Comme l’orange de noël
Gardée au chaud comme un trophée
Tu as retardé, mis au gel ,
Ton pucelage objet sacré.
Pas encore, c’est trop tôt,
Pensais-tu à chaque occasion
J’attends encore, savoir plutôt
Si c’est sûr le bon compagnon.
Jours et semestres ont défilé
Jamais le jour, jamais l’année,
Et sous ton front déjà ridé
En désarroi sont tes pensées.
Comme le fruit bientôt séché
Soudé sur la branche d’hiver
Tu aimerais qu’un ouragan
Dans un violent coup pervers
Te l’arrache brutalement.
C’est qu’être vierge à dix-sept ans
Certains prétendent c’est l’honneur
Mais l’être encore à quarante ans
C’est le pire des malheurs.
Tu mens, à tes copines, tu triches,
Tu fais croire que tu prends ton pied,
Tu t’inventes des amants riches
Bien sûr cachés : ils sont mariés.
Et lorsque tu rencontres un homme
Qui pourrait te convenir
Tu prends la fuite comme une pomme :
Se dire vierge, plutôt mourir !
Voilà comment des imbéciles
Confits en morte religion
T’ont détruite : tu es stérile
Sans le secours de dévotion.