doux
Qu’il était mort et enterré
Et je me suis remariée, tout doux
Brave marin vida son verre, tout doux
Sans dire un mot, tout en pleurant
S’en retourna son bâtiment, tout doux
Par ces temps de guerre qui flottent dans les esprits…
Est-ce le genre de moyen dont rêve notre Président pour remobiliser le pays????
Je suggèrerais volontiers un autre air qui commence par « Ca ira »!
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