Savoir lire, ça peut servir

On parle beaucoup des dégâts des inondations, mais, autrefois, il était courant qu’une partie de la ville de Vienne circule en barque pendant plusieurs jours suite aux débordements du « taureau furieux ».
Avant l’aménagement du Rhône, les rives du fleuve étaient formées de lônes, petits ilots temporaires, sur lesquels croissaient des osiers de toutes sortes.
Cette zone, inhabitable une partie de l’année, était le domaine des braconniers, de sans abris, des bohémiens qui arrêtaient leur roulotte le temps de récolter et de confectionner sur place les paniers que les femmes iraient vendre dans les fermes voisines.
Leurs enfants, parce que les gardes champêtres des villages faisaient leur travail, allaient s’inscrire, pour quelques jours à l’école du village.
Comme ils passaient chaque année, ils établissaient finalement des relations avec les autres garçons ou filles (c’était l’époque de la ségrégation) mais se montraient réfractaires, parfois même assez violemment à l’apprentissage de la lecture.
Un jour, pour essayer de comprendre, je suis allé acheter un panier au grand-père d’une famille habituée à séjourner plusieurs semaines d’affilée.
Pas bavard, le grand-père, j’ai essayé de lui parler des panneaux le long des routes…
« On n’a pas besoin de panneaux pour savoir où on veut aller »
_ Votre petit-fils n’est pas bête, il pourrait apprendre à lire en quelques semaines, chaque année, suffisamment quand même pour vivre mieux.
_ Vous croyez ? Vous vous trompez ! Chez nous, ceux qui savent lire ce sont ceux qui sont restés en prison longtemps »
Que répondre à cela ?
C’est l’année suivante qu’une idée m’est venue :
Ils avaient troqué la vieille roulotte contre une camionnette…J’ai expliqué au garçon qu’il vaut mieux savoir lire avant de signer ce qu’écrivent les policiers quand ils vous arrêtent sur la route.

2 Réponses à “Savoir lire, ça peut servir”

  1. tardlesoir dit :

    Il existe un récit que vous connaissez peut-être mais dont j’ai malheureusement oublié le titre, l’histoire réelle d’une jeune institutrice qui réussit, par divers biais, à attirer les gamins d’un camp de bohémiens vers la lecture. Tout au début, je crois, elle se contentait de stationner près du camp, et de rester là, dans sa voiture, à attendre. Ce fut long mais elle obtint certains résultats. Une belle histoire.

  2. 010446g dit :

    Cela confirme la multitude des approches pour déclencher l’appétence

Laisser un commentaire