Archive pour mars 2014

Lettre à une mère biologique (4)

Lundi 10 mars 2014

Même pour mon mariage, il fallut composer
N’inviter en mairie que des gens initiés.
Et lorsque la famille élargie aux cousins
Pouvait être présente on m’envoyait au loin…
Quand par inadvertance, je croisais l’un d’eux,
J’étais la visiteuse, venue un jour ou deux.

Oh ! Mais , je n’ai pas de regrets immenses :
Ma mère de cœur m’a très bien élevée
Loin du gratin, veillant à la dépense,
Elle m’a appris à toujours me lever
Pour soulager le chagrin, la douleur,
De tous ceux qui saignent dans leur cœur.
Quand elle fut et vieille et impotente
C’est volontiers qu’elle trouva chez nous
Qui la soigner, éviter la descente
Reconquérir ses forces, être debout.
J’aurais, pour elle, plus fait, si possible
De tout mon cœur plein de reconnaissance
Jusqu’à ce jour pour moi, une perte horrible
Où elle partit dans la divine essence.

Elle reste ma mère aujourd’hui comme avant.

Mes demi-frères, demi-sœurs par le sang,
(Ceux qui hurlèrent au crime de lèse majesté
Quand mon fils par inadvertance
Les horrifia en un jour des vacances
Vous appelant grand-mère, par un beau soir d’été)
Trouvent normal, aujourd’hui que vous êtes
Presque sans toit, des autres dépendantes
Que je vous ouvre grand mes deux bras secourables
Je ne dirai pas non, non parce que c’est la loi,
Mais en vous recevant chaque année quelques mois
Je recevrai en sœur, et non en descendante….

Quant à vos dévotions, messes, bondieuseries,
Ne comptez pas sur moi : vous prendrez un taxi.

Réponse à lettre 3

Lundi 10 mars 2014

C’est vrai ? Ah ! C’est possible !
Ecrasée par le flot de maternités
Je prenais n’importe qui pour cible
J’étais vraiment très fatiguée.
Je sentais la panique à l’idée d’affronter
Le scandale qu’aurait déclenché
La vérité.

Lettre à mère biologique 3

Lundi 10 mars 2014

L’été, l’orphelinat chez les nonnes
Etait mon lieu de réjouissances :
Pour protéger votre opulence
Il fallait absolument que personne
Et surtout pendant les vacances
Ne connaisse mon existence.
Mon origine aurait porté ombrage
Dans le regard de votre nouvel entourage.
Vous rouliez Ferrari, Maserati, Alpine,
Je faisais des poupées vendues à mes copines.
J’étais, quand par hasard vous me preniez,
« Votre bonne » à ce que vous prétendiez
_ En plus coûteuse, aussi, vous le disiez_
Un jour, même, chez la trisaïeule
Ne m’avez-vous pas présentée
(« Quelle est donc cette fille seule ? »)
Comme la nurse à mes frères affectée (??)

Réponse à lettre 2

Dimanche 9 mars 2014

Je n’étais que mineure
Après avoir fauté
Je n’avais rien à dire
En ville , on m’a envoyée
Pour faire des études
Les choses décidées
Admettons qu’elles soient rudes
On me les a imposées.
Et puis, le temps aidant
Seize à vingt et un ans
Ce que l’on affirmait
J’ai fini par le croire
Mon cerveau vacillait
Drôle de coupe à boire.

Lettre à mère biologique (2)

Dimanche 9 mars 2014

Vous dire le mot maman
Ne me fut pas permis
Pendant vingt et un ans
Vous ne m’avez rien dit.
Quand « votre » mère
Au bout de dix-huit mois, décida
D’être pour moi ce que vous n’étiez pas,
Il ne fallait surtout jamais
Que quelqu’un apprenne qui j’étais :
Pas à l’école de notre voisinage
Au regard de tout l’entourage
Je n’étais que votre sœur, moi aussi je l’ai cru,
Et pour la famille, au-delà de la tribu
Je n’étais pas, il fallait qu’on me cache.

Réponse de mère biologique

Samedi 8 mars 2014

A quatorze ans,
Je n’étais qu’une oie blanche
A la merci d’un G I conquérant
Venu de loin pour libérer la France.
Une fille-mère était pour la famille
Un affreux, horrible déshonneur
Etre la cible de toutes les escarbilles
Jetées de loin par l’armée des censeurs.
Voyant un jour la grosseur de mon ventre
Sur le conseil de certains confesseurs
On m’enferma, en prison, dans un centre,
Loin des yeux de tous les détracteurs…
J’étais perdue, je ne savais quoi faire
Prendre un bateau pour franchir l’océan
Aller peut-être rejoindre le militaire
Mais on n’était jamais libre à seize ans….

Odeurs…

Samedi 8 mars 2014

Surtout jamais ne déduisez
Que seulement je me contente
D’asseoir ma panse proéminente
Derrière la table du déjeuner.

Quand je pénètre dans la maison
Plein de fumets qui sentent bon
(Un zeste d’orange grillé
Parfume doucement l’entrée)
Viennent chatouiller mes narines.
Pas de menu dans la vitrine
C’est à moi de deviner
Quel sera le dîner
L’odeur de bouquet garni
Toute la cuisine emplit
Civet de lapin ?
J’ai faim !

Lettre à une mère biologique (1)

Vendredi 7 mars 2014

Ah ! Je le reconnais, Madame,
Vous étiez très fière de moi
Tellement que ce fut sans drame ,
Je n’avais même pas un mois,
Que vous confiâtes à l’Assistance
Cet encombrant petit paquet
Qui allait vous créer souffrance
Qui toute la famille gênait .
Si vous revîntes un peu plus tard
Sur la première décision
Ce fut pour me mettre au hasard
Chez une nounou d’occasion…

Un jour de mauvais temps

Vendredi 7 mars 2014

Un jour de mauvais temps, ma moitié m’a trainé au cinéma .
Il faisait un temps de chien : pluie, bourrasques, froid.
Pas de places au parking proche: les salles devaient être combles. Une queue impossible à chaque caisse automatique. Nous avions de l’avance, mais après toutes les déconvenues, il ne restait que trois minutes pour grimper les escaliers jusqu’à la salle avant le film.
_ Mais si ! Je t’assure, Meryl Streep, Julia Roberts dans
« Un été à Osage County » il ne faut pas rater ça !
O.K. Meryl Streep est une grande actrice. Elle excelle aussi bien dans ce rôle de mégère que dans les rôles dramatiques . Julia Roberts tient bien sa place aussi dans ce grand lavage de linge sale en famille après la mort du héros. Un torrent de haine refoulée pendant trop d’années.
Le film était à l’image du temps du jour, déprimant.

Barrière incongrue

Jeudi 6 mars 2014

Une minuscule pensée
S’est glissée entre les pavés
« Comment as-tu pu t’égarer ?
Tout le monde va te piétiner.
Oui, mais si je t’arrache,
Je ne pourrai te replanter
Il est bon que tu le saches
Je risque de trop te blesser. »
C’est ainsi que j’ai élevé
Une barrière incongrue
Au milieu de la cour dallée
Pour protéger la nouvelle venue

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