Jacques, décontenancé, pensa tenter sa chance chez sa sœur Julie. Julie était la plus jolie de la famille. Elle avait été subjuguée par « un vrai homme », vous savez, ceux qui ont fait leur service militaire, et qui sont, en revenant, capables de tenir leurs quatorze apéros avant le repas sans tituber. Elle était seule, l’autre dormait. Jacques confia son désarroi à Julie, sûr de trouver auprès d’elle un soutien indéfectible: il jouissait autrefois d’une admiration sans borne de la part de cette petite sœur…
Julie le surprit: au lieu d’abonder dans son sens, elle le regarda d’un œil narquois. Bon! Marc avait tort, mais il était MAJEUR depuis longtemps, et puis, les gens avaient bien d’autres préoccupations que ce genre d’histoires. Cela ne concernait pas la famille dans son ensemble: s’il devait avoir des ennuis, cela toucherait sa femme et son fils, ce serait dommage, certes, mais les frères ne devraient pas s’en mêler, sauf pour aider peut-être ceux qui pâtiraient. Non! ce n’était pas une affaire d’honneur de la famille (au fait, Jacques n’aimerait-il pas avoir la chance de Marc?) _La chance! Jacques resta suffoqué par la remarque. Il se retint de ne pas gifler sa sœur à toute volée pour cette parole sacrilège. Il s’éloigna, furieux.
(à suivre)