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Archive pour janvier 2021

Radotage: Bannie!

Vendredi 8 janvier 2021

 

                Bannie 

 

Une femme avançait 

A l’écart du cortège 

Des larmes ruisselaient 

Le long de son visage 

Que des yeux d’un bleu pur 

Grands comme océans 

Ou comme ciels d’azur 

Distillaient lentement. 

Celui qu’on enterrait, 

Elle l’avait aimé 

Celui qui s’en allait, 

L’avait terrorisée… 

Tout ce temps ravagé 

Par l’incompréhension 

La bêtise enragée 

L’obscure tradition! 

Dans une société 

Où le père règnait 

Monarque incontesté 

(Les bœufs, il les dressait 

Avec son aiguillon, 

Une tape caresse 

Poignée de sel-bonbon. 

Fouet sur les fesses 

Et taloches souvent 

C’est ainsi qu’on dressait 

Aussi tous les enfants, 

Et aucun, même grand 

Ne devait, non jamais 

Formuler d’objection. 

Par une religion 

Etroite soutenu 

Il décidait de tout 

Pour tous, par le menu. 

Gare au téméraire 

Au réticent genou: 

Frappé par tonnerre! 

Balivernes!!!Majeur? 

Un enfant n’est majeur 

Qu’après la mort du père… 

Et l’avoir mis en terre!! 

Vous avez dit « union »? 

A lui la décision 

Si tu n’es pas d’accord, 

Saisis ton baluchon 

Regarde la maison 

C’est mon pied qui t’en sort! 

Et ne reviens jamais 

Et même en rampant 

Comme vil serpent 

Ce que pour moi tu es! 

Ainsi par sa fierté 

Son bon droit étriqué 

Cet homme avait gâché 

Ses plus belles années. 

Après derniers adieux 

La foule égaillée 

Elle avança un peu 

Encore tenaillée 

Par sentiments divers 

Amour, oui, mais rancœur 

Et même encore peur 

Sur le trou grand ouvert 

Elle se pencha d’un coup 

Et jeta la poignée 

De cailloux de la ferme 

Qu’elle avait emportée 

Avant que ne se ferme 

La porte du berceau 

Elle respira enfin 

Et entendit l’oiseau 

Chanter dans le sapin 

 

Cet article a été posté le Lundi 14 février 2011

Radotage: rupture de civilisation

Vendredi 8 janvier 2021

RUPTURE DE CIVILISATION 1 Inquiétude

L’était inquiète, l’Eugénie, sa grande fille qui ne sortait pas souvent, était toujours par monts et par vaux ces temps derniers… Jusqu’à présent, elle avait été tranquille, avec son infirmité, elle ne trouverait sûrement pas de mari, et elle pourrait compter sur elle pour ses vieux jours…

Ce n’était pas qu’elle n’était pas jolie, mais le sort s’était acharné sur elle.

Le médecin du village lui avait bien suggéré qu’il aurait fallu la faire vacciner, toute petite, mais son mari s’était formellement opposé à cette dépense inutile. C’est vrai que depuis qu’il était rentré du front, avec son nez reformé et son œil crevé, il n’était pas facile à vivre….Le bébé n’avait pas été vacciné, la poliomyélite l’avait terrassée.

Rien n’avait réussi : ni les messes demandées au curé pour sa guérison, ni les neuvaines, ni le pèlerinage à Lourdes. Après des mois d’incertitude, elle s’était sortie d’affaire, mais un de ses bras ne répondrait plus à ses demandes, et la jambe gauche resterait courte.

Quand le bon Dieu la lui avait donnée vingt ans après son aînée, elle avait su que c’était un cadeau pour la soutenir dans ses vieux jours. Même et surtout handicapée, elle resterait avec elle jusqu’à sa mort, elle l’avait toujours prévu

Toutes les années de sa prime jeunesse, elle était restée à la maison comme en se cachant. Pourtant, elle avait appris à bien se débrouiller avec un seul bras. Elle faisait bien la cuisine, et même, elle s’occupait des poules et des canards.

Tout avait commencé ce jour où elle avait été convoquée avec sa sœur chez le notaire… Depuis ce jour-là, l’Eugénie ne reconnaissait pas sa fille. D’abord, elle avait voulu apprendre à conduire _ « Mais ma pauvre fille, handicapée comme tu l’es, tu ne pourras jamais conduire une voiture ! »

Elle n’avait rien écouté, le moniteur venait la chercher à la maison et il la ramenait en fin d’après-midi … On lui avait rapporté qu’il avait transformé la voiture pour qu’elle puisse la conduire. Un jour, elle était rentrée avec une voiture toute neuve….

« Mais, enfin, ma fille, tu as du dépenser une fortune pour cet engin qui ne te servira  pas à grand-chose… Enfin ! Pour aller à la messe, on est ben toujours allées à pied »

Elle n’avait pas répondu… Pendant quelques temps, elle sortait un peu tous les jours avec son nouveau jouet….Elle ne devait pas aller loin : elle ne s’absentait pas longtemps… Petit à petit, elle s’était habituée à la voir partir … Elle avait bien essayé de savoir où elle pouvait aller, elle en parlait un peu avec les voisines quand elles venaient « véver **» mais il semblait qu’elle se contentait de faire un tour de voiture. Non ! La Lydie ne devenait pas une trainée…

Peu à peu, l’Eugénie s’était habituée à cette autonomie qu’elle ne pouvait pas empêcher : la Lydie avait vingt-six ans, aucun garçon n’avait demandé à la fréquenter, pas de raison de se mettre martel en tête….

Seulement, voilà ! Depuis quelques temps, les absences étaient plus longues, elle était même allée un jour jusqu’à Grenoble, et puis, chaque matin, elle attendait le facteur en cachette… Elle devait recevoir des lettres, mais pas moyen de mettre la main dessus pour savoir ce qu’elle tramait… L’Eugénie avait fouillé tous les recoins pour essayer de savoir, elle n’avait rien trouvé.

Avec ce sixième sens qu’ont les vieilles paysannes, elle sentait poindre un danger…

**papoter en tricotant l’après-midi

RUPTURE DE CIVILISATION 2 Amoureuse

La Lydie était sur un petit nuage : elle avait rencontré un bel homme qui avait su la regarder non comme une infirme, mais comme une femme. Elle ne voulait pas y croire tout d’abord, mais il avait multiplié les attentions, elle avait fini par accepter un rendez-vous… Bon ! Ce n’était pas le rêve charmant des gamines de quinze ans : il en avait quarante, et, ce que sa mère ne supporterait jamais d’apprendre, il était divorcé. Divorcé, ce gros mot qui vous faisait à l’époque rejeter de la société, rejeter de l’église, rejeter quoi ! Il n’était pourtant pas pour grand-chose si sa femme s’était entichée d’un beau parleur si convaincant qu’elle se prostituait maintenant sur le quai de ST Laurent.

La Lydie maudissait ces principes étriqués qui auraient du la maintenir loin de cet individu dangereux aux yeux de la société.

Il avait été honnête avec elle : dès le premier jour, il lui avait expliqué quelle était sa situation…. Elle s’en moquait puisqu’il s’intéressait à elle , que tous n’avaient regardée que comme une estropiée…De toute façon, sa mère lui avait bien répété qu’aucun homme ne voudrait l’épouser, alors, les histoires de robe blanche à l’église, elle en avait fait son deuil depuis longtemps, et tant pis pour les mauvaises langues, tant pis pour les menaces des curés et de leurs acolytes, il lui demandait de vivre avec lui, elle accepterait , même sans passer devant Monsieur le Maire !

Tous les jours, elle recevait un billet qui l’enflammait de la tête aux pieds. La Lydie était amoureuse.

RUPTURE DE CIVILISATION 3 : Le pot aux roses

C’était tout à fait par hasard que l’Eugénie avait remarqué cette petite boite dans le poulailler, derrière les nids. Elle avait tout de suite compris que c’était quelque chose d’important. Quelque chose que la Lydie voulait lui cacher. Elle sentit son cœur battre à cent à l’heure et c’est la main tremblante qu’elle ouvrit le coffret…

Des LETTRES ! Des billets doux, des roses séchées. Fébrilement, elle chercha  qui pouvait les avoir écrites… Nestor ? Elle ne connaissait pas de Nestor dans le pays… Une sourde angoisse commença à lui serrer la gorge. Si ce n’était pas un garçon du pays… Il fallait savoir !… Elle remit tout en place jusqu’à la prochaine escapade de la Lydie. Elle aurait le temps, alors d’éplucher le courrier et d’en savoir plus. Le temps s’écoula ce jour-là avec une lenteur désespérante… La Lydie, enfin, monta dans sa voiture, disparut au coin de la route. L’Eugénie alla donc chercher le petit coffret et se mit en demeure d’étudier de près cette correspondance dans laquelle elle sentait un danger imminent. Les premiers billets lui plurent par la douceur exprimée. Elle commençait à s’attendrir : un homme qui disait aimer son estropiée ! Puis une phrase lui sauta aux yeux : il parlait de sa femme….IL ETAIT MARIE ! Scandale ! Elle ne pouvait pas laisser passer ça ! Elle referma tout et attendit la Lydie de pied ferme. Un tel déshonneur ! Ce n’était pas possible ! Il fallait que cela cesse tout de suite… Oui, mais… Depuis qu’elle était majeure, depuis ce fichu rendez-vous qu’elle avait eu avec le notaire, elle ne l’écoutait guère, elle, pourtant, elle était *sa mère* et les enfants doivent toujours obéir aux parents. Elle n’arriverait jamais toute seule à faire cesser cette ignominie. Il lui fallait de l’aide…Tiens ! Ca va faire juste dix ans qu’on a enterré son père, la semaine prochaine… Si elle demandait au curé de célébrer une messe pour son âme, elle inviterait *toute la famille* et même le curé, après le service, et là… Elle lancerait la conversation sur le péché d’adultère, sur ces infâmes succubes qui détournent les maris de leurs devoirs. Et au retour…

RUPTURE DE CIVILISATION 4 :Le père Fayard

Le père Fayard était arrivé au village juste après la libération. C’était alors un jeune curé formé au séminaire à l’époque de l’Etat Français, par des ecclésiastiques prêts, dans l’obéissance à leur pape qui craignait moins les nazis que les communistes, à n’importe quelle complicité avec le dictateur fantoche du pays. Il avait dès son arrivée, marqué les esprits en chassant de l’église les femmes dont on aurait aperçu un bout de peau à la cheville ou une mèche de cheveux sous le foulard. La mère incapable de faire taire un bébé pendant la messe était vertement priée de sortir…

Il s’était installé dans le village encore secoué par les soubresauts de la résistance et avait aussitôt joué le rôle qu’il se croyait octroyé par Dieu : celui de policier des âmes.

Fayard n’était pas son nom : c’était celui que les hommes du pays lui avaient octroyé quand il avait annoncé qu’il ne transigerait avec aucune des règles de bonne conduite des fidèles : dur et cassant comme le hêtre.

Quand l’Eugénie vint lui demander une messe pour le repos de l’âme de son mari, il reconnut là le fruit de ses vingt trois ans de ministère. Il avait bien mené son troupeau, et ce n’étaient pas les élucubrations de VaticanII dont il ne voulait pas entendre parler qui changeraient ses positions.

Quand, à la sortie du service, l’Eugénie l’invita à venir boire un café avec toute la famille, il ne se déroba pas.

Bien entendu, quand elle lança la conversation sur ces gens qui délaissent leur conjoint pour courir la prétentaine, il se demanda un peu qui, dans la famille était visé : il ne les entendait pas tous en confession. Il se lança donc dans ses condamnations habituelles et l’ensemble de la famille renchérit.

L’Eugénie était prête à l’estocade.

 

RUPTURE DE CIVILISATION 5 L’affrontement

A peine rentrée à la maison, l’Eugénie attaqua :

« Dis-donc, Lydie, quelqu’un m’a rapporté que tu rencontres un homme en cachette, comment ça se fait que tu ne m’en as pas parlé ?

_ Ca ne te regarde pas, maman, je suis majeure, je fais ce que je veux .

_ CE QUE TU VEUX !!!! ESPECE DE DEVERGONDEE !!! C’est comme ça que tu parles à ta mère ? ET EN PLUS TU COUCHES AVEC UN HOMME MARIE !!! Et emportée par son élan, la voilà qui balance une tarte à dévisser la tête de sa fille.

_ Tu n’aurais pas du faire ça, maman ! Je vais partir. Et tous les imbéciles pourront baver comme des veaux sur mon compte, c’est pas nouveau ! Ils se sont toujours moqués de moi. Ton fameux curé Fayard, ton saint, tu devrais te demander pourquoi c’est après une confession un peu bizarre que la Denise a été obligée de se marier avec cet imbécile de Jules. Tu vois, je savais que tu aurais voulu que je reste toute ma vie à soigner tes vieux jours, et j’étais écartelée entre mon amour pour toi, le respect que je te porte et mon amour pour Nestor. D’abord, Nestor n’est plus marié, il est divorcé….

_ UN DIVORCE !!! Tu seras excommuniée !

Elle étouffait l’Eugénie, tout s’écroulait autour d’elle. Elle était*sûre* qu’elle mettrait fin tout de suite à cette infamie et voilà que c’était sa fille, calmement, qui prenait le dessus.

_ Ca, ce sera mon affaire avec le Bon Dieu s’il  existe, pas la tienne. Alors, autant que tu saches que je vais aller vivre avec Nestor. J’ai déjà vendu trois terrains à bâtir à des vacanciers qui veulent  construire une maison. Comme tu étais dans la maison, j’ai hésité à la vendre aussi _ tu sais que c’était un bien venant de la famille de mon père _ mais tu viens de trancher. Comme je ne veux pas que tu sois à la rue _ ce que tu ferais sans hésiter pour moi si tu en avais la possibilité, pour m’empêcher de vivre ma vie _  il y a la petite maison du village, tu sais, elle a une cuisine et une chambre, je te la laisse, tu seras près des commerces, à côté du médecin, du curé que tu aimes tant aussi. Tu peux rameuter toute la famille, tous les curés que tu veux, tout le village, vous pouvez tranquillement me cracher dessus. J’ai des acheteurs pour la maison. Je te laisse six mois pour emballer ce qui t’importe. Moi, je n’emporte rien. Si je pouvais partir nue comme je suis venue je le ferais.

Si un jour tu as envie de me revoir, sache que ce sera avec Nestor à mon côté, et qu’il devra être traité comme mon compagnon et non comme un mécréant».

L’Eugénie n’entendait plus : pour elle, ce n’était pas une dispute : c’était l’écroulement de sa civilisation.

 

Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou ayant existé serait pure coïncidence _

Note : j’ai écrit ce texte en opposition à « Bannie » ibid 14 février 2011.

Ils sont, pour moi, séparés de 10 ans, et, entre eux,  1968.

Cet article a été posté le Lundi 5 janvier 2015

Ane triste

Jeudi 7 janvier 2021

Brait

Brait

Pleurniche

Rue dans

Le vide

« Hihan

Chiche »

Rien dans le bide

Accuse

Accuse

Les mules

Cherche à faire des émules

Triste âne

Cherche manne?

Bât? Non!

Vocifère

Sans pardon

Délétère.

Hi-han

Infiniment.

Brait à la vue de lice

Brait par vice.

Voici venu le temps des mantes

Mercredi 6 janvier 2021

Les mantes à deux pattes se réveillent

N’ayant de leur vie que peu produit

Elles se prennent pour des abeilles

Hélas! Leur miel est bien pourri.

Elles se retournent mordent saignent

Se veulent être justicières

Quand les « blessés », eux, ne daignent

Pas justifier leurs manières.

Elles montent sur leurs grands chevaux

Comme amazones de naguère

Et de leurs claviers de leurs stylos

Elles tirent des vannes meurtrières.

Au lieu d’affronter de face

Ceux qu’elles comptent comme ennemis

En insinuations se surpassent

Tirent dans le dos … PETIT! PETIT!

Radotage : tout évolue!

Mercredi 6 janvier 2021

Tout évolue!

  

Tout évolue en société 

Ce qui fut crime est un délit 

Contravention d’autres étés 

En crime aujourd’hui est puni. 

Amour avec Lolita 

Faisait sourire gentiment 

C’est un viol assurément 

Et l’amoureux est un paria. 

Ce n’est qu’après les années trente 

Que quinze ans fut l’âge légal 

L’entrée avant dans l’âge adulte 

A douze ans pouvait être égal 

On le fêtait en religion 

Avec aube et robe blanche 

On en a preuve en chansons 

Censurées par les oies blanches. 

L’adultère était délit 

Au foyer seulement pour mâle 

Pour la femme en quelque lit 

Que se produise la rafale.

 

Cet article a été posté le Jeudi 8 septembre 2011

Les règles d’avant (radotage)

Mercredi 6 janvier 2021

C’est en sortant de la messe que Jacques apprit l’affreuse nouvelle. Il buvait tranquillement son canon avec Paul et Marcel _ ils avaient une affaire en route qui traînait un peu trop _. Le bistrot était plein de monde, le brouhaha régnait à ne pas pouvoir s’entendre. On échangeait les nouvelles de la semaine. La vache malade de celui-ci avait finalement « pris le dessus », l’autre avait vendu un bon prix le taureau qui avait la fâcheuse habitude de manger les « pattes » (les tissus). Le blé promettait, cette année, si le vent ne venait pas tout gâcher…

Julien, en passant, lui posa la main sur l’épaule: » Faudrait que je te dise quelque chose » avant de s’éloigner vers une table vide. Julien était un gars solide, droit, un peu la référence du pays. Que pouvait-il bien avoir à lui dire?

Jacques termina rapidement la discussion en cours et vint vers Julien déjà servi de gros rouge. L’autre le regarda d’un air désolé: « Pas ici! On pourrait nous entendre. Attends moi vers mon cheval, je l’ai attaché à côté du tien ».

Jacques se sentit un peu inquiet: dans le village, on parlait librement d’habitude… Enfin, depuis que les Boches étaient partis, et que l’épuration avait cessé…

Jacques sortit donc, vaguement inquiet, intrigué en tous cas. Il se mit à échafauder des hypothèses: quelqu’un se plaindrait-il de lui ? Il n’avait pas de dettes impayées, il n’avait vendu aucun animal ayant des défauts cachés, ni de manière litigieuse (il était de coutume de ne pas vendre un animal qui aurait des défauts à un « pays » _ pour les étrangers, après que la vente ait été conclue, on emmenait l’acheteur boire un verre avec deux autres paysans, puis, devant ces témoins, on l’avertissait des défauts qui n’étaient pas apparents sur le champ de foire : défauts de comportement comme l’habitude de « jouter »*, défauts sanitaires: allergie à l’herbe fraîche ,par exemple _ afin qu’il n’ait pas de surprise désagréable ou, surtout, pas d’accident)

Il était l’aîné de la famille, et, bien que tous majeurs, il était habituel , en cas de litige grave avec un membre de la famille, d’essayer de régler le problème à l’amiable en demandant « au grand frère » d’intervenir comme un juge de paix… Mais Julien n’était en conflit avec aucun des ses frères et sœurs…

Jacques avait été infirmier militaire, pendant la guerre… Julien aurait-il besoin de ses services? Cela arrivait, de temps en temps qu’on vienne lui demander de pratiquer une série de piqûres… Mais alors, dans ce cas, ce serait pour une maladie honteuse, sinon, pourquoi tant de cachotteries?

*jouter: pousser au sol avec la tête et les cornes la personne qui serait devant lui

Qu’est-ce que Julien voulait donc dire? Pour tromper son ennui, Jacques releva la couverture qui couvrait le dos du cheval. Il échangea quelques mots avec Jules de la Cordilière, ils n’étaient pas du même monde: lui, était riche et l’affichait de manière incommodante.

Julien arriva enfin. Il prit un air soucieux: Ecoute! Il faut que je te le dise avant que cela ne s’ébruite, ton frère Marc…

Marc! Il était marié, avait un fils de six ans, une ferme qui marchait bien. Il était bien un peu roublard, parce que jeune, quand il était dans le maquis, personne n’avait su comment il avait convaincu Marius, le maquignon véreux de livrer des bêtes aux résistants… Mais il ne faisait plus parler de lui…

Julien prit son temps pour continuer: « Tu sais, si je n’avais pas vu de mes yeux ce que j’ai vu… JAMAIS je n’aurais voulu le croire. IL A POURTANT CE QU’IL LUI FAUT A LA MAISON! »

Jacques acquiesça: oui, autant qu’il puisse le savoir, Marc n’était pas dans le besoin. Il avait même acheté une auto…

_ Oui, ben voilà, c’est bien commode! Je l’ai aperçu plusieurs fois dans les bois de Meillaret… C’est pourtant plus la période des champignons…. »

Jacques comprit: Marc était un fin braconnier à l’époque de la guerre. Il aurait donc recommencé? Il se sentit soulagé . Mais Julien, d’une voix à peine audible, continua…

Jacques sentit que le sang désertait son visage. Il vit de suite ce qui allait se passer dans le village: d’abord, on parlerait à mots couverts, comme, aux alentours de pâques, quand on n’avait pas vu untel ou un autre s’approcher de la Sainte Table, puis on s’interrogerait, l’un l’autre. A la veillée, on ferait des allusions: « Les bois sont bien giboyeux ces temps-ci… » ou bien, « as-tu vu la biche qui traîne dans le bois? » Puis, ce serait à l’église que le curé, dans son sermon, aurait des phrases sibyllines. Ensuite, de peur que quelqu’un ait la langue trop longue, on éviterait de les inviter à véver ou à veiller et on déclinerait les invitations qu’ils pourraient lancer. Petit à petit, c’est toute la famille qui se trouverait au ban du village. Encore , si ce n’était pas si près des maisons…

NON!! Jacques ne voulait pas de ça! Il fallait agir! VITE!!!

Jacques eut du mal à rentrer. Il était consterné. Qu’allait-il faire? Bon Dieu! Qu’allait-il faire? Coincer Marc entre quatre-z-yeux et le sommer de… Hummm! Il se ferait « envoyer sur les roses »… Se mettre tous, avec ses frères et ses sœurs  pour raisonner le délinquant… Oui, ça pouvait être la solution… Il décida donc de faire le tour d’urgence de la famille.

En arrivant chez Jeanne, la plus âgée des filles, il fut accueilli par son beau-frère, André, un peu surpris pour un après-midi d’été, alors que le travail urgeait… Il s’apprêtait à aller râteler.

« Un DIMANCHE?!?  dit Jacques

_ Hé! Jacques! La terre commande. Il aurait bien voulu, Jacques, parler à sa sœur seul à seul, mais… Il dut  se résoudre à tâter le terrain:

_ Qu’est ce que vous diriez si un de vos frères faisait une connerie?

_ Sacré farceur! Tu veux notre absolution? Mais as-tu pensé que tu es marié sous le régime de séparation des biens,? Tu serais à la rue vite fait, dit en clignant de l’œil, André.

_ Non! Ce n’est pas ça, mais…

_ Bon! Ecoute! Si c’est pas ça… Le temps menace.

Et André, d’un léger coup de fouet fit démarrer le cheval. La discussion était close.

Jacques, décontenancé, pensa tenter sa chance chez sa sœur Julie. Julie était la plus jolie de la famille. Elle avait été subjuguée par « un vrai homme », vous savez, ceux qui ont fait leur service militaire, et qui sont, en revenant, capables de tenir leurs quatorze apéros avant le repas sans tituber. Elle était seule, l’autre dormait.  Jacques confia son désarroi à Julie, sûr de trouver auprès d’elle un soutien indéfectible: il jouissait autrefois d’une admiration sans borne de la part de cette petite sœur…

Julie le surprit: au lieu d’abonder dans son sens, elle le regarda d’un œil narquois. Bon! Marc avait tort, mais il était MAJEUR depuis longtemps, et puis, les gens avaient bien d’autres préoccupations que ce genre d’histoires. Cela ne concernait pas la famille dans son ensemble: s’il devait avoir des ennuis, cela toucherait sa femme et son fils, ce serait dommage, certes, mais les frères ne devraient pas s’en mêler, sauf pour aider peut-être ceux qui pâtiraient. Non! ce n’était pas une affaire d’honneur de la famille (au fait, Jacques n’aimerait-il pas avoir la chance de Marc?)  _La chance! Jacques resta suffoqué par la remarque. Il se retint de ne pas gifler sa sœur à toute volée pour cette parole sacrilège. Il s’éloigna, furieux.

Jacques, furieux ne comprenait pas: sa sœur avait bien changé! Elle ne reconnaissait plus son autorité qui aurait du l’amener à le suivre. Tout ce qu’on lui avait appris, elle semblait l’avoir oublié… Il est vrai que, pendant son absence, ces trois ans , prisonnier, dans une ferme de Silésie, il s’était passé tant de choses, tant d’atrocités qu’il ne soupçonnait même pas en revenant… Tous, ils paraissaient les mêmes (enfin, tous… ceux qui étaient encore là, ceux qu’on n’avait pas fusillés, ceux qui étaient revenus) mais leurs réactions étaient différentes.

MAIS QUAND MEME!!! Ce n’était pas possible qu’ils ne soient pas horrifiés.  Cela allait éclabousser toute la famille! Que diraient-ils tous, à leurs enfants quand le scandale éclaterait? Comment, après, les conduire dans la BONNE VOIE? LA MORALE?

Puisque Julie ne comprenait pas la gravité de la situation, Jacques alla voir Marius, le troisième garçon de la famille. Lui, c’est sûr qu’il l’aiderait à jouer au pompier dans cette affaire.

Marius était charpentier. Le dimanche, il se reposait en déchiffrant les histoires dans le journal que le curé vendait à la sortie de l’église.

Jacques fut bien accueilli:

« Quel miracle! Tu as trouvé le chemin de la maison? Depuis le jour où tu étais revenu de chez les Boches, on ne t’avait plus revu . Ca fait plaisir de te voir! Viens vite boire un canon, qu’on échange quelques nouvelles.

Jacques s’assit sur la chaise que son frère lui montrait. Face à la volubilité de ce frère qui avait mûri en son absence, il ne savait soudain plus par où commencer.

Jacques commença par questionner son frère sur son travail…

_ Oh! Pour cela, le travail ne manque pas: avec toutes les maisons brûlées, la reconstruction, le bois n’a pas le temps de sécher! dit Marius, mais toi, qu’est-ce qui t’arrive? Tu as une tête d’enterrement. C’est ta femme qui te fait des misères?

Jacques réagit fortement:

_ Allons! tu connais ma Mélanie! C’est la douceur même! Non! J’ai pas de soucis de ce côté-là… Mais c’est Marc qui me fait souci. Figure-toi (et il répéta ce que Julien lui avait confié) Tu te rends compte du scandale! C’est toute la famille qui n’osera plus mettre le nez dehors, de peur d’être montrée du doigt.

Marius eut un sourire en coin:

_ Sacré Jacques! Toujours aussi intransigeant avec la morale. On ne te changera pas. Décidément, ce n’est pas chez les Boches que tu auras appris la tolérance! Calme-toi! Y a pas mort d’homme! Marc a toujours aimé la chasse. Ca l’a repris! Bon! Il risque des ennuis avec la justice, d’accord, mais nous , cela ne nous concerne guère.

Jacques n’en trouvait plus ses mots tant il était surpris: alors Marius aussi pensait que ce n’était pas grave? Mais qu’est-ce qui leur était arrivé à tous pendant ce temps ou lui était ouvrier/prisonnier en Allemagne?

Quand même, il lui restait à voir Joseph. Lui, le pieux de la famille, resté célibataire parce que ses parents auraient aimé qu’il devînt prêtre… Il allait l’écouter, lui.

 

Joseph était en train de faire la « chôme » (la sieste).

Quand il émergea, les yeux ensommeillés, parce que Jacques avait tambouriné à la porte, il n’était pas de bonne humeur.

Jacques lui expliqua tout de go ce que Julien lui avait appris. Joseph le regarda ébahi:

« JULIEN! Tu parles à ce type? Tu es bien le seul dans le pays! Il a eu bien de la chance de ne pas se retrouver au peloton d’exécution, grâce à de hautes protections, mais… Tu n’as pas vu qu’il boit SEUL au bistrot? Son comportement pendant la guerre…

Jacques s’attendait à ce que Joseph  bondisse comme lui, dise qu’on ne pouvait pas supporter « ça »… Que ce serait le déshonneur pour la famille, mais non! Non seulement la conduite de Marc ne le choquait pas, mais, en plus, il démolissait la cathédrale qu’il avait élevée pour son ami Julien.

C’est pas vrai? (il rit) Il est malin le Marc! Il en profite! Ben il a bien raison! Et c’est pas moi qui vais lui trouver tort. Si cette fille a le cul chaud, il faut bien la satisfaire! D’accord! seize ans, c’est jeune et elle est mineure. J’aimerais bien être à sa place! Tu sais, des cocus, y en a eu pendant tout ce temps ou les maris étaient … on ne sait où. Depuis longtemps personne ne fait attention à ce genre de choses »

Jacques se crut frappé par le tonnerre. Ainsi, tout ce qu’il croyait vrai, intangible, toutes ces règles de vie dans lesquelles il avait été nourri… Plus personne ne s’y référait.

ELLES ETAIENT LES REGLES  » D’AVANT »

Cet article a été posté le Mercredi 2 novembre 2016

Il a bon dos, le corona!

Mercredi 6 janvier 2021

 

ANNÉE NOMBRE DE DÉCÈS TAUX DE MORTALITÉ (POUR 1 000 HABITANTS)
2019 (p) 612 000 9,1
2018 (p) 609 648 9,1
2017 (p) 606 274 9,1
2016 593 865 8,9

 

Dans les 10 dernières années, le nombre des décès a augmenté en moyenne de 6 000 par an…(insee)

Compte-tenu des suicides que les confinements ont augmenté, des causes habituelles de décès (la mort naturelle, de vieillesse, en fait partie) ….

Sans vouloir être conspirationniste, il faut tout de même se poser des questions…

Le 7 décembre, nous étions 617000 décès pour 2020…Simple projection mathématique:

nous arriverons à peine à 620 000 le 31 décembre… Différence proche de 2016>20117 

Nous sommes LOIN DES 65 000 morts supplémentaires CLAIRONNEES

 

 

Il a bon dos, le corona

Il est cuisiné à toutes sauces

Car voyez-vous, depuis qu’il est là,

Si le flux des  morts est en hausse

On lui a fait endosser

Sans honte et sans vergogne

Tous les décès qui, aux temps passés

Vers d’autres attisaient la rogne.

Bizarre! On ne meurt plus d’AVC

On ne meurt plus de l’infarctus

Le cancer aurait-il cessé?

Toute mort est coronavirus.

Allons mesdames, messieurs de l’INSEE

Sortez-nous vite globalement

Le nombre total des décès

Pour comparer honnêtement

Avec les précédentes années!

Ah! Mais… On pourrait alors comprendre

Que le vrai virus destructeur

C’est celui qui ne cesse de pourfendre

Les hôpitaux pour notre malheur!

Z’ont trop profité de leur position!

Mardi 5 janvier 2021

Fini le temps où un képi

C’était silence et tout fini!

Z’ont  tant profité de la situation

Sur les cafards sur les moutons

On te coince seul dans un coin

On t’avait vu venir de loin

Tu n’as pas de jolie cravate

Un col roulé, tu traines la patte

On va te suspecter du pire

Ne ris pas! Nous c’est pour rire

Jusqu’à l’instant d’exaspération

Où fatigué par les suspicions

Tu feras un geste… »Rébellion! »

Le mot est fort pour qui abuse!

De quoi faire mûrir mille ruses

S’est générée la vraie rébellion

Mise en danger de la vie d’autrui

Mardi 5 janvier 2021

Dans l’histoire de la fameuse rave party, l’organisateur sera accusé

de « mise en danger de la vie d’autrui »… OK

Mais le ( la) préfet (e)  du département qui sciemment a laissé se disperser aux quatre coins du pays

des participants potentiellement contaminés avec la simple promesse (incontrôlable) pour chacun

de rester confiné pendant un certain temps , n’a-t-il (elle) pas commis par défaut le même forfait?

Dans ce cas, y a-t-il, comme pour les élus, une immunité?

 

L’est mort, le respect pour le respect!

Mardi 5 janvier 2021

 

L’est mort, le respect

Pour le respect…

L’émanation de Dieu sur terre

Ne se trouve plus dans la guerre.

La force brutale est dépassée,

Finie la suprême Autorité:

Profitait trop de l’impunité.

Ils étaient mille six cents,

Assourdis par la techno,

Venus au milieu des champs,

Poser leurs tentes, leurs sonos…

Croyaient-ils, trois uniformes,

Venir à bout de cette marée?

Où sont-ils venus pour la forme

Crier « il faut vous disperser? »

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