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Archive pour février 2015

Le bassin

Vendredi 6 février 2015

Dans la cour de ma ferme natale trône un bassin de grand contenance. Il est formé de larges dalles de pierre, hautes de sept décimètres,  épaisses d’une dizaine de centimètres. Presque trois mètres de long, plus d’un mètre de large, alimenté par un triomphe, bloc de calcaire de 40 centimètres de côté et de deux mètres de haut.

 Sur ce triomphe, au milieu d’une forme d’écusson figurent deux lettres majuscules : F. J. : François Jallifier était le père de mon arrière-grand-père. Ce bassin lui fut offert par son beau-père, acquéreur de la bâtisse ( une étable, une grange et, à l’écart, une habitation ruinée par le feu).

Le feu, à cette époque, avec des toits de chaume (paille de seigle récoltée dans la ferme) était une malédiction.

Pour installer son gendre, ce Joseph Pollicand avait construit contre l’étable deux pièces d’habitation (le lieu où je suis né) et commandé à un artisan d’ Autrans, c’est là que la pierre est la plus compacte, ce grand bassin abreuvoir.

Pour l’amener à bon port sur des traîneaux, en plein hiver, il avait fallu  neuf paires de vaches, de ces bonnes vaches de Villard de Lans, aussi fortes que des bœufs…

Je sais cela de mon arrière grand-père, vieillard sec et vigoureux, qui nous emmenait en montagne pour nous conter la vie d’autrefois.

Quand la ferme fonctionnait, les génisses ouvraient la voie pour y accéder le matin alors que l’épaisseur de neige montait jusqu’au ras des fenêtres. Plus tard, après l’exode rural, un hiver  bien neigeux, un de mes fils passant par là _ il devait avoir trois ans _ tout affolé nous déclara « je crois qu’on a volé le bassin » . C’est ce que j’aurais pu dire hier : il est sous un mètre de neige.

Jusqu’aux années1960 ce bassin fut la seule alimentation en eau de la maison. Sur un coin en permanence était posée la planche à laver. Vous comprendrez que les lavages, surtout l’hiver, dans la neige étaient réduits à l’absolu indispensable.

« Sauter » dans son pantalon

Jeudi 5 février 2015

« Saute dans ton pantalon, 

Et arrive pour traire ! »

Disait trop tôt mon père

En toutes saisons.

Si dans le plein été

La formule était fausse :

(Même si le travail, de crasse,

L’avait bien patiné

Debout, un pantalon,

 Droit comme un test ouvert)…

Mais, dans le glacial hiver,

Si, dans l’agitation,

L’habit était tombé

Sur le parterre gelé,

On le trouvait rigide

Comme un vieil arachide.

Février 1956

Mercredi 4 février 2015

Je me souviendrai toujours de ce février-là. Le bassin de la cour croulait sous les glaces épaisses. La neige qu’aucun soleil n’avait jamais chauffée, restait poudreuse, et elle se glissait sous nos guêtres fermées comme une morsure de vipère. Nos galoches ferrées n’étaient pas bien épaisses et nous les couvrions de couvertures usées. Sous les chandails de laine tricotés par les mères, les enfants avaient mis des épaisseurs de journaux : pour une fois, les feuilles aux idées opposées : « La Terre » « Foyer rural » « Dauphiné Libéré » se regroupaient en liasses pour un travail commun. Aller jusqu’à l’école, à pied, il va sans dire, devenait courageux et même, pour certains, éloignés de deux, voire trois kilomètres, de la témérité. Heureusement pour nous, à l’époque, aucune Brigitte Bardot n’avait encore trouvé que les gants de fourrure étaient à rejeter comme d’horribles preuves de méchanceté. Les peaux de nos lapins, séchées et tannées doublaient les grosses moufles, évitaient aux mains de tomber gelées. Au chaud de l’après-midi, il faisait les moins trente : pas question cette année-là de faire des veillées. C’est au creux de l’étable, bien douce chaleur animale que nous trouvions le meilleur de toute la maison. Quand nous nous réveillions dans la chambre glaciale, si une mèche blonde était sortie du lit, elle s’était transformée en un petit glaçon.

La tentation totalitaire

Lundi 2 février 2015

La tentation totalitaire

Est le péché des puissants

Ecouter les minoritaires

Que c’est barbant ! Que c’est barbant !

Ils posent des problèmes pénibles

Qu’on aimerait voir enterrés

Ils empêchent de foncer sur cible

Comme un bélier tête baissée.

Ils voient des trous dans le gruyère

Que l’on pensait assez pressé

Ils gênent les manières de faire

Des lois, des édits bien acérés.

Il faudrait trouver des formules

Derrière des mots, dissimulées,

Pour ôter à toutes les mules

Qui refusent de tout gober

La possibilité de freiner.

Par le scrutin majoritaire

Uninominal appliqué

On avait cru en cela bien faire :

Les minuscules, éliminer.

Supprimer cohabitations

Le quinquennat devait pourtant :

Plus de récriminations

Tous derrière  le président.

Mais il y a ces foutus élus

Qui ont tendance à trop penser

Qui parfois donnent des coups de cul

Veulent toujours trop amender

Ils retardent les discussions

Pour éviter de vains dangers

Voilà qu’ils posent des questions

Voilà qu’ils changent des textes

Qu’on croyait bons pour la nation

Ils arguent de satanés prétextes.

On pourrait les discréditer

Par des campagnes bien orchestrées

Crier bien fort à la volée

Qu’ils coûtent trop cher à payer

Que l’on pourrait les remplacer

Par des fantoches cooptés

Des copains sur qui on peut compter

Puisqu’on les aurait nommés.

Et dans la grande économie

Pourquoi ne pas supprimer

Tout simplement démocratie

Les (chères !) élections faire sauter !

Les Souvenirs

Dimanche 1 février 2015

// Date de sortie

14 janvier 2015 (1h36min) 

Réalisé par

Jean-Paul Rouve

Avec

Michel Blanc, Annie Cordy, Mathieu Spinosi plus

Genre

Comédie dramatique

Nationalité

Français

// Synopsis et détails

Romain a 23 ans. Il aimerait être écrivain mais, pour l’instant, il est veilleur de nuit dans un hôtel. Son père a 62 ans. Il part à la retraite et fait semblant de s’en foutre. Son colocataire a 24 ans. Il ne pense qu’à une chose : séduire une fille, n’importe laquelle et par tous les moyens. Sa grand-mère a 85 ans. Elle se retrouve en maison de retraite et se demande ce qu’elle fait avec tous ces vieux.
Un jour son père débarque en catastrophe. Sa grand-mère a disparu. Elle s’est évadée en quelque sorte. Romain part à sa recherche, quelque part dans ses souvenirs…

Nous avons vu le film.

DEUX versions à la sortie :

Version de ma moitié :

Placée en maison de retraite par ses enfants, après une chute malencontreuse, la grand-mère de Romain dépérit.

Seule la visite de son petit-fils lui rend le sourire.

Un matin, la stupeur saisit la famille : la grand-mère a disparu.

Romain la retrouve dans la ville de son enfance…Où, grâce à lui, elle vivra des instants de bonheur dans son ancienne école au milieu des élèves d’une jeune instit.

Des moments émouvants et poétiques, un film subtil et sensible sur une fin de vie qui montre la force des liens entre le grand âge et la jeunesse

Mon avis :

Bizarre comme un synopsis peut tromper ! Mais il s’agit peut-être là d’une réaction générationnelle.

Je résume à ma manière : après le décès de leur père et une chute malencontreuse de leur mère dans son appartement, 3 benêts de fils ne trouvent pas d’autre issue  (l’un d’eux incarné par Michel Blanc, qui semble avoir toute sa vie *décidé* menant le manège) sans se soucier de ses désirs, en se concertant à peine entre eux, que d’installer celle-ci dans une maison de retraite qui correspond à *leur* conception du bien-être dont leur mère devrait jouir… Dans la foulée, sans rien lui dire, ils vont vendre l’appartement qu’elle habitait.  La mère, qui ne se sent pas prête à s’installer dans un mouroir va s’évader.

Voilà pour la partie dramatique.

Je suis sans doute très mauvais spectateur, je n’ai pas trouvé grand-chose de comique, à part le ridicule de quelqu’un (récemment à la retraite et qui ne se rend pas compte à quel point il est déjà « mort » moralement) qui voudrait déclencher pour une vieille personne les mesures prévues pour des enfants.

 Les minables tentatives de séduction du colocataire non seulement n’apportent rien mais, à la limite sont d’un goût douteux.

Par contre, j’ai vu dans ce film le triomphe de l’élan de vie (plus fort que les calculs morbides) symbolisé par

_ Les jeux d’yeux au cours de la cérémonie d’inhumation du grand-père, et matérialisé par le seul qui paraisse vraiment vivant dans la famille : Romain, le petit-fils.

_L’évasion de la grand-mère, comme un sursaut de vie.

_ Le coup de foudre pour l’institutrice.

_ La visite de la classe, avec tout l’élan vital qui se dégage de la relation avec les élèves.

 

Il n’est pas anodin que le malaise fatal ait lieu avec le paquet de dessins-cadeaux des élèves  sous le bras, comme le bouquet d’amour que les fils avaient cru pouvoir remplacer par des attentions monnayables.

Allez! Rêvez! Rêvez!

Dimanche 1 février 2015

Allez!

Rêvez, rêvez!

Inventez des merveilles

Un monde plein de joies

Et farci de soleil

Et dont la seule loi

S’appellerait bonheur

Allez!

Rêvez, rêvez!

Dans le  fond des nuages

Renversez un écrin

De diamants volages

Qui ouvrent un chemin

Aux caprices du cœur.

Allez!

Rêvez, rêvez!

Dans les branches des arbres

Mettez des lumignons

De petits candélabres

Etoiles par millions

Et d’infinies douceurs.

Allez!

Rêvez, rêvez!

Et sur chaque fenêtre

Venez donc déposer

Un bouquet de mieux-être

Sourire émerveillé

Et clin d’œil charmeur.

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