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Archive pour novembre 2015

Découverte: la guerre.

Mardi 10 novembre 2015

Lorsque j’avais six ans,

Un jour, à la maison

Au bisaieul vaillant

De quatre vingt quinze ans

J’ai posé la question

Qui me turlupinait:

« Ils parlent tout le temps,

Pépé, papa, tonton

Des combats qu’ils ont faits

Toi tu n’en parles pas,

T’as donc pas fait la guerre?

Sérieux et grave il me regarda:

_ Cette mère de misères!

Trop jeune en soixante-dix

Et en quatorze, malheur!

Tu vois, je te le dis

J’aurais bien  préféré

Tomber au champ d’honneur

Que d’y savoir resté

Mon seul fils, Amédée… »

C’est ainsi que j’appris

Qu’en dehors des blessés

Des vaincus, des vainqueurs

Et même des prisonniers

Il y avait des morts…

DES MORTS!!

Succession

Lundi 9 novembre 2015

Autour du chef, encore à peine froid,

Les héritiers, toujours, se lorgnent et s’épient:

Qui va le premier, au sortir de l’effroi,

Bondir sur l’occasion, dans un débat impie?

« Je suis, dit celui-ci, l’héritier de pensée

Celui qui a toujours sa présence apporté.

_ Ce faisant, tu bloquais, des autres, la portée

Grâce à la bienveillance à toi manifestée.

_ N’avez-vous pas fini vos tristes jérémiades

L’oeuvre est commencée, en avant, camarades!

_ Pas avec toi! _ Pas avec lui _ Pas avec vous! »

L’amer ressentiment de déceptions rentrées

Ressurgit brusquement dans un débat bruyant.

Certains partent pleurants, vraiment désespérés,

D’autres crient dehors, un peu à tous les vents

Exhalent dans médias leurs tristes arguments.

Fourches…Tridents

Dimanche 8 novembre 2015

Quand j’ai eu huit ans

Dans la vieille ferme

J’ai eu droit vraiment

A ma fourche à moi

A MA FOURCHE A MOI!

Je devais déjà, paysan en germe

Manier le foin, la paille, le ray-gras

Debout sur la charge, comme un potentat

Je trônais très fier au milieu des champs.

Les deux jolies vaches de Villard de Lans

Attelées au joug, attendaient devant

Que mon père ait fini le lourd chargement.

Chacun autrefois avait son trident

Qu’on appelait fourche en patois d’antan.

Mon grand-père avait un manche tourné

Ma mère un outil par frêne porté.

Pour mon père, c’est sûr, il avait le choix:

La plus longue servait à monter le foin

Au sommet du « plan » là-haut sous le toit.

La large ramassait les bûches dans les coins

La lourde servait pour les rares fois

Où le chargement était fait de bois

Il n’y a plus de ferme, plus de chars de foin,

Plus de vaches au joug…

Au nom du progrès, des tracteurs partout…

J’ai fait mon chemin…Mon Dieu que c’est loin!

Moulins à café

Samedi 7 novembre 2015

Ah!Je me souviens bien

De ces fameux moulins

Qu’il fallait tourner

En serrant bien les cuisses

Pour les grandes occasions,

Tourner, tourner, tourner

En faisant attention

Que le tiroir ne glisse

(Les maladroits parfois

Se pinçaient bien les miches)

Pour la boisson de roi…

C’était du vrai café

Du Brésil importé…

Comme nous n’étions pas riches

Sur le fourneau grillé

L’orge devenait café

Pour notre déjeuner.

Les plantes aussi!!

Vendredi 6 novembre 2015

Voyez le tournesol aux pleins rayons dorés

Qui fait un demi-tour pour ne point arborer

Aux yeux de l’astre-roi sa fleur tout enflammée

Comme si ce blasphème devait le condamner.

Ah! mais les plantes aussi ont l’esprit religieux

Regardez-les baisser très humblement les yeux

Lorsque le Dieu Soleil fronce trop les sourcils

Et bien s’épanouir s’il caresse leurs cils

Ah! Mais les plantes aussi ont un esprit sensible

Regardez-les faner quand du sec elles sont cibles

Les voyez s’étioler quand elles manquent d’amour

Quand vous ne leur parlez plus depuis quelques jours.

Ah! n’entendez-vous pas lorsque vous les coupez

Leurs sanglots silencieux souvent de lait teintés?

Et comme malheureuses quand vous les piétinez

Elles se fondent en bouillie de sang vert teintée.

Je persiste et je signe

Vendredi 6 novembre 2015

Tant pis pour les sensibles ou les écologistes

Je persiste et je signe, je signe et je persiste

Je voue toujours un culte à la race bovine

Celle de Villard de Lans bien sûr de préférence.

Quand j’entends dénigrer, des vaches, les flatulences

Quand je perçois des cris où hélas je devine

Le refus de donner aux boeufs une existence

Ah! vive les sojas (O G M de préférence?!?)

Guerre au lactose, végétalisme en route

Plus de viande rouge, pour les chiens restera

Je préfère un boeuf un peu cabot sans doute

Sur une belle scène dans un grand opéra

Que sur photos jaunies des bêtes disparues

Que sur photos jaunies d’une ère révolue.

Procès d’ultras

Jeudi 5 novembre 2015

Certains ayatollahs de la cause animale

Se plaisent à hurler en apprenant soudain

Qu’un boeuf à l’opéra subit chaque matin

Les bravos les vivats de cette immense salle.

A bien voir les photos de la bête paisible

Je trouve que leurs cris ne sont pas très crédibles.

Le fils de paysan voit une bête grasse

Donc pas si maltraitée que certains le prétendent:

Quand une tonne un quart veut se faire de la place

Rien ne peut résister les plexiglas se fendent.

Dans la vie d’un boeuf, le choix faut-il le dire,

Est soit de terminer en rôtis dans l’assiette

Ou encore, croyez-moi, c’est bien cela le pire

Pour gâter les toutous de certaines  mauviettes.

En pâtée, en croquettes, en nourriture vulgaire.

Voyez, j’aime les bovins, mais chacun a sa place

Nature par principe instaure hiérarchie

Que ne fait-on procès aux fourmis de main basse

Sur les pucerons qu’elles « traient » à l’infini?

Chemin faisant…

Jeudi 5 novembre 2015

Il attendait patiemment

sur le bord de la route

Comme moi il y a cinquante ans

Pouce levé, confiance toute.

C’était presque un chemin

Non une voie passante

« Ah! Quel est ton destin?

Quelle, l’issue qui te tente?

_ Rejoindre mon amie.

J’arrive de Normandie

Par voiture, par camion

Et je vais à Voiron.

_ Sur si petite artère

Ce sera trop galère

Laisse-moi t’emmener

Vers un grand croisement. »

Ainsi, chemin faisant,

C’est bon de discuter

J’appris tous ses tourments

Et ses félicités.

Senteurs d’hiver.

Mercredi 4 novembre 2015

Passé le temps des confitures

Des fruits d’automne du verger

C’est maintenant une autre aventure

Tartes douces et dorées.

Voici venu un temps magique

Où l’on profite de mille senteurs

Bien sûr la cire encaustique,

Mais les pelures ont si bonne odeur!

Subrepticement, je les glisse

Sur le coin du fourneau

Bien chaud

Ma moitié souvent s’en hérisse:

Je le fais derrière son dos.

Ce n’est point qu’elle déteste

Ces douceurs pour nos narines?

Mais il faut retirer les zestes

Réduits en poussière fine.

Pour le principe, elle rouspète

Mais, autant en profiter

Cela dure temps des tempêtes

Quand on doit rester enfermé.

Intellectuelle!

Dimanche 1 novembre 2015

J’abrite une intellectuelle

Curieuse de toute nouveauté:

Elle dévore « Femme actuelle »

Et même « Lui » si à portée.

Elle a toujours une oreille

A l’aguet des moindres rumeurs

Surtout s’il est question d’oseille

Ou de nouvelles pleines de saveur.

En bon directeur de conscience

Je lui évite les mauvais livres

Ceux qui pourraient parler de science

Ceux qui auraient un parler libre.

Elle se repaît de tout papier

Que je peux laisser trainer.

Quand je la vois ainsi chercher

Je suis lassé, je suis fâché

Je l’enferme dans sa cage:

Là plus de dégâts, plus d’ambages,

Car mes beaux livres de cuisine

Ne sont pas pour une lapine!

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