• Accueil
  • > Archives pour décembre 2014

Archive pour décembre 2014

Sauvetage

Mardi 23 décembre 2014

Quand il entendit l’hélico tourner autour de sa tête, l’émotion qui le submergea lui fit de nouveau perdre conscience. Il fallut sept heures d’efforts pour remonter l’accidenté.

 

Note: pardon pour la publication en sens inverse de cette histoire: je n’avais au début envie que de publier la première séquence: longue nuit…. Et j’ai voulu faire plaisir à Jean Louis!

Alerte

Mardi 23 décembre 2014

Martin était commandant de la brigade de gendarmerie de … Quand il reçut l’appel de Marie-Geneviève, il se sentit exulter : enfin, son ami avait eu le courage de plaquer sa mégère ! Mais, le fait qu’il ne se soit pas rendu à son travail l’interrogea quelque peu…

Gilbert, à sa connaissance, n’avait pas de liaison, peu d’amis… Il essaya cependant de joindre un ou deux des gars avec qui il l’avait rencontré, des sportifs, des parapentistes… Personne ne l’avait vu… A tout hasard, il partit faire le tour du canton.

Dans les bistrots, personne n’avait vu l’oiseau. Dans une vie simple comme celle de Gilbert, il n’y a pas de grandes possibilités d’écarts, sauf le grand, celui où on plaque tout, sans jamais de retour. S’il avait eu _ enfin _ ce courage, Martin lui vouerait toute son admiration…

Dans le courant de sa ronde, Martin nota qu’une voiture était garée au terrain d’atterrissage des « volants »… Par temps incertain, quel inconscient s’était risqué à tenter une ascension ? En arrivant au sommet, sûr qu’il avait du faire demi-tour !

Sans faire plus attention, il continua sa ronde… Quand il eut l’illumination : c’était la voiture de Gilbert !  

Dans les minutes qui suivirent, il déclencha le plan d’alerte. Les hélicos se mirent en route pour repérer le parapente…

Comme un vieux nid!

Mardi 23 décembre 2014

Gilbert entendit le moteur comme un ange salvateur : on allait voir sa toile, on appellerait un hélico pour le treuiller et l’emporter à l’hôpital. Il tenta de crier : il ne pouvait pas faire un geste. Avec l’humidité de la nuit, les cordons de son parapente s’étaient rétractés, il sentait ses mains privées de circulation sanguine enfler…

Le ronflement se faisait entendre loin au-dessous de lui : un vieux tracteur monocylindre sans doute pour faire autant de bruit. Trop loin ! Il ne le verrait pas.

Gilbert commença à repenser à toute sa vie passée. Sûr qu’il allait rester perché comme un vieux nid sur l’arbre. Si seulement le vent s’était levé il aurait pu espérer qu’une rafale le décroche…

L’angoisse

Mardi 23 décembre 2014

Ce fut le téléphone qui réveilla Marie-Geneviève. La secrétaire de son mari s’inquiétait : il avait une réunion *hyper importante* dans dix minutes, il avait emporté des documents qu’il voulait revoir hier soir afin d’être prêt… Son absence allait déclencher un cataclysme dans la boutique. Il fallait*absolument* qu’il arrivât au plus tôt…

Marie-Geneviève dut convenir qu’elle ne savait pas où était son mari. Lui, toujours militairement ponctuel, absent sans prévenir, elles convinrent que cela était plus que surprenant… 

Et si… Il était parti comme un fou, en voiture hier, aurait-il eu un accident ? Un accident, ça peut arriver, quand on est troublé, et Gilbert était très en colère… Elle se rassura rapidement : dans le pire des cas, les gendarmes l’auraient prévenue : ils entretenaient de bonnes relations avec le commandant de gendarmerie… Non ! Pas possible ! Il avait ses papiers sur lui, on le saurait.

Marie-Geneviève sentit peu à peu comme une boule qui lui écrasait la poitrine gonfler jusqu’à l’empêcher de respirer : l’angoisse.

Au bout d’une heure, n’y tenant plus, elle appela la gendarmerie. Elle exigea de parler au commandant : elle n’allait pas étaler ses craintes à un subordonné…

Non ! On n’avait pas signalé d’accident cette nuit. Son mari n’était pas rentré ? Il ne s’était pas rendu à son travail ? (Le commandant pensa : enfin !) il n’y avait pas lieu de trop s’inquiéter : l’explication devait être tellement simple qu’elle ne lui était pas venue à l’esprit… Elle devait réfléchir : sûrement, elle repenserait à quelque chose qu’elle avait oubliée…

L’inquiétude

Mardi 23 décembre 2014

Marie-Geneviève s’installa sur le canapé du salon. Elle était toujours aussi énervée, mais elle sentait monter en elle un nouveau sentiment. Un sentiment qu’elle ne connaissait pas : dans toute sa jeunesse, il y avait toujours eu des gens pour lui éviter le moindre ennui, la moindre inquiétude, tout se passait comme si des elfes ou des lutins (certains diraient des anges gardiens) étaient là pour lui aplanir le chemin…

Une question vint s’insinuer dans son esprit : « Et s’il était vraiment parti ? » Elle la repoussa bien vite : il n’avait même pas emporté un slip de rechange, et connaissant sa méticulosité, cela n’était pas possible.

 Pourtant, au moment de son départ, elle n’avait pas reconnu l’homme qui se trouvait en face d’elle… Qu’avait-il bien pu faire ?

Non ! Elle se posait des questions pour rien : il voulait l’inquiéter, prendre le pouvoir sur elle, mais elle, on ne la lui faisait pas de cette manière ! Elle saurait lui rappeler que c’est grâce à elle, à l’argent de ses parents qu’il avait une vie tellement confortable, sans commune mesure avec la rudesse de la vie en caserne.

Toute à ses cogitations Marie-Geneviève s’assoupit.

L’attente de pied ferme

Mardi 23 décembre 2014

La nuit était tombée, Marie-Geneviève, toujours dans sa rancœur, avait consciencieusement révisé tous les reproches qu’elle ressassait à l’égard de son mari, depuis leur mariage. Il allait rentrer comme la dernière fois, et ramper à ses pieds pour se faire pardonner.

Cette fois, ce ne serait pas aussi simple : il faudrait qu’il finisse par accepter d’être présent pour soutenir toutes ses œuvres.

L’obliger à avertir ses parents qu’ils avaient « un empêchement » sans même oser leur dire ce qui s’était passé, quelle honte pour elle !

Pour se calmer, elle feuilletait nerveusement une revue de papier glacé sans arriver totalement à lire autre chose que les titres. Il allait arriver «  la queue entre les jambes » … Plus il tarderait, plus elle serait sévère…

L’heure tournait, la nuit printanière commençait à étendre ses ombres. Il n’était pas encore là ? Une petite incertitude se glissa dans l’esprit de Marie-Geneviève… Et s’il était allé se calmer au bistrot comme il le faisait au temps de ses campagnes ? Elle le verrait alors rentrer saoul, peut-être ? Quelle horreur ! Elle avait entendu parler de ces comportements que pouvaient avoir des personnes ivres… Une légère angoisse se fit jour en elle…

Son feuilleton télé lui paraissait fade, elle ne réussissait pas à le suivre.

23 h… L’explication aurait lieu demain, il ne perdait rien pour attendre ! Marie-Geneviève se démaquilla, passa une nuisette qu’elle ne laisserait pas froisser ce soir, et se glissa dans le lit conjugal, lequel lui parut particulièrement large et éteignit la lumière.

Trois heures sonnaient à l’horloge du salon. Marie-Geneviève réalisa que la place à son côté était toujours vide… Serait-il rentré, et, n’osant se présenter dans la chambre conjugale, dormirait-il sur le canapé du salon ? Elle se rendit à la cuisine pour boire un verre d’eau : elle avait la bouche sèche (cela lui permettait, mais elle ne se le serait jamais avoué, de vérifier son hypothèse)… Personne ! L’inquiétude commença à partager son espace avec la colère : cela n’était jamais arrivé… Il voulait jouer à la mauvaise tête ? Elle l’attendrait de pied ferme.

Colère

Lundi 22 décembre 2014

Marie-Geneviève ne décolérait pas : ce n’était pourtant pas grand-chose que d’attendre que son mari rentre directement à la maison après le travail… Une fois de plus, il avait prétexté avoir été retenu au dernier moment, alors qu’elle était là, à l’attendre… Il savait bien pourtant qu’ils étaient attendus pour un thé chez ses parents !

Tout de même, avec tout l’argent que ses parents leur avaient donné pour s’installer, il aurait pu *au moins* avoir la décence d’être là à l’heure. Ah ! Elle avait du en supporter, des affronts ! Toutes ces soi-disant « missions » qui l’éloignaient pour des mois du foyer… Elle savait bien qu’il y a des militaires qui ne partent jamais en mission, c’est donc bien qu’il les sollicitait !

Maintenant qu’il avait changé de travail, elle espérait bien le voir au foyer de manière régulière… Mais il était souvent « retenu au dernier moment ». Elle se doutait bien que ses manies de militaire le conduisaient à aller « boire un verre »( ?) avec des collègues sans se soucier d’elle qui se morfondait à la maison… Sans compter que, les vieilles habitudes de rencontrer des prostituées, elle se doutait qu’il ne les avait pas abandonnées…

Alors, ce soir, elle lui avait jeté à la figure tous ses doutes.

Elle l’avait vu blêmir, serrer ses poings, il avait fait un geste comme pour se ruer sur elle… Elle en avait eu vraiment peur : oserait-il la frapper ? Mais non ! Il avait tourné le dos, avait bondi dans sa voiture, et, sur les chapeaux de roues, elle l’avait vu disparaître au bout du chemin.

Ah ! Il l’avait laissée dans de beaux draps ! Allait-elle devoir expliquer à son père qui, toute sa vie , était ponctuellement rentré à la maison, que celui dont il ne voulait pas pour gendre se comportait aussi mal avec elle ?

Comment allait-elle faire ?

Dégueulasse !

Dimanche 21 décembre 2014

Dégueulasse !

Oui ! Pas d’autre mot pour qualifier cette remarque d’un commentateur de BFM TV

« La solution pour les parents afin d’ être tranquille pour faire du ski, c’est l’école de ski pour les petits »

Ca leur arrive, à ces parents, de s’occuper de leurs enfants autrement qu’en payant pour déléguer leur responsabilité ?

Longue nuit

Dimanche 21 décembre 2014

A l’instant où Gilbert ouvrit les yeux, il était dans le noir . Le vent lui fouettait le visage, il ne distinguait rien autour de lui. Il sentait que ses mains, liées au-dessus de sa tête, ne pouvaient pas bouger d’un seul millimètre. Il se sentait assis … sur un vélo peut-être… les deux pieds ballants ne touchant pas le sol. Il voulut remuer… Une douleur intense le jeta derechef dans l’évanouissement…

Au bout d’un moment, très long ? Très court peut-être, il se réveilla de nouveau quelque peu… Il se pensa tombé dans une embuscade, son esprit perturbé lui suggéra qu’il  devait se trouver encore en Afghanistan et qu’il était aux mains de violents terroristes qui allaient le torturer avant de l’égorger… « Mais non, disait une voix tu  n’es plus militaire ! Rappelle-toi donc : tu es dans le civil ».Ses yeux se refermèrent, pendant un certain temps. Il était fatigué, si fatigué, rompu… Il ressentit une aile qui frôlait son visage…Diable ! Avait-il perdu la vue ?

Comprendre ! Comprendre ! Comprendre absolument ce qui lui arrivait… La pensée de sa femme lui traversa douloureusement l’esprit. Sa femme ! Il revit le somptueux mariage qu’elle avait souhaité pour épater ses amies. Ses parents étaient riches, elle était seule fille et tellement choyée qu’on ne lui refusait rien. Elle l’avait choisi pour son bel uniforme, parce qu’elle lui trouvait un air martial qui la faisait frissonner. Mais quelques temps plus tard, elle ne supportait plus qu’il doive s’absenter au gré de ses missions… Elle l’avait tant bassiné, supplié, morigéné qu’il avait finalement accepté de demander sa radiation des cadres… Pas dans les meilleures conditions, mais pour avoir la paix dans son ménage…Il avait cédé.

Il s’était recasé dans une boite moyenne où on lui demandait d’exiger des autres ce qu’il n’aurait, à l’armée, pas senti possible de demander à ses subordonnés. Il se sentait mal, bien souvent quand il comprenait que son principal rôle était de pousser à la faute des gens qui depuis longtemps avaient très bien servi, mais que des financiers trouvaient bien trop coûteux… Le mal se réveilla dans un éclair de douleur qui le traversa de part en part.

Toute son énergie fut pompée par le mal.

Comprendre ! Comprendre ! Comprendre absolument ce qui lui arrivait… Son esprit se remit à recaser les choses dans un ordre précaire mais il s’organisait… L’écho d’une dispute lui revint confusément, d’un reproche indu, d’une telle injustice qu’il en avait été profondément révolté. Son sujet ? Voyons ! Cela ne revenait pas… Il se voyait partir pour ne pas prendre sa tête entre les mains et l’éclater d’un coup contre l’angle du mur où elle se tenait pour cracher ses injures…

Il se voyait partir, monter dans la voiture et rouler au hasard, pour tenter de se calmer…

Comprendre ! Comprendre ! Comprendre absolument ce qui lui arrivait… Que faisait-il donc là ? Assis sur… Une branche ! Il aurait donc sauté de la route longeant cette paroi rocheuse qu’il avait toujours aimé admirer au passage ? Mais alors ces mains, liées au-dessus de sa tête, comment les expliquer ? Qu’avait-il fait ??? Petit à petit, il se vit ouvrir le coffre du véhicule… Il y avait là son sac de parapente… Grimper jusqu’au sommet pour s’offrir un vol, ça serait plutôt bien… Il se voit jeter un oeil au ciel : peu de vent apparent… Il avait BESOIN de s’offrir ce  saut…Il avait gravi la côte avec la vigueur que sa colère qui n’avait pas cessé augmentait grandement.

Il se voit étaler largement sa toile avant de se lancer , courir à toutes jambes avant de se laisser emporter dans les airs … Il n’avait pas prévu la rafale soudaine qui l’avait projeté au cœur de la forêt.

Attendre ! Il n’avait plus qu’à attendre, espérant qu’un avion ou un hélicoptère aperçoive la toile au milieu des feuilles… Sinon … Puisqu’il était parti, ce n’était pas sa femme qui irait se vanter de leur altercation…Elle raconterait qu’il avait osé la quitter.

 Sa voiture garée au bas de la montagne ne suggérerait pas qu’il ait pu s’envoler…N’avait prévenu personne : parti sur une impulsion !

Au pire dans six mois, à la chute des feuilles, les chasseurs trouveraient accrochés à une grande toile suspendus dans les  branches ses ossements séchés dévorés par les vautours.

Le jour s’était levé quand un bruit de moteur se fit entendre…

Pour une histoire de vache folle

Samedi 20 décembre 2014

Comme il sortait de l’étable, Jean comprit que c’était fini. Il revoyait ce temps , naguère, où le bâtiment était plein de meuglements et de caresses, de pis à traire et de veaux gras. Il avait suffi d’une visite du vétérinaire du coin, la ferme dès lors avait été maudite cernée par la maréchaussée, plus d’accès sans  patte blanche, désinfection comme des lépreux. Et ce camion sous bonne garde venu charger à la filée, les vieilles vaches et les génisses, les broutards, les petits veaux, les produits de cent ans de méticuleuse sélection.

 Peu importe aux politiques qui ne savent que traiter des dossiers, les sentiments de ceux qu’ils visent, si ce sont des êtres vivants, de sa famille quelque peu, qu’ils ont décidé pour le bien, disent-ils, de l’humanité, de détruire pour conserver la santé.

Que n’avaient-ils, ces politiques, qui savent tout, comme il se doit, interdit les farines maudites au lieu de tuer sous son toit.

Il tira les portes, mit un cadenas bien fermé. De la maison boucla la porte il ne fallait pas inquiéter. Tous penseraient qu’il était parti  pour… oublier.

Le vieux puits, au temps naguère permettait, en prenant au fond, dans la nappe phréatique, l’eau nécessaire à la survie…

Puisqu’il était pestiféré…

Le temps qu’on comprenne l’affaire ses restes l’auraient vengé.

12345