Regardons les choses en face:
Je crois avoir bien rempli
Le contrat et à ma place.
Suis né, ai normalement grandi,
Ai assuré ma descendance.
Ai travaillé, mûri, vieilli.
Je suis sur la décadence:
Muscles en carton bouilli.
L’esprit reste quelque peu clair,
Mes mots croisés se casent encore,
J’écris toujours, mais pour le faire,
Parfois les mots s’entre dévorent.
Je laisse des fautes d’orthographe,
Je mélange les paragraphes,
Les idées parfois dévient…
Déclin de vie!
Réveillé par le téléphone…
Diable! C’est inquiétant!
Pour qu’aussi tôt on sonne,
Ce doit être urgent, urgent!
Mon cœur, comme un tambour,
Dans ma poitrine résonne.
Sûrement pas message d’amour!
Plutôt orage qui tonne!
Au mieux, ce serait un voisin
Qui aurait intercepté
Mes ânes, sur le chemin,
En train de se carapater…
Au bout du fil, voix inconnue…
Un peu rauque, bizarre,
« Tu dormais? Comment vas-tu?
Sur un ton plutôt égrillard….
Comme je tombe des nues
Je reste coi un instant…
Je sens que cet homme a bu,
Je demande calmement:
_ Qui êtes-vous?
Que voulez-vous?
_ Je m’emm… tellement!
Je téléphone au hasard
Pour emm… les gens!
CONNARD!
Sommes-nous donc si dangereux,
Nous les anciens, nous les vieux,
Pour que les quadras aux dents longues
Veuillent nous tuer à la longue?
Ils disent qu’on pourrait mourir…
Et alors? Nous le savons!
Ils peuvent toujours courir
S’ils croient nous fermer en prison!
C’est vrai qu’ils n’aiment pas entendre
Eux qui n’ont connu de privations
Que de vétilles qu’on peut vendre
Mais pas de l’essentielle ration.
Eux qui n’ont connu de guerre
Que des riches contre la misère
Qu’ils se débrouillent comme des c…!
La nouvelle s’était répandue
Comme une trainée de poudre
Fuite de gaz à l’usine: feu défendu!
Pour ne pas déclencher la foudre
Ni cigarette, ni voiture,
Ni lumière, ni étincelle,
Tous dehors dans la nature!
En attendant les sens chancellent.
Monsieur le Maire sortait du bistro,
Venait, avec ses adjoints,
De se payer un apéro…
De la zone, ils étaient loin!
Averti, aussitôt, il bondit
Dans sa Dauphine Gordini.
Se retrouve face au blocage…
Fuite! Attention! Danger!
« Mon c.. dit l’édile, avec rage,
Je suis le Maire, je vais passer »
Et il fonce droit devant…
Si n’eut pas lieu l’explosion,
Le village trembla quand même
Et, aux suivantes élections,
Il en paya le prix suprême.
A hue, à dia, en zig en zag
Notre gouvernement divague
Un jour ceci, un jour cela
On ne comprend plus rien, voilà!
Tiraillé de tous les côtés
Il ne sait plus vers quoi se tourner.
Démasqué dans ses buts secrets
Il fait repli, biaise sans arrêt.
Mollets rongés par la finance,
Querelles « d’écoles » de « science »,
En affirmant sa détermination,
Il erre, il erre sans raison.
Tellement sûr de sa puissance,
Il laisse voir son innocence…
Nous croirait-il aussi idiots?
Nous étions en 1969 ….
Ce soir-là, dix-sept heures trente, nous étions, je crois, fin mai…
Ma classe de cm1 regroupait, à l’époque, des garçons et des filles dont beaucoup avaient redoublé,
déjà une, parfois deux fois.
Le père d’une « grande » débarque furieux dans l’école.
« Ca suffit les punitions tous les soirs jusqu’à 6 heures, je viens rechercher ma fille…
_ Votre fille? Mon brave monsieur, elle est sortie avec les autres à 4 heures et demie.
Il ne m’écoute pas et fonce dans la classe…
_ OU EST-ELLE?
_ Ecoutez, monsieur, calmez-vous! Si exceptionnellement votre fille avait été punie,
vous en auriez été averti hier. »
Le monsieur tombe des nues: depuis des semaines, à 12 ans,
on l’a découvert ensuite, elle rencontrait un garçon de 28 ans dans le parc de la mairie…
C’était ainsi à l’époque.
Ne m’en voulez si je m’immisce….
Ah! si j’étais Ribéry
Au lieu de parler justice,
De pousser les hauts cris
Comme je saurais la convoquer,
Non au matin sur un pré,
Mais un soir pour un dîner!
Un jour sur deux, ma poulette,
Pour l’appel, est absente.
A-t-elle découché, la vedette?
Pour quel coq, qui mieux chante?
Je la cherche de longs moments,
Je l’appelle, ne me répond…
Dans le fourré… Dans les buissons…
Ressurgit par enchantement…
Avec son air de conspiratrice,
Je me méfie de ce qu’elle trame.
J’aimerais trouver le sésame
Des escapades perturbatrices…
Je crains bien de deviner
Qu’elle cache un nid d’œufs,
A l’abri, en d’autres lieux,
Qu’elle veut couver…
Tu cherches la vérité?
Cherche! Cherche! Cherche!
Cherche!
Tu cherches la vérité?
Ne compte pas la trouver!
Dans le kaléidoscope
Cherche! Cherche! Cherche!
Cherche!
Dans le kaléidoscope
Elle se trouve pelotonnée.
Tu pourras tirer un fil
Tire! Tire! Tire!
Tire!
Tu pourras tirer un fil
Mais jamais la dérouler.
D’autres par autre facette
Virent! Virent! Virent!
Virent!
D’autres par autre facette
Croient aussi la maitriser.
Ceux qui croient la détenir
Clament! Clament! Clament
Clament!
Ceux qui croient la détenir
Méfie-toi sont des dangers!
Si ce sont ceux que tu préfères,
C’est sûrement que les propriétaires
Ont abandonné notre terre.
Les herbes folles, les coquelicots
En se glissant entre les pierres
Je ne dirai pas « c’est pas beau »
C’est triste retour à la carrière.
Ce n’est jamais qu’un cimetière
Oublié par les humains
Les marches jadis altières
Ne sont plus que des parpaings.
Elles décèlent dans leur misère
Toute la tristesse de l’abandon
Les larmes de générations
Oubliées naguère.