Tous les matins

Tous les matins je t’imagine
Alors qu’il fait encore tout noir
Eteignant le réveil en sourdine
Et bondissant vers le devoir ;
Ruisselante dans la baignoire,
Des céréales ou des biscottes
Une tasse de lait à boire.
C’est qu’il faut déjeuner très vite :
Le car ne fait pas de cadeaux.
Dans le froid, monter en voiture
Le moteur n’est pas encore chaud
L’arrêt est là, et l’aventure
Va commencer pour la journée.
Un coup d’œil et tu embarques
La personne que tu peux voisiner
Echange avec toi des remarques
Et quelques mots sur la matinée.
Ainsi chaque jour, de car en bus
Tu rejoins l’université…
Journée de cours au terminus
Et de recherches effrénées :
C’est fou ce qu’il faut apprendre
D’arrêts, d’articles et de lois
Pour un jour pouvoir prétendre
Avoir un doctorat en droit.

Cible

Si tu as une cible
Au milieu de ton dos
On dit des choses horribles
Qui font frémir ta peau
Laisse les chiens qui bavent
Déverser leur poison
Les mots dont ils se gavent
N’ont aucune raison.
Si quelqu’un est sali
Ce ne peut être toi
La bouche qui vomit
Ne peut gâter ta foi.
A propos imbéciles
Faut-il donner du poids?
Tout cela trop futile
Ne doit pas être loi.

Conseil de père… Autrefois!

Croyant me donner un vrai conseil « d’homme à homme »un jour mon père m’a expliqué :
« si ta femme est pénible à supporter, il n’y a qu’un moyen que personne ne te reprocheras : fais lui des enfants en grand nombre, ça suffira à la calmer »
En me donnant ce conseil, avait-il seulement pensé qu’il qualifiait ainsi sa mère (il la vénérait pourtant !) qui avait neuf fois enfanté ?
Eh ! oui ! c’était ainsi, dans la France d’avant 68 !

Salut et respect

Ah ! on les a entendus,tous les réacs du pays, quand Neuwirth a présenté la loi autorisant la pilule !
Certains auraient même exigé que ce soit seul le mari qui ait le droit de décider…Comme s’il était celui qui, dans les maternités, épuisantes risquait sa vie.
C’est vrai que les héritiers de ceux qui eurent besoin d’un concile pour décider si les femmes ont une âme en furent tout révolutionnés.
Il fallut bien qu’il ait été un héros parmi les héros pour avoir OSE dans les rangs de l’UNR présenter un texte aussi moderne. De Gaulle lui aurait reproché : « Vous voulez-donc que les Françaises baisent ! »
Je salue son audace et les progrès qu’il a permis.

Très indécent

Je trouverais très indécent
De vieillir vraiment trop longtemps
D’aller prendre des mines fières
Au milieu de cimetières
Alors que tous mes amis
Depuis longtemps seraient partis.
Et que même mes enfants
Seraient déjà chenus, croulants.
Je trouverais très indécent
De vieillir vraiment trop longtemps
D’être désséché comme pruneau
Avant d’atteindre le tombeau.
De n’être même plus capable
De manger tout seul à table
De reconnaître mes descendants
De parler intelligemment.
Je trouverais très indécent
De vieillir vraiment trop longtemps …

Dans la géhenne

Elle cheminait sur la route
Glissante et fort enneigée
Inconsciente sans doute
De ce qu’était le danger.
Je la voyais octogénaire
Et même plus peut-être bien.
Je lui expliquai nécessaire
De marcher au bord pour son bien.
Elle grimpa dans ma voiture :
Je devais la rassurer.
Elle me conta l’aventure
De sa vie toute désolée.
De quatre fils, elle était fière
Beaux et forts comme Hector de Troie
Mais la vie, cette meurtrière
D’un accident lui en prit trois
Il lui restait le quatrième
Qu’un cancer rongeait gravement …
Alors, voyez, quand bien même
On me tuerait par accident
Cela soulagerait ma peine.
Car c’est bien dans la géhenne
Que je me débats maintenant…
Car c’est bien dans la géhenne
Que je me débats maintenant !
Car c’est bien dans la géhenne
Que je me débats maintenant !!!

Le chemin de l’école

Voilà un film que les ados de notre opulent pays, capable d’éviter aux enfants la moindre peine, la moindre fatigue imposée devraient voir.
Lorsque le droit de se rendre à l’école est une chance, un privilège, même au prix de lourdes difficultés, on voit quelle est la volonté des écoliers.
Les « sécheurs de cours » de France, en le voyant, réaliseraient peut-être à quel point l’obligation qu’ils détestent est une bénédiction.

Tout feu, tout flamme.

Je suis tout feu tout flamme
Le croirez-vous ?
Dès que je vois une femme
Je m’enflamme comme amadou.
Que ce soit dans une fête
Dans un hyper ou dans la rue
Celle qui sourit, je guette
Mon regard est à l’affût.
Sur le parking aussi parfois
Mon cœur se trouve aux abois.
Qu’une fée d’un carrosse surgisse
Il faut aussitôt que j’agisse
Que je lui tourne un compliment
Que je la hisse au firmament.

Le vieux pommier

Le vieux pommier s’est effondré
Sous le poids de neige mouillée.
Ses branches ont d’abord plié
Puis, dans un fracas débridé,
Sur un souffle inopiné,
Vers le sol il s’est penché,
Complètement déraciné.
Le verger en a tremblé :
A qui le tour ? A dit le plaqueminier.
Le pêcher agenouillé
En position de prière
S’est un peu secoué :
Pas le mien, du moins j’espère !
Le prunier s’est ébroué
A jeté sa charge par terre.
Le poirier bien solitaire
Dans le coin mieux abrité
S’est tu de peur de faire
Surgir la fatalité.

Matin agité

Bien au chaud sous la couette
J’entends le vent , j’entends la pluie
Puisque dehors c’est la tempête
Pourquoi se lever aujourd’hui ?
Je vais rêver de jours d’été
Au grand soleil sur le jardin
Entendre les oiseaux chanter
Et sentir l’odeur du foin.
Pour le travail, il peut attendre
Il est tranquille, il est patient
Pour le travail, il peut attendre
Là où on le laisse, il attend.
Tant pis pour ceux qui ont pensé
Que je viendrai les visiter
Tant pis pour ceux qui ont pensé
Que j’irai poèmes réciter
C’est décidé, je reste quiet
Dans mon petit nid douillet.