Etre d’ici?

Etre d’ici…
Je me rappelle du grand éclat de rire du Zaïrois qui squattait une vieille ferme près de ma maison natale quand je lui ai déclaré que j’étais un indigène du village…
« Je vais vous envoyer les missionnaires » m’a-t-il déclaré…
Mais voilà ! Malgré les quatre siècles dont j’ai la trace par des actes notariés, de la présence de ma famille (de mes racines ?) sur place, je ne suis plus d’ici…
Mais je ne me sens pas d’ailleurs non plus !
Je suis, c’est tout et c’est déjà pas mal.
Je n’étais pas parti « à l’insu de mon plein gré » pour pasticher un sportif… On nous répétait tant que la terre ne nous nourrirait plus, qu’il FALLAIT faire autre chose pour survivre ! Ceux qui, pendant X générations étaient sûrs que le sol était ce qu’il y a de vrai, ne rêvaient plus pour leurs enfants que d’autres métiers…L’Etat, les médias, les curés, les enseignants ne juraient que par l’avenir industriel…La ville.
Je suis parti. Je me suis DERACINE .
Mes fils, malgré les diverses nominations qui ont jalonné ma carrière, ont eu la possibilité de se tisser des racines dans le village où ils ont grandi… Mais ils seront eux aussi des déracinés. Pire, je crois, aurait été leur sort s’ils avaient du vivre dans le village même où je travaillais…
J’ai étouffé dans la maison de leur enfance…Si ma moitié s’y trouvait bien(elle était spacieuse pour ce qui est des 7 pièces à vivre) si mes enfants s’y trouvaient bien (ils avaient une immense bande de copains qui emplissaient la maison et le quartier de leurs jeux, de leurs cris, de leurs alarmes) les grands espaces me manquaient…Les animaux, LA TERRE. Je n’ai pas développé de racines adventives ou très peu.
Retourner à mes racines ? J’en ai rêvé ! Je l’ai fait. Mais une plante déracinée ne se réimplante jamais de la même manière…
Je ne suis plus d’ici
… On ne me reconnaît pas comme d’ici, je semble aux autochtones une tumeur dangereuse.
A éradiquer !

7 Réponses à “Etre d’ici?”

  1. Sidonie dit :

    Il me semble avoir laissé quelque part un texte qui traite du même thème. Je me demande si tel est le cas de bien des gens d’une certaine génération. En tout cas des hommes qui durent au moins partir pour faire « leur service » (que je ne cautionne pas non plus).
    Et pourtant ceux d’ici se sentent tellement d’ici…. Ils ne vont jamais bien loin, se font construire des maisons sur une terre qui jouxte celle où sont implantés leurs parents (ou qui leur appartient), on se marie pas loin, on ne va jamais voir ailleurs…. Mon fils qui vient de tellement loin, lui, me parle de son plus grand ami depuis le CP : tu vois, pour M. c’est fini, il va se marier ici, faire des enfants ici, ne connaîtra jamais rien d’autre….
    Pour en finir avec ceux d’ici, moi qui n’en suis pas, qui suis tombée en ces lieux comme un cheveu sur la soupe, voilà plus de quinze ans que la voisine d’en face me dit : faudra quand même venir boire un café… (je ne compte pas ceux qu’elle a bus chez moi).

  2. almanito dit :

    Une notion que je ne connais pas. Depuis des générations on n’a jamais rien possédé dans ma famille, ni terre ni maison « de famille ». Je me sens de partout et de nulle part mais je comprends les gens qui sont attachés à leur terre, surtout ici en Corse où elle est très convoitée, et aussi ceux qui, déracinés pour diverses raisons, ont du quitter leur pays et sont si malheureux.
    Je pense à tous ces exilés qui végètent à Calais par exemple, à la tristesse sans fond qui doit leur serrer les tripes, aux Chibanis qui vont finir leur pauvre vie dans les sombres replis d’une banlieue déshéritée, seuls et si loin de chez eux, qui n’est plus vraiment chez eux.

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