Défi: les phrases devaient commencer chacune par une lettre de l’alphabet dans l’ordre pour les 52 premières phrases. La chute devait constituer une surprise.
sujet: une classe mouvementée
Journée de classe surprenante
« Allez donc vérifier vos tentes Bandez fermement les cordons !Chaque sardine doit être solide.
D‘un ton assez autoritaire, le Maître donnait ses instructions. Etendez les tapis de sol.
Fermez ensuite et revenez! Gardez juste crayon et carnet.
Hubert était un petit bonhomme à poigne de fer dans un gant de velours.
Il avait organisé, avec sa classe de cm2, trois jours de dépaysement, en montagne, au printemps.
Jeudi c’était l’installation, pas évidente pour des gosses qui vivaient dans des appartements
avec toutes les commodités.
Karel, le président de la jeune coopérative, vérifie de son côté que rien ne se trouve oublié.
Les cheveux blonds toujours en bataille, pull de laine et jean serré, on retrouvait Hubert,
toujours ailleurs que sur sentiers battus. Même son inspecteur avait cessé de chercher à le faire plier.
Nul ne pouvait, quand il l’avait décidé, se mettre en travers de ses projets.
On pouvait bien lui mettre des bâtons dans les roues parfois,
il trouvait toujours le moyen de suivre son but surprenant.
Pour mettre en place ce séjour, il en avait poussé des portes,
et maintenant il lui fallait tout réussir en quelque sorte.
Quelques soient les craintes exprimées le camp mènerait ses enquêtes.
Rien ne l’avait jamais arrêté. Ses ouailles étaient toujours prêtes!
Toute proposition votée devait être menée à bien, quitte à aller mobiliser même le maire ou le curé.
Une première enquête prévue concernait l’inventaire des arbres qui bordaient le sentier de randonnée. Voir l’arbre, dessiner sa feuille, écrire son nom si connu.
William se propose chef d’une équipe. Xavier lui, caïd d’une autre. Yves reste toujours à l’écart.
Zoubida, promue responsable des filles , d’autres plus discrets restent silencieux.
Au moins cinq arbres doivent être reconnus.
Bien situés aux croisements, les parents-recours attendent déjà.
Comme pour d’autres activités, ils savent qu’ils n’interviennent qu’en cas de danger évident.
Débrouillez-vous, c’est la consigne. Expliquez sans donner réponse. Faites vous presque oublier!( Généralement les adultes ont cette coupable tentation de faire plutôt que guider…)
Hello! Il faut peut-être se dépêcher! Jeunes gens, l’heure tourne! Kékecéksa…
Les premiers ne sont toujours pas là? Mais ils ont pourtant leur montre!
Ne nous inquiétons pas trop: ils ont dû admirer le lac perchés sur le promontoire…
On ne peut jamais tout prévoir
Pour tromper sa vague inquiétude, Hubert regarde le cendrier
Quels maniérés ces adultes: cigarette …je prends mon thé, moi, ma tisane)
Rien de grave pour l’instant…
Sortons le repas de midi.
Tout est prêt et les voilà, les yeux brillants de leur aventure
Un peu plus tard on dépouillera le nombre des trouvailles surprenantes
Vers les seize heures rendez-vous dans l’élevage d’escargots
Wigwam de groupe aménagé: des bottes de paille de la ferme voisine sont installées tout autour
Xyste au besoin pour la détente, l’espace est multiple d’usages
Yourte affirmeront certains…
Zigotos turbulents, ici on reste calme comme dans la classe!
Tout le monde maintenant est assis, les chefs d’équipe passent avec le bac de friands , le panier de fruits
Repas prévu par des parents qui coopèrent à leur manière.
Pour les autres repas , depuis le début de l’année une cagnotte de conserves s’est constituée.
Hubert rappelle les principes décidés d’un commun accord.
Le carton de livres est ouvert. Une heure de lecture silencieuse…
Malgré quelques chamailleries, chacun voulant telle ou telle BD le groupe se calme un moment.
Les adultes boivent un café (nes évidemment!) échangent sur les faits constatés, sur les écarts, complimentent. Mais voilà que l’heure tournant, il faut se préparer pour la visite.
Une heure de marche rapide, mais… par sentiers avec seulement un plan, cela peut durer plus longtemps. Chacun a son petit classeur avec les questions préparées…
Au retour on a promis d’envoyer un compte -rendu aux exploitants…
Pour les remercier de l’accueil, la classe chante à l’unisson un chant spécifique au village…
Les hôtes en ont la larme à l’œil. Le retour se fait en groupe: on doit passer sur la route.
On longe le lac de retenue qui alimente les canons à neige. « NON!! ce n’est pas zone de baignade!
Hubert est obligé de se fâcher.
On examine les conduites qui viennent pomper pour faire la neige artificielle.
Les enfants sont bien fatigués: le voyage en car, le montage des tentes, le petit tour apéritif…
puis ce long parcours pour la visite… beaucoup s’écroulent .
On est tranquille pense Hubert, ce soir ils vont bien dormir.
Certains commencent par groupes à rédiger leur compte-rendu,
d’autres sortent un jeu de cartes, celui qu’ils ont construit ensemble.
Entrainement car la semaine prochaine, ils vont provoquer le cm2 voisin à un tournoi de conjugaison**
Repas calme tout ira bien… un moment de liberté tranquille.
Quand le soir tombe, on rentre chacun dans sa tente .
Hubert respire ils vont dormir…Il attend un long moment que la nuit s’installe…
Une étoile filante
figée dans son élan,
Seul l’air à la tremblote….
Il est sur le point de fermer les yeux quand des cris s’élèvent sous une tente.
Un farceur n’a rien trouvé de mieux que de réveiller les autres.
Négociation difficile: certains furieux veulent se battre.
Hubert leur donne dix minutes pour se recoucher et dormir, sinon!
Mais une demi-heure plus tard, c’est de nouveau le branle-bas.
Hubert réveille un des pères: puisqu’ils ne veulent pas dormir il faut une leçon exemplaire.
Ils rassemblent les chamailleurs et leur donnent quelques frontales.
Ils les montent dans la montagne, dans un lieu qu’il sait sans danger.
Et là, ils les font asseoir, fermer les yeux pour écouter la voix du silence.
L’odeur sucrée du sureau en fleur emplit soudain leurs narines. Calme silence …
Subrepticement les adultes se cachent pour voir les réactions des gros durs qui n’ont peur de rien…
Quand les jeunes réalisent qu’ils sont tout seuls dans la nuit, Hubert entend la peur qui monte.
« Il y a sûrement des bêtes!
_ Les renards vont nous attaquer.
_ Y a qu’à monter dans les arbres.
_ T’es fou les lynx seront furieux. »
La panique monte, monte, s’exacerbe, certains se mettent à pleurer.
C’est à ce moment qu’une voix s’élève.
C’est Yves le silencieux, celui qui boude ou que l’on boude.
Lui n’a pas peur!
Il dit: « Si le maître nous a laissés, c’est qu’il sait que nous ne craignons rien.
Rappelons-nous de quelle manière nous sommes montés jusqu’ici.
Faisons demi-tour, restons ensemble, il ne nous arrivera rien. »
Hubert, médusé voit de loin le garçon renfrogné, toujours à l’écart prendre la tête du peloton pour rentrer au camp.
**
La conjugaison
Une autre manière de susciter l’apprentissage intensif des verbes est de lancer un tournoi de conjugaison. Ce tournoi va concerner éventuellement plusieurs classes de niveau semblable.
Premier travail : créer le jeu de cartes : sur du bristol, dessiner des cartes de 5,2×7,4 cm ( travail de stratégie= mesures, pliages…)
Chaque carte comprend un verbe à un temps.
Pour un tournoi sur l’indicatif, la famille à constituer sera de 8 temps pour le même verbe.
7 verbes fondamentaux seront choisis.
Le jeu se déroule comme un jeu de 7 familles, sauf que celui à qui on demande une carte, exige, s’il la possède une terminaison. EX/ je demande à Henri le verbe chanter au futur simple… Il a la carte… il vérifie : donne-moi la deuxième personne du pluriel _ tu chanteras
_ désolé ! je n’ai pas ET HENRI prend la main… si j’avais répondu « vous chanterez » j’aurais eu la carte et continué à constituer ma famille…
L’intérêt pédagogique est dans l’excitation de la préparation qui fait « digérer » la peine pour écrire à la main les cartes (mémoire de la main) et l’apprentissage par coeur .La joie du jeu étant la récompense.
Je garde un excellent souvenir d’un tournoi sur les pelouses des Minguettes à Vénissieux entre 6 classes de CE2 du coin.