La Miraille ne comprenait pas: le jour pourtant était levé, dehors il semblait faire froid, et toujours rien dans le râtelier…
Sa mamelle commençait à tirer, le lait suintait au bout du pis.
Le Jules n’était pas levé.
Elle poussa un mugissement pour rappeler son existence et elle attendit longuement…
Au clocher les cloches tintèrent. Dans le silence, on les percevait bien, mais d’habitude à ce moment-là, on les détachait pour aller boire.
Un second mugissement, plus fort que le précédent, et l’attente indéfiniment: pas un bruit venant de la maison…
La tétine était gonflée comme un ballon de rugby, le lait coulait maintenant sans arrêt, et voilà que la nuit tombait.
La chèvre bêla à son tour, elle aussi ne comprenait rien, puis la nuit les enveloppa, autant dormir en attendant.
Ce fut rapidement l’aurore, et la Miraille se mit à « beurler » non un mugissement normal: un hurlement de détresse…
Le Jules entrouvrit les yeux…DIABLE! IL S’ETAIT OUBLIE!
Il essaya de se lever, chercha le montant du lit, mais sa main ne trouva rien qu’une poignée d’épis battus.
Epuisé par son geste, le Jules se rendormit, mais le mugissement des bêtes électrisa son énergie.
Lui, pendant toute sa vie avait toujours quitté son lit avant que l’aurore ait pointé: à cette heure-là, les animaux avaient besoin de leur ration
et jamais au grand jamais il n’avait failli à sa mission. Il raillait même ces citadins qui n’étaient jamais capables de faire le moindre travail avant d’avoir bu maint cafés.
Ben! Là il comprenait rien: il avait dormi dans la paille? Pourtant ne s’était pas saoulé: il buvait plus depuis vingt ans…
Il s’assit péniblement, mais la tête lui tournait, il voyait trouble, il voyait blanc, il voyait noir et retombait.
Au dixième beurlement il arriva à se lever, en se collant à la paroi, resta ainsi un moment.
La Miraille encore beurla, suivie de la chèvre qui pleurait. Il fallait, il fallait vraiment, mais ses forces le trahissaient.
En se traînant plus qu’en marchant, il atteignit la porte d’étable, dans un effort surhumain, il détacha ses deux compagnes et s’affala dans le foin qui était resté dans un coin.
La Miraille ne comprenait pas :être « à bader » à cette époque, elle se rua jusqu’au bassin pour éteindre sa soif terrible…
Puis toute heureuse d’être libre, elle se mit à danser la gigue. Là, au coin de l’appentis, des bottes de foin délicieux la tentèrent aussitôt.
D’un coup de corne elle en fit éclater une et se reput. Puis, sentant la liberté, elle courut sur le chemin: elle avait remarqué à l’automne un champ de blé déjà vert…
Le Marius revenait du bois… Il s’essuya les yeux: il n’en revenait pas…C’était une vache dans son blé… La Miraille du vieux Jules…Elle avait bien du s’échapper.
Vite une corde et la ramener…Mais en entourant les cornes, il vit le lait suintant coulant. Alors, il attacha la Miraille pour un moment, il sentait qu’il y avait plus important.
Il courut chez son voisin qu’il trouva déjà trépassé en ayant dans un dernier mouvement servi ses bêtes autant… q u ‘ i l a v a i t p u.
Joliment raconté cette tranche de vie à la ferme
Bon début de semaine
@+
timilo
Merci! bon lundi à toi!
Autobiographique anticipé ???
Mon doux poète… un brin triste ton histoire, comme la réalité en somme.
Je te souhaite une agréable semaine, ensoleillée si possible et te fais plein de bisous, cars suis hors connexion à partir de cet après midi jusqu’à vendredi prochain. Trois semaines de suite ! On garde le petit chez lui, afin qu’il puisse aller à l’école pendant que sa maman est loin, en formation
Allez, encore quelques bisous que t’accommoderas à ton bon goût
Se tuer à la tâche ! Mort au milieu de ses bêtes…Certains en profitent pour goûter à la liberté et aux herbes vertes, l’homme dans l’odeur du foin s’endort dans l’éternel…Joliment raconté…Bises Gérard
@Julie:NON! juste ce qui hante quiconque élève des animaux.
Profite bien de ta semaine!
Bisous très doux
@PARADISALIA: c’est plutôt assumer son devoir à légard des êtres qui dépendent de vous;
Bonne journée
bises
Beau et triste…Peut-être même pas vraiment triste …Un petit pincement quand même,tellement proche de ce qu’est la vie
mais oui les bêtes sont plus reconnaissantes que les hommes… elles connaissent la main qui les nourrit
quand même triste
bonne soirée, bises GP
joelle
Tu as raison, OZY!
bonne soirée à toi
bises
@Mireille: quelque part, il serait heureux que l’on reconnaisse qu’au dernier instant, c’est la survie de ses bêtes qui a primé;
Heureux de te lire!.
Bises
Georges
Tout d’abord je te souhaite une belle année 2016 pleine de santé et de moral.
Ensuite elle est très émouvante ton histoire.
Au début j’ai cru que ça irait de meuh en meuh mais à la fin c’est allé
de pis en pis.
Ceci étant Marius a pu constater que dans son champ la vache allait et
qu’elle avait vidé le bassin d’une seule traite.
Sacrée Miraille !!
Bonne année à toi Renaud.
Que 2016 comble tes vœux les plus chers, qu’elle apporte sante et joies de toutes sortes à toi et à tous ceux qui t’entourent.
Que veux-tu, le vieux descendant d’une lignée d’éleveurs ne peut pas s’empêcher de donner des gages aux vaches