La nouvelle crèche
Dans l’église de mon village natal,
Cette année-là, grand branle-bas,
D’où pouvait surgir le mal?
La vieille crèche n’y était pas.
Depuis moultes générations
Elle avait figuré la nativité
Avait déclenché dévotion
Des bigots et des mémés.
C’était pourtant samedi de l’avent
Elle aurait déjà du être vide
Avec le boeuf, l’âne dolent
Dans l’attente pour tous avide
Du bébé Dieu divin enfant.
Dans un coin, un tas de papier froissé
On ne sait quoi représentant
Des formes en papier rocher
Intriguait les pénitents.
Et ce jeune domestique
Placé en ferme par la Nation
Quelle pouvait être sa mystique
Que faisait-il de ces cartons?
Le lendemain, sortie de messe,
Chacun découvrit avec stupeur
Que le pauvre fils de pauvresse
Commis de ferme sans valeur
Avait construit de ses mains habiles
Une structure mécanisée
Qui s’animait de manière fébrile
Pour un village simuler.
Et dans un hameau isolé
Dans une lueur un peu faible
On distinguait une étable
Un boeuf un âne et une crèche.
Il suffisait d’une piécette
D’un cierge et d’allumer la mèche
Pour que les santons en goguette
Se mettent à chanter à tue-tête
« Venez divin Messie
Sauvez nos jours infortunés,
Venez source de Vie
Venez, venez, venez ! »
Boron, Apis et Têtue
Personne ne comprenait, en voyant Boron s’affairer : il prenait de la paille dans sa bouche et venait la poser dans une crèche vide.
Le travail n’avançait pas assez vite à son gré.
« Viens m’aider ! cria-t-il à la mule TETUE_
T’aider ? Quelle idée saugrenue ! la paille n’est point faite pour entasser dans une crèche, mais pour étaler sous les pieds. »
Et Tétue vint éparpiller au sol la provision de Boron.
Sans se décourager, Boron recommença le lendemain.
L’espiègle Tétue invita ses copines à venir jouer à « fétu qui vole » (vous savez, ce jeu qui consiste à faire voler le plus longtemps un fétu de paille en soufflant dessus).
De son œil morne, le bœuf désapprouvait ces jeux pas très sérieux.
Boron constata que tout était de nouveau éparpillé.
Tenace dans ses décisions, courageux dans l’action, il reprit son travail. Et de jour en jour, il formait un matelas, que Tétue chaque fois finissait par détruire.Un jour, c’était pour se déguiser, une autre fois, pour jouer au jonchet(vous savez ce jeu qu’on appelle maintenant « mikado »)
Le dernier jour enfin voyant que le manège avait bien trop duré, Apis le bœuf intervint.
Il aida l’âne dans son œuvre .A la mule Tétue, il déclara : tu ne mérites pas d’avoir un jour un enfant, tu abîmes la couche des nouveaux-nés.
Il se plaça menaçant devant la crèche, attendant patiemment la venue d’un bébé.
Ainsi, depuis plus de 2000 ans, le boeuf et l’âne sont honorés…Quant à… la mule étourdie, incapable de préparer un berceau , elle n’a plus jamais eu de bébé
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