Ma moitié a voulu faire un gratin dauphinois (vous savez ce bon gratin de pommes de terre cuites dans la crème…MIAM !)
Pourtant, aujourd’hui, elle a été un peu déçue : les pommes de terre n’avaient pas bien « fondu »…
Elle avait pourtant utilisé les mêmes pommes de terre que d’habitude (enfin, la même variété : des bintjes).
C’est là que me sont revenus les rites concernant les pommes de terre.
Soit, il était tôt dans la saison, et on plantait « dans la raie » entendez qu’on ouvrait un sillon à la charrue, on disposait du fumier par petites fourchées tout au long, et, entre les petits tas, on posait une bouture (la moitié ou le tiers d’une pomme de terre comportant au moins 2 yeux). La charrue revenait, au pas lent de nos vaches de Villard De Lans, couvrant la plantation, avant d’ouvrir un troisième sillon qui subirait le sort du premier…
Soit le printemps trop pluvieux avait interdit de planter dans la raie, alors, on plantait après avoir bien fumé et labouré, en surface « à la pioche » de 50 cm en 50 cm.
MAIS, et c’est là qu’était le plus important, on ne plantait pas dans n’importe quel sol :
Les sols en pente, caillouteux, bien drainés, donnaient des pommes de terre plus petites, mais d’excellente qualité .Les sols humides du fond de la vallée donnaient de grosses pommes de terre, mais bonnes, pour nous, à donner aux cochons…
Nous ne cultivions pas de pommes de terre pour les vendre… Mais on disait dans les veillées que certains avaient deux terrains de culture : un en pente, l’autre dans le bas. Quand un acheteur venait leur acheter un sac de tubercules, ils leur présentaient deux paniers… celles de marais partaient sans difficulté : elles étaient plus belles…Et les paysans se régalaient toute l’année avec les meilleures patates.
Eh ! Bien voilà ! Bintjes ou pas, celles que nous avons utilisées doivent être des plants « de marais »…
Tant pis ! Il y a 5 coquelets qui s’en engraisseront !