Voyage d’école, voyage du village

Jusqu’à la fin des années 60, il était coutume, en juin, d’organiser un voyage pour terminer l’année scolaire.
Dans les villages, cette sortie revêtait une importance capitale : c’était le voyage du village.
Le départ se faisait aux aurores, c’est qu’il fallait compter avec les nombreux arrêts indispensables pour « vidanger » les estomacs remués par les odeurs de gas-oil du car et les secousses de la route. Il fallait aussi compter avec la soif inextinguible d’hommes habitués à trimer aux champs et dont la mesure habituelle avoisinait les six litres de piquette… Un bistrot= un arrêt !…Soif, mais aussi besoin de trouver le long de la route un lieu bordé d’arbres pour que ces messieurs puissent aller décharger leur vessie. Les femmes buvaient moins. Elles étaient moins gênées par l’absence d’arbres : elles se tiraient un peu à l’écart, écartaient les pieds, tiraient légèrement le haut de leur longue jupe vers l’avant sans desserrer la ceinture et pissaient DEBOUT : elles ne portaient pas de string, ni de culotte ! (J’ai compris tout petit pourquoi les belles dames à une certaine époque avaient choisi les crinolines : pour ne pas risquer de mouiller le jupon).
La visite, elle n’avait de l’importance que dans l’esprit de l’instituteur ou de l’institutrice choqués souvent quand le surlendemain, les élèves, parlant de ce qu’ils avaient vu, attribuaient plus d’importance aux couleurs des vaches dans les prés qu’au site exceptionnel visité.

3 Réponses à “Voyage d’école, voyage du village”

  1. tardlesoir dit :

    Oh! Que vous me rappelez de choses!
    - ma grand-mère Blanche faisait pipi tout debout : petite, ça me fascinait et je regardais en coin en faisant semblant de ne pas voir.
    - les hommes de mon village disaient « le vin rouge, ça r’fait le sang! » Comme chaque matin, mon père instituteur faisait une lecture moralisante. Ce jour-là, c’était « Le Petit fût » de Maupassant puis il écrivit au tableau une phrase contre l’alcoolisme à recopier dans le « cahier du jour ». Remarque d’un élève (12 ans) : « Il a beau dire, c’est quand même bon un p’tit canon ». Quant à l’employé municipal qui balayait les classes, sa femme venait parfois le rechercher avec la brouette.
    Très joli texte!

  2. tardlesoir dit :

    J’ajoute, pardonnez-moi de revenir, que ces voyages ont trouvé un nouvel élan dans de prétendus jumelages. Je connais bien ceux entre les villages autour de chez moi et des villages allemands. Ce sont surtout des retraités qui s’embarquent. Personne ne connaît la langue de l’autre. Mais tout est prétexte à gueuletons un peu bas de gamme et à un véritable trafic de vin, de bière, de spécialités locales avec la complicité d’un transporteur tout aussi local qu’il n’est pas besoin de payer… On peut tout juste dire : si ça les amuse, ça ne fait de mal à personne….

  3. 010446g dit :

    Je pensais juste, au passage, signaler que les positions pour uriner n’ont rien d’ancestrales. Elles ont évolué avec les modes vestimentaires.
    …Et les jeunes hommes si sûrs que la position « debout » est la meilleure découvriront au gré de l’évolution de leur prostate que, pour le confort, on arrive vite à choisir de s’asseoir (parole d’expérience).
    Pour l’alcool, j’ai eu un élève de fin d’études qui arrivait parfois ivre l’après-midi… Pas question d’en parler au père: il ne dessoulait pas… Il fallait pourtant, vaille que vaille essayer de faire comprendre qu’il valait mieux rester mesuré.
    Pour ce qui est des jumelages, d’accord avec vous.

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