La grand-mère de ma moitié avait, parmi mille talents, une capacité à régaler son monde avec des recettes que je n’avais jamais rencontrées.
En particulier, elle préparait des tartes à la courge à damner les saints.
Sur une pâte brisée, préparée au saindoux, elle étalait un mélange formé de purée de potiron et d’une béchamel dont le lait, légèrement sucré, avait bouilli avec une gousse de vanille.
Bien refroidie, après sortie du four, la tarte surprenait toujours les invités.
Ayant suivi l’exemple, nous avions reçu un couple d’amis qui se délectaient de ce dessert quand, à la deuxième tranche, le mari demanda quelle pouvait bien être la composition de cette garniture qu’il disait « adorer ». Au nom de potiron, il se leva soudain pour se ruer aux toilettes et cracher le fragment qu’ il avait pourtant redemandé au moment précédent…
Sans doute eût-il préféré une industrielle préparation, bourrée de colorants… ou d’anti-oxydants.