Souvenir…
Dès qu’arrivait le mois d’avril, comme les labours de printemps étaient sur le point d’être terminés, en prévision de la descente du bois, ce bois coupé à l’automne, au cours de la coupe affouagère, on se souciait de ferrer les vaches.
Non ce n’étaient pas de montbéliardes aux pieds fragiles et peu robustes. C’étaient de bonnes villardes fortes comme boeufs et bien rustiques.
On envoyait un des enfants se renseigner auprès du propriétaire des « étraits »* de la date de venue du maréchal ferrant. Il donnait une indication du meilleur moment pour se présenter afin de ne point trop attendre.
Le jour venu, on amenait les 2 vaches de premier joug qui se verraient chausser de fers solides, afin d’éviter, dans les cailloux, de se blesser…
Chaque vache, à son tour, au faux joug solitaire scellé à l’avant des étraits était solidement liée.
Ensuite, un gros filet de très grosses cordes tressées, accroché d’ un côté sous le toit, était étiré sous le ventre, puis accroché, de l’autre côté à un rouleau utilisé comme treuil , pour soutenir la bête, pendant le temps qu’elle serait sur trois pattes seulement.
Un lien de chanvre était enroulé autour du pied postérieur de la vache que l’on tirait vers l’arrière jusqu’à le lier fortement à une traverse solide…
Ainsi immobilisée, la vache ne pouvait pas se débattre. Un geste malencontreux pourrait la faire blesser au moment de tailler ses sabots, de préparer la place pour la « planche », sorte de semelle de métal, que l’on fixait solidement avec des clous à ferrer, et dont une languette se retournait sur l’onglon.
(Pour les pattes avant, on relevait le sabot, coincé contre la poitrine pour faire de même.)
Parfois on ne ferrait qu’un seul onglon par pied… Mais si les travaux dans les cailloux étaient longs, on ferrait « à plan » c’est à dire des deux côtés.
*les étraits: voir 4 décembre 2011