Rien qu’une petite silhouette

Il y a peut-être quarante ans

Devant une école qui m’est chère

Un car s’arrêtait absolument

Devant le portail! Ma chère! …

Certes les petits qui l’empruntaient

Ne subissaient pas de trajet ,

Mais les élèves qui sortaient,

Passage protégé, voilà le sujet ,

Cachés par le véhicule,

Surgissaient sur la chaussée ,

Courant le risque majuscule

D’être renversés, écrasés.

Quoi qu’on ait essayé de faire,

Les grands malins qui décident

Ne voulaient point, cela va sans dire,

Cela changer: EUX ou le vide!

Un beau matin, excédé,

Sortant une craie de ma poche,

A l’angle du bus exécré,

Je dessinai, c’est vraiment moche,

Une silhouette sur la chaussée…

Cela fit bien sûr polémique:

Je donnais le mauvais exemple!

Mais le dessin créa panique:

En quatre jours, trembla le temple.

On trouva une solution

Conforme à toutes nos motions! 

 

 

Menteurs

Ils mentent tous comme ils respirent

Mensonge d’Etat mais souvent pire:

Pour protéger un chouchou du prince

L’hésitation est toujours mince.

Parfois l’avouent, s’en vantent même.

D’autres de leur hauteur suprême

Pour s’amnistier témoignent faux

Pour cela, à cause des photos

Les vidéastes sont à abattre

Ils prouvent que l’action critiquée

Ne peut alors plus être niée.

Ne cherchez pas qui l’on aveugle

Au milieu de la foule qui beugle:

Ceux qui par leur témoignage

Vont filmer les saccages.

Pire encore que les précédents

Dès que les maudits sondages

Remontent un peu en sa faveur

Que les grognements de rage

Paraissent être pris de torpeur,

Alors,il reprend sa superbe

Ca donne envie de manifester

De lui crier d’un ton acerbe

Qu’il devrait démissionner.

Ses rares moments humains

Sont par sa morgue si vite

Effacés dès le lendemain

Par un sale mot qui excite.

Il jouissait a priori

D’une certaine confiance

Et les Français ahuris

Ont découvert en souffrance

Qu’il protégeait un pourri

Qu’il était valet des finances.