Une affaire a secoué ces derniers temps l’opinion : il s’agit de la création d’une ferme de 1000 vaches.
Elevage industriel, sans espace de verdure, nourriture artificielle…
Sans faire miennes toutes les critiques (il faudra bien trouver des solutions pour alimenter la population de la planète ; le traitement des effluents, la méthanisation des déchets ne sont pas des points négatifs) je partage un peu l’émotion des manifestants –voir 30 mars 2014 « pauvres vaches »_ à propos de la condition des animaux…
BON ! D’accord ! Les vaches sélectionnées pour ce genre d’incarcération font partie de celles dont la concurrence faillit, avec la complicité des politiques, faire disparaître la belle race de Villard de Lans … Mais elles ne méritent pas cela…
Le promoteur de l’opération n’est même pas un éleveur _ jamais un éleveur digne de ce nom ne concevrait une pareille horreur _ mais un investisseur financier…(dans l’immobilier ai-je cru comprendre ?)
J’arrête sur le sujet.
Laissez-moi vous raconter une histoire vraie qui s’est passée dans mon pays.
C’était l’entre deux guerres. Un enfant du pays, ingénieur de son état, avait épousé une riche héritière qui n’était autre que la veuve de son patron.
Dans le contexte de réarmement de l’époque, ses affaires, tournant autour de l’exploitation du soufre, étaient florissantes (la poudre !!)
Voulant naturellement faire profiter son pays natal de ses connaissances, de ses compétences et de ses atouts, il propulsa le plateau dans la direction du tourisme huppé. De grands hôtels, grâce à lui, s’érigèrent pour accueillir les fortunes du moment, les têtes couronnées…
Pour le divertissement de cette clientèle, il avait compris que des espaces semblables à ceux des States étaient nécessaires.
Il se trouvait que, chez nous, au temps des vaches laboureuses, tant pour la richesse de la terre que pour la commodité du labour (la terre tourne mieux vers le bas) le fond de la vallée, humide, était plutôt réservé aux pâturages (on risquait en cassant la « peille » de « perdre les vaches »= on risquait en labourant de voir les vaches s’enliser) …Chacun y avait sa parcelle…De maigre valeur agricole, chacun en convenait. Il imagina de créer un golf sur le modèle américain…
Sans rien dire, d’abord, il se mit en quête de toute parcelle à vendre, quitte à la payer assez cher, parmi les terrains en pente, les terres riches… Ces espaces étaient un peu épars et loin de sa maison natale, les paysans regardaient cet emploi de l’argent comme caprice de parvenu…
Bien entendu, si dans « le plat » une parcelle se trouvait à vendre, il l’achetait, mais pour sa valeur c’est-à-dire peu d’argent…
Vint ensuite la deuxième partie de l’opération : lot par lot, il chercha de quoi rêvait le propriétaire des parcelles de pâturage. Pour ce faire, il chargea un de ses amis de « faire parler » les gens en question.
Tel avait besoin d’argent, un autre convoitait une parcelle près de chez lui, un autre regrettait que « Pierre » ait payé aussi cher telle terre qu’il convoitait…
Le mandataire au bout de plusieurs mois pouvait faire un gigantesque « remembrement »grâce à des échanges multiples dont chacun se trouvait satisfait … Et la zone de pâturages fut réunie dans une seule propriété, sans valeur agricole, mais toujours verte grâce à son humidité…Trente, quarante ou cinquante hectares, je ne saurais le dire prirent donc le nom de « golf »… Les travaux d’aménagement du parcours commencèrent peu avant…La déclaration de guerre qui mit le projet par terre.
Au gré des méandres des hauts et bas engendrés par les hostilités, il se trouva que « Pierre » perdit la propriété au profit d’un chirurgien de Paris…
Le « golf » redevint pacages pour les anciens propriétaires qui payaient un fermage au nouveau proprio… Cela dura une bonne douzaine d’années, puis, les gens de la capitale ayant pas mal souffert des restrictions de la guerre, il vint à l’idée du fils du praticien (ingénieur agronome) que cette propriété, immense à ses yeux, pourrait être, conduite par quelqu’un de bien formé, une mine d’or…
C’était le temps des grosses attaques contre notre Villard de Lans…
Balayés, les fermiers, une énorme bâtisse d’exploitation pour élever un nombre de vaches qu’on n’avait jamais rassemblé sortit de terre. Un jeune formé aux bonnes méthodes de culture et d’élevage fut embauché comme directeur d’une équipe de soigneurs… De vaches venues d’ailleurs…
Je ne me rappelle pas si cela dura dix ou douze ans avant que la banque ne mette en vente le site hypothéqué qui devint ô miracle ! Un immense lotissement de chalets de vacances…
La ferme aux 1000 vaches, construite sur des terrains agricoles inconstructibles par un promoteur immobilier( ?) que sera-t-elle dans 20 ans ?