Radotage/ à propos de ministre

Le chat noir de la bonne

Il y avait autrefois, au hameau des VIERES un vieux paysan. Il était célibataire, malade, alors, il avait embauché, pour lui faire son ménage et le soigner, une petite bonne bien accorte… mais à l’âge du maître !….et malade comme il l’était…. ! Le pauvre paysan sentait sa mort venir, mais il ne pouvait pas trépasser : pensez !Qui aurait pris soin de son chat ? Un chat noir !…Chacun sait qu’abandonner un chat noir porte malheur ! ; ;….et….à l’heure de mourir…. Qui peut savoir ce que cela pourrait coûter ! ?Un soir qu’il pâtissait un peu plus que de coutume, il se rendit compte que sa vie pourrait bien prendre fin sans délais…Il saisit la main de la jeune bonne, originaire, je crois de GRESSE EN VERCORS et lui demanda de lui promettre solennellement de s’occuper de son chat s’il venait à mourir…La bonne aussitôt de se récrier : « Si cela peut vous rassurer, bien sûr que je le garderai !…Mais vous n’êtes pas près de mourir ! Vous êtes bâti pour être centenaire. Ce soir, vous vous sentez mal, mais demain tout ira mieux. ! »  …enfin, tout ce que l’on dit aux mourants.Pourtant, le lendemain, le patron était mort.La bonne, bien que jeune,se chargea des démarches afin que son patron reçût des funérailles décentes…Puis, aussitôt après l’enterrement, elle se mit en route (à pied, bien entendu ! en ce temps-là on n’avait pas d’automobiles). Il faisait une chaleur torride ce jour-là. Un soleil de plomb dardait ses rayons comme les jours d’orage…Le chat ? Pas de problème ! Le chat la suivait aussi docilement qu’un petit chien.En arrivant aux COCHETTES, elle se retourna ; « Tiens ! C’est bizarre, se dit-elle, on le dirait plus gros ! Oh ! avec les émotions de ces derniers jours, ce soleil, la fatigue…je me fais des idées ! »…Et elle continua à grimper. En arrivant aux PLATRES, elle s’arrêta un moment…Le chat était toujours là…mais aussi gros qu’un petit chien…Pourtant, il ne paraissait pas inquiétant : il venait se frotter à ses jambes, ronronnait sous les caresses. Oh ! pensa-t-elle, la marche me fait gonfler les mains, lui, cela lui fait gonfler le corps…Un peu inquiète, tout de même, elle pressa le pas…Au refuge de ROYBON, le chat avait encore grossi. Elle essaya bien de le chasser, car cela devenait angoissant, mais elle avait beau lui jeter des cailloux, le chat s’éloignait un peu, puis revenait la caresser….Au bas de la pente du COL VERT, elle le voyait aussi gros qu’une panthère noire…Bien qu’il vînt se frotter à ses jambes, la terreur l’étreignit. Elle gravit le raidillon plus vite que la fusée ARIANE….Elle se retourna au col  IL AVAIT PERDU TOUS SES POILS !Ses yeux jaunes brillaient comme des feux !De surprise, elle en tomba à la renverse. D’un bond, l’animal fut sur elle, en un instant, elle fut griffée, mordue, ses vêtements furent lacérés…Je passe sur les traitements qu’elle dut subir….et l’animal disparut.Avec beaucoup de peine, elle se traîna jusque chez ses parents, ne sachant ce qui lui était le plus cruel : la douleur ou la honte….Heureusement, la nuit tombait et peu de maisons se trouvaient sur son passage.Dans sa famille, elle fut soignée pendant de longues semaines…et c’est alors que l’on découvrit que sa ceinture prenait de l’ampleur….Mais, en ce temps là, que faire ? On n’allait pas en ANGLETERRE, et…madame VEIL n’avait pas encore été ministre….et puis, les curés trouvaient très bien que la fille fautive (?)  fût punie !…bien obligée d’aller à terme !…Enfin, pas tout à fait !…Huit mois plus tard, elle mit au monde une espèce d’avorton au visage de chat, aux yeux jaunes, qui braillait toute la journée, qui lui mordait les seins jusqu’au sang pour la téter, qui la griffait comme un fauve….mais….on ne pouvait tout de même pas lui tordre le cou ! !En grandissant, ce fut un de ces enfants terribles : ceux qui coupent les oreilles des chats, qui enfilent les ciseaux dans le derrière du chien, qui assomment les lapins à coups de cailloux, qui mettent le feu dans le foin du voisin…..et PARESSEUX !  BON A RIE N !Pas question de lui faire garder les vaches ! Dès qu’elles le voyaient, elles s’enfuyaient à l’autre bout de la vallée ! Pas question de lui faire faner un andain : avec la fourche, il éborgnait une chèvre, ni faucher : d’un coup de faux, il avait éventré un agneau, ni même sortir le fumier :il écrasait le tombereau, ou bien, la caisse se vidait comme par maléfice au milieu de la cour…un vrai cataclysme ! ! !A l’école, il faisait pis que pendre : le compas dans la cuisse de sa voisine, l’encrier sur la tête du copain…la glu sur le fauteuil du maître qui avait été obligé d’appeler le MAIRE pour découper le vêtement sur place….Le fauteuil, d’ailleurs, est toujours dans le grenier de l’école avec ses morceaux de tissu…. Pourtant, ce vaurien réussissait toujours à avoir de bonnes notes….pas grâce à son application, ni à son assiduité…MAIS ? ? ?…Que peut-on faire quand on n’est bon à rien ?…Quand on n’est bon à rien dans une ferme, on va faire des études !Au lycée de GRENOBLE, on se souvient encore de son passage : l’incendie du dortoir, c’était lui !  la poudre vomitive dans la marmite du cuisinier, c’était lui ! Les pieds de chaises sciés, les trous dans les estrades, la peinture ruisselant sur les livres de la bibliothèque….MAIS TOUJOURS DE BONNES NOTES !BACCALAUREAT MENTION TRES BIEN ! ! !Une banque ouvrait ses portes….On avait besoin de cadres compétents …il fut embauché… Au bout de quelques mois, on s’aperçut que l’argent disparaissait…On avait beau le surveiller, le fouiller, perquisitionner chez lui, rien ! On lui versa une grosse indemnité pour être débarrassé de ses services !Il travailla ensuite à
la POSTE…bien que trié correctement, le courrier s’égarait…Dans une usine où il travailla trois semaines, tout le monde se mit à se battre au lieu de travailler…QUE PEUT-ON FAIRE, QUAND ON N’EST BON A RIEN ?Que pouvait-il faire ?….C’est à ce moment-là qu’il a trouvé sa voie :IL SE MIT A FAIRE DE
LA POLITIQUE, CE FUT LE MEILLEUR PREMIER MINISTRE QUE LA FRANCE AIT CONNU ! ! !Voyez ce qu’on peut penser des autres !! 

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