Radotage: pour remonter dans les légendes…

L’origine de la guerre de Troie

Vendredi 8 avril 2011

  

Toute l’Olympe était en émoi 

On s’agitait de partout à la fois 

Les dieux, les demi-dieux et même les humains  

Etaient invités pour le festin. 

Car Erato s’était si bien évertuée 

Que les vers que Thétis recevait de Pélée 

L’avaient enflammée. 

Clio, la muse de l’histoire 

Avait ouvert le grand livre doré 

Pour conserver dans les mémoires 

Le souvenir de l’hyménée. 

Cérès avait déposé une gerbe de blé 

Aux pieds des jeunes mariés.  

Calliope, muse de l’éloquence 

Avait inspiré au président de séance 

Ses plus belles envolées,  

Afin que son discours 

Enflamme les cœurs de la cour. 

Leto, même un instant, 

Dans la foule cachée, 

Avait osé arrêter  

Sa fuite devant le serpent ; 

Et son fils Appolon 

Faisait darder sur l’assemblée 

Les plus chauds de ses rayons. 

Minerve avait inspiré 

Aux millions d’artistes 

Dont elle tenait la liste 

Les peintures les plus recommandées 

Pour former le décor souhaité. 

  

  

Jupiter siégeait à la place d’honneur. 

A sa droite, on avait placé 

En signe de respect et peut-être de peur 

L’aveugle destin. 

Les Corybanthes couraient 

Gambadaient, s’agitaient, 

Frappant sur des boucliers d’airain, 

Comme les enfants turbulents 

Qu’elles étaient en tous temps. 

Des acteurs, inspirés par Thalie 

Avaient, dans la soirée, joué la comédie. 

Grâce au feu de Vulcain 

On avait déjà rôti 

30 000 bœufs venant de l’Erythie 

De ces bœufs que Géryon avait contre son gré 

  Cédé au preux Hercule venu pour les chercher. 

10 000 descendants du sanglier d’Erimanthe 

Avaient aussi, en hurlant, donné leur chair succulente. 

Bacchus, depuis le matin 

Avait déjà versé 

Sans jamais mesurer 

Dans des coupes d’étain 

Son nectar sacré. 

Mercure prit sa flûte et se mit à jouer  

Une marche nuptiale plus jamais égalée. 

Euterpe et son orchestre lui prirent le relais 

Pour enchanter les cœurs et jouer un ballet. 

Terpsichore inspira aux millions d’invités 

Les danses les plus esthétiques, 

Même les plus osées 

Les plus acrobatiques. 

Echauffées par les sons  

Et les divins breuvages, 

Les Bacchanales entrèrent en action 

Ce fut le remue-ménage. 

On croyait voir partout  

Le généreux Priape 

Prêt à combler les trous  

En divine soupape. 

Toute l’assemblée haletait 

S’agitait et miaulait 

Dans des ébats féroces et cependant très doux. 

Dans la confusion des mains et des genoux 

Des jambes et des bras, des pertuis agacés, 

Des phallus érigés, des langues affairées 

Nul ne se souciait de ce que faisait l’autre 

L’Orgie n’avait jamais eu de si bons apôtres. 

C’est alors qu’elle surgit. 

Elle, La Discorde, fille de la Nuit,  

Le visage livide et les yeux pleins d’éclairs. 

Ses cheveux étaient de serpents hérissés 

Et sous ses haillons brillait le fer 

D’un poignard à la lame acérée. 

AH ! On l’avait chassée 

Ah ! On l’avait oubliée 

Ah ! Elle n’était pas invitée ! ! ! 

Alors, les dés étaient jetés ! 

Fille des Parques et de la Mort 

Elle allait jeter un sort. 

N’était-elle pas la mère 

De famine et de misère ?

la Bataille de ses yeux de colère 

Ne naissait-elle point ? 

Le Mensonge et le Meurtre ses deux benjamins 

Sauraient bien livrer pour l’affront de céans 

Les plus horribles tourments…. 

Son visage livide  

Contempla un moment 

L’orgie qui sévissait…au plus crucial instant 

Et d’un geste rapide 

Elle lança 

Au milieu des ébats 

L’une des pommes d’or que le géant 

Le géant Atlas au jardin de famille 

Avait sans vergogne dérobées à ses filles 

Pour permettre à Hercule d’accomplir son travail. 

Sur la pomme Aie ! Aie ! Aie ! 

Etait l’inscription : « A la plus belle ! » 

La fête prit alors une tournure nouvelle. 

Toutes les invitées la voulurent pour elles. 

« Cette pomme est à moi, déclara 

D’un ton ferme la déesse Héra 

L’épouse de Jupiter 

Premier Dieu de l’univers 

Est nul ne peut en douter 

La plus belle déité. 

Ah ! non! dit Athéna 

 Fille de Jupiter 

Dussions-nous croiser le fer ! 

Si, beau est le pouvoir, 

Bien plus beaux sont le savoir 

La science et la sagesse ! ! ! 

Si la vraie beauté on doit récompenser 

Qu’à moi elle échoit en vitesse : 

Veuillez me la lancer ! 

Foin de vos jérémiades 

Dit Vénus à son tour 

La beauté fait battre la chamade 

La beauté, c’est l’amour ! 

La plus belle c’est sûr 

Est celle qui enflamme 

Qui abat tous les murs 

Qui, des hommes prend l’âme ! 

  Convenons toutes trois de qui nous départage 

Confions à Pâris cet heureux avantage 

Pâris, le beau Pâris, hésita un moment 

 Il contempla les belles…enfin, se décidant, 

Entre les deux genoux de la douce Vénus 

Il vint déposer 

La pomme convoitée. 

Jugez dans quel courroux 

Entrèrent les déesses évincées 

  C’est ainsi que Troie fut à la guerre livrée 

Mais ne faut-il pas voir dans ce conte sacré 

La preuve que l’amour 

Au-delà des puissances 

Des rois et de la cour 

L’amour doit triompher?   

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