Sommeil profond à poings fermés
Dort le bébé
Sérénité
Noire nuit sur la plaine
Pas un bruit
Cache ta peine
Pâle lune à la hune
Brouillard au sol
Ferme ton col.
Givre à la vitre
Le feu est mort
Dors!
Sommeil profond à poings fermés
Dort le bébé
Sérénité
Noire nuit sur la plaine
Pas un bruit
Cache ta peine
Pâle lune à la hune
Brouillard au sol
Ferme ton col.
Givre à la vitre
Le feu est mort
Dors!
Les enfants vont s’asseoir
Une petite dérision
Autour des micro-trottoirs
Qu’on voit à la télévision.
Belle image de la foutaise
Que l’on nous sert en mayonnaise
Pour détourner nos attentions…
Voici venir un capitaine
Prêt à emmener en expédition
Les Samuel Chapdeleine
Ceux qui veulent vivre un rêve…
Mais la plupart sont arrêtés
Comme enchaînés à la grève
Par les contraintes de routines,
Les activités de rien du tout…
Peu tentés par la poutine
Bloqués par de menus rendez-vous
Belle peinture de vie d’enfants
Dont les jours sont si encadrés
Sport, musique, tout le bataclan
Qu’ils n’ont plus de temps pour rêver.
Ma femme m’a arrêté de justesse:
Je partais en caleçon
A la rencontre de déesses
Pour mon image ce n’est pas bon.
Certes ce n’est pas indécent:
C’est un caleçon de paysan
Longues jambes fermé devant
Mais bien des gens en me voyant
Auraient pensé: »Il est paumé »
Mais bien des gens en me voyant
A l’asile auraient téléphoné.
Moment d’attente au cinéma
Cadeau surprise
Béat
Magnifique pépite
Météorite
Extase
A « l’entracte de ST MARCE » festival de théâtre amateur….
Ce sont quatre acteurs sur la scène
Pour une pièce dérangeante
Une histoire canadienne
Mais aussi bien corrézienne
Vingt ans après une fêlure
Dont aucun ne s’est relevé
Sans une large blessure
Ils vont donc se retrouver.
L’une était partie dans l’espoir
De ne jamais revenir
De surtout ne jamais revoir
Les commères qu’elle voulait fuir
L’autre avait chu dans la provoc’
Dans les affichages qui choquent,
En écrivain velléitaire
Dont le livre restait à faire.
L’aînée s’était consolée
En se conduisant comme une traînée
La dernière s’était arrêtée
Au jour du grand chambardement…
Les voilà donc à ce moment
Qui doit terminer leur tourment
La mère partie au grand scandale
De toutes les règles rurales
Avec un beau prince ….espagnol…
Donne-moi la main, faisons la ronde
Ton regard donne envie de danser
Ne perdons pas une seconde
La vie est douce à dévorer.
Laissons parler les pies voraces
Laissons braire les ânes bâtés
En farandole ouvrons la trace
De la joie, de la liberté.
On voit derrière les fenêtres
De gros sourcils se froncer
Les apôtres du non-être
De la vie ultra poncée
Notre bonheur ne peuvent admettre
C’est le leur qui est défoncé.
Sont nombreux les « l’aurait fallu »
Quand l’accident est survenu.
Les doigts accusateurs, pointus,
Comment cela? N’avait pas vu?
Etes-vous sûr qu’il n’a pas bu?
Il n’a pas fait…Il aurait du…
Oui, mais voilà, il est trop tard.
Chacun se sent dans la panique.
Ce ne sont pas les statistiques
Qui montrent qu’accidents de car
Sont extrêmement rares
Qui consoleront les mamans
Dont les enfants ont péri
Qui consoleront les parents
Dans leur douleur infinie.
CONDOLEANCES
J’aime beaucoup la jeunesse
Je l’ai souvent défendue
Elle apporte à la vieillesse
Une bouffée bienvenue.
Mais ce groupe un peu bizarre
Qui campait derrière chez moi
Je l’ai trouvé trop barbare
Me mettait en désarroi.
Ils martelaient du talon
Les sentiers et les chemins
Et braillaient chaque matin
A vous faire sortir des gonds.
Très tolérant par nature
Je me serais sûrement tu
Si ces curieux missionnaires
Chez moi, n’étaient pas venus,
C’est là que cela se corse,
Exiger de gré ou de force
Que je vienne faire prière
Dans leur camp, leur tanière.
Jeux de tirs, jeux militaires
Occupaient toutes leurs journées
Sont venus manoeuvres faire
Devant ma porte bien fermée.
Accompagnés par un curé
Dans soutane emmitouflé,
S’habillaient selon leur norme
Béret,cravate roulée:
Portaient un uniforme
Un peu copié sur l’armée.
Sur le rebord de la fenêtre
Comme une fleur étalée
Elle était là, songeant peut-être
Au prince charmant échappé.
J’étais en face derrière la vitre
De ma chambre « d’étudiant »
A l’admirer à juste titre:
Sa beauté me laissait béant.
Enveloppée dans sa langueur
Elle leva les yeux vers moi
En un sourire dévastateur
Me projeta en doux émoi.
Sa main doucement fit un geste
Un bonjour comme une caresse
Ah! l’internat quelle peste!
Enfermé, quelle détresse!
J’ai eu beau faire le mur
Pour chanter la sérénade
Elle devait être c’est sûr
Sous clé et sous bonne garde…
Je ne sais pourquoi j’en parle
Il y a plus de cinquante ans
Si je sais pourquoi j’en parle
Le souvenir reste présent.
La fugue dans tous ses états
Quatuor Debussy
Ils sont quatre violonistes
Virtuoses de l’archet
Ils sont quatre violonistes
Qui jouent à fermés guichets.
Le premier grand pédagogue
De la fugue nous dévoila
Les secrets musicologues
De Bach à Piazzolla.
Rien à voir avec les cours
Tristes et sans intérêt
Imposés comme frites au four
Dans contexte sans apprêt.
Et pour combler le plaisir
Les « pendus »jusqu’à Cuba
Vinrent pour nous esbaudir
De Pecou del son fuga.
En sortant de la salle
On avait envie frivole
De poser de grandes toiles
Et de peindre en farandole.