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Archive pour janvier 2016

Route vertigineuse

Jeudi 14 janvier 2016

La route la plus vertigineuse
N’est-elle point celle de l’amour?
C’est une route hasardeuse
Qui parfois finit comme un four.
Sur la moto un vrai bolide
Ventre à dos toujours collés
Dans les étoiles, sur le bord du vide
On fonce, on se croit voler.
Foin des ornières,
Des nids de poules
On est seuls au milieu des foules
On est partis comme en croisière.
Sur la route les paysages
Sont si beaux qu’on est ébloui
Tant de fleurs au doux langage
Tant de beautés! C’est inouï!
Si un petit caillou subtil
Parfois dévie la trajectoire
On veut toujours garder le fil
Du rêve qu’on a dans la poire.
A se regarder l’un, l’autre
On oublie de voir que, devant,
Certains jaloux, mauvais apôtres
Peuvent rendre le sol glissant….

Un crêpe noir!

Mercredi 13 janvier 2016

Je mets un crêpe noir
Au revers de ma veste
Je me sens mal ce soir:
Le peu qu’il me reste
De confiance dans ce que je crois
Relever de la foi en la loi
Ou du simple respect
A pris
Aujourd’hui
De bien tristes aspects
Quoi? Enregistrer les mots
De qui vous paie très cher
Les jeter aux journaux
Comme pâtée aux pourceaux
Ce serait droit ouvert…
Quoi? Pour avoir retenu
Afin de discuter
Des licencieurs vendus
Aux diktats des marchés
Prison ferme attribuée?
Laissez-moi, larme à l’oeil, ceci vous réciter:
Les Animaux malades de la peste (de Jean De LA FONTAINE)

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
A chercher le soutien d’une mourante vie ;
Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d’honneur.
Et quant au Berger l’on peut dire
Qu’il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Le Mont Granier s’est écroulé

Lundi 11 janvier 2016

Le Mont Granier
S’est écroulé
Pas de morts
Pas de morts
Le Mont Granier
S’est écroulé
Pas de morts
Ni de blessés.
Il avait déjà commencé
Y a huit cents ans
Y a huit cents ans
Il avait alors tué
Des habitants par milliers.
Les rochers s’étaient arrêtés
Allez voir
Allez voir
Les rochers s’étaient arrêtés
Au pied d’une vierge noire
Que pourraient nous raconter
Tous les racistes de foire
Le Granier l’a honorée
Ca ils devront bien le croire!

Tragédie à l’étable.

Lundi 11 janvier 2016

La Miraille ne comprenait pas: le jour pourtant était levé, dehors il semblait faire froid, et toujours rien dans le râtelier…
Sa mamelle commençait à tirer, le lait suintait au bout du pis.
Le Jules n’était pas levé.
Elle poussa un mugissement pour rappeler son existence et elle attendit longuement…
Au clocher les cloches tintèrent. Dans le silence, on les percevait bien, mais d’habitude à ce moment-là, on les détachait pour aller boire.
Un second mugissement, plus fort que le précédent, et l’attente indéfiniment: pas un bruit venant de la maison…
La tétine était gonflée comme un ballon de rugby, le lait coulait maintenant sans arrêt, et voilà que la nuit tombait.
La chèvre bêla à son tour, elle aussi ne comprenait rien, puis la nuit les enveloppa, autant dormir en attendant.
Ce fut rapidement l’aurore, et la Miraille se mit à « beurler » non un mugissement normal: un hurlement de détresse…
Le Jules entrouvrit les yeux…DIABLE! IL S’ETAIT OUBLIE!
Il essaya de se lever, chercha le montant du lit, mais sa main ne trouva rien qu’une poignée d’épis battus.
Epuisé par son geste, le Jules se rendormit, mais le mugissement des bêtes électrisa son énergie.
Lui, pendant toute sa vie avait toujours quitté son lit avant que l’aurore ait pointé: à cette heure-là, les animaux avaient besoin de leur ration
et jamais au grand jamais il n’avait failli à sa mission. Il raillait même ces citadins qui n’étaient jamais capables de faire le moindre travail avant d’avoir bu maint cafés.
Ben! Là il comprenait rien: il avait dormi dans la paille? Pourtant ne s’était pas saoulé: il buvait plus depuis vingt ans…
Il s’assit péniblement, mais la tête lui tournait, il voyait trouble, il voyait blanc, il voyait noir et retombait.
Au dixième beurlement il arriva à se lever, en se collant à la paroi, resta ainsi un moment.
La Miraille encore beurla, suivie de la chèvre qui pleurait. Il fallait, il fallait vraiment, mais ses forces le trahissaient.
En se traînant plus qu’en marchant, il atteignit la porte d’étable, dans un effort surhumain, il détacha ses deux compagnes et s’affala dans le foin qui était resté dans un coin.
La Miraille ne comprenait pas :être « à bader » à cette époque, elle se rua jusqu’au bassin pour éteindre sa soif terrible…
Puis toute heureuse d’être libre, elle se mit à danser la gigue. Là, au coin de l’appentis, des bottes de foin délicieux la tentèrent aussitôt.
D’un coup de corne elle en fit éclater une et se reput. Puis, sentant la liberté, elle courut sur le chemin: elle avait remarqué à l’automne un champ de blé déjà vert…

Le Marius revenait du bois… Il s’essuya les yeux: il n’en revenait pas…C’était une vache dans son blé… La Miraille du vieux Jules…Elle avait bien du s’échapper.
Vite une corde et la ramener…Mais en entourant les cornes, il vit le lait suintant coulant. Alors, il attacha la Miraille pour un moment, il sentait qu’il y avait plus important.
Il courut chez son voisin qu’il trouva déjà trépassé en ayant dans un dernier mouvement servi ses bêtes autant… q u ‘ i l    a  v   a    i     t       p        u.

Matin de pluie

Dimanche 10 janvier 2016

Ce matin, pluie et brouillard
Aucune envie de sortir
Il le faut pourtant sans retard
Les bêtes attendent, faut les nourrir
Jeter du foin dans la cabane
Où j’entends braire les ânes
Le coq chante au poulailler
C’est que le jour est bien levé.
Le chien aboie pour sa balade
Les lapins espèrent aussi
Deux carottes, une salade
Mais moi je reste là, assis
A écouter pluie qui ruisselle
Ma pélerine où se trouve-t-elle?

Non! pas un rencart!

Samedi 9 janvier 2016

C’était sûrement coïncidence
Si dans la case voisine
Elle avait garé sa machine
Avait suivi avec diligence
Derrière moi au magasin.
Ce n’était pas rencart fautif
Ni recherche de câlin
Mais le hasard ce lien furtif
Nous rassemblait ce matin.
Comment résister? Trop tentant
De suggérer d’un air malin
Que souhaiter bonne année
Mérite un bisou coquin
Et même deux dans la foulée

Un troisième ?

Amour perdu

Jeudi 7 janvier 2016

Comme une fleur étiolée,
Comme abattue,  sonnée
Contre la barrière de fer forgé.
Les yeux fermés sur des images
De doux baisers échangés…
Pourquoi donc son ange
L’avait ainsi abandonnée?
C’est toujours le plus beau,
L’amour qu’on a perdu:
Les souvenirs tout chauds
De baisers éperdus,
Dans l’aura du passé
Deviennent des brasiers
Des ruts échevelés.
La douceur des caresses
Par le temps éthérée
S’exacerbe et se presse
En boa parfumé.
Et le moindre clin d’oeil
Dans l’esprit imprimé
Devient un chaud accueil
Une félicité.

Inspiré par une photo

Mercredi 6 janvier 2016

inspiré par une image (La maison des marguerites 4 janvier 2016)
Bravant le vent et la tempête
Je suis là et je resterai là
Pour moi Noël n’est pas une fête
C’est un jour qui veut mon trépas
Cramponnée à ma douce tige
Je tiendrai dans le gel qui fige.
Je serai là à ST Sylvestre
Je tiendrai bon
A ST Raymond.
Je suis la néo Clytemnestre
Je suis là, je vis, je reste
En attendant venue d’Oreste.

Le jeu des cinq cents

Mercredi 6 janvier 2016

Il me souvient, à sept ou huit ans
D’avoir joué « aux cinq cents »
Un jeu à deux, un jeu de cartes
Avec talon et « découverte ».
Pendant que mon père et ma mère
A l’étable étaient occupés
A nourrir les bêtes, à les abreuver
C’était le moment du grand-père
Il s’asseyait auprès de moi.
Moment choisi, moment de roi
Pour deux parties, quelquefois trois…
J’ai oublié beaucoup de règles,
Nom des annonces espiègles,
Car les mariages des figures
Donnaient des points dans l’aventure,
Mais les quarante de binage
Valet de carreau/ dame de pique
Evoquaient pour moi labourage
C’était un jeu un peu magique.

Pauvre idiot!

Mardi 5 janvier 2016

Mais enfin, mon pauvre idiot
Ca existe, les pannes de réseau!

Parce que le chien de ton enfant
Mis chez toi pour quelques temps
Hurla à la mort longtemps
Vieil espèce d’imbécile
Tu t’es rué sur le fil
Et comme il restait muet
Tu étais mort d’angoisse
Et comme il restait muet
Tu avais peur d’une poisse…

C’est cela, être parent:
Trembler, trembler tout le temps.
Quand les enfants sont bébés
Pour les maux, fièvre poussée
Quand ils sont un peu plus grands
Avoir peur des accidents
Puis lorsqu’ados devenants
A frôler écarts flagrants
Croiser doigts pour conjurer
Les voies de tous les dangers…
Et s’ils ont ouvert les ailes,
Pas rassuré au moindre appel!
Si parents sont devenus
Inquiet pour toute la tribu.

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