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Archive pour janvier 2012

Vêtements

Mercredi 25 janvier 2012

 J’étais alors adolescent

Comme  une asperge longue et frêle

Perché sur de longues guibolles

 A cacher pour être décent

 Je portais « ici c’est bien bon »

(Pas comme en ville où l’apparent

 Oblige à tenir un rang)

De l’ancêtre le vieux pantalon

Il me faisait deux tours de taille

En ce temps-là pas d’argent

Manque quatre sous pour faire un franc

Ma mère portait vaille que vaille

La vieille veste d’une parente

Mais il était une inconsciente

Aveugle dans ses vœux de riche

Qui tiraillait le dimanche

Emmène moi y a pas de mal

Pour aller danser au bal

Comment s’en débarrasser

Mercredi 25 janvier 2012
C’était au temps de mon enfance

J’avais peut-être sept ou huit ans,

 Pour courir dehors, dedans

Bien moins rapide en apparence

 Que mon cousin de même année

Comme le font parfois les gosses

 Pour vivre en songe une épopée

 J’avais inventé un carrosse

 Au grand galop toujours lancé

 Mon père voyant dans cour et terres

Cette démarche saccadée

Déclara d’un air austère

Qu’il fallait bientôt arrêter

 Sinon dit-il « sur ses vingt ans

On ne saura plus comment

Faire pour s’en débarrasser »

 

(Ne t’en fais pas mon brave père

Dès que j’aurai vingt et un ans

Je partirai loin en courant

 En carrosse ventre à terre)

Le médecin de famille

Lundi 23 janvier 2012

Quand le médecin du village débarquait à la maison, au volant de sa voiture de sport, on sentait son parfum à vingt mètres à la ronde. Il était maigre comme un coucou et fumait cigarette sur cigarette, toussait souvent … Son accent du midi ajoutait à son mystère.

Il venait pour nous, les enfants, lors de nos maladies infantiles. Il lui arrivait encore d’avoir recours à l’abcès de fixation pour combattre une infection.

C’était la mode des piqûres intra musculaires qu’il prescrivait souvent, peut-être parce que dans son esprit la douleur était rédemptrice comme on le disait à l’église, mais aussi, parce que, si la médication était désagréable, c’était la preuve qu’on vous soignait et cela ajoutait l’effet placebo à l’effet thérapeutique. De plus, mon père, infirmier militaire pouvait s’en charger. Avec trois malades à la maison, ses compétences trouvaient leur utilité.

 Il venait pour ma mère à qui il prescrivait des gouttes de digitaline pour accélérer sa circulation sanguine, car, on l’a su beaucoup plus tard, elle souffrait d’un rétrécissement de la valve mitrale…Ce qui, bien entendu, augmentait la fatigue du cœur. Cette maladie, aujourd’hui, trouverait sa solution par l’implantation d’une valve artificielle… Dans ce temps-là, on n’osait pas encore ce genre d’intervention.

Il avait cessé de visiter ma grand-mère pour laquelle il se sentait démuni et avait passé le flambeau à un jeune médecin plus au courant des dernières découvertes dans le domaine de la paralysie agitante.

Il fut aussi appelé au chevet de mon grand-père lorsque celui-ci fit « une crise cardiaque ». Mais il fut bientôt évident qu’il se sentait plus à son aise à la mairie comme maire que dans son cabinet de médecin…Du moins, ce fut notre impression, ce qui fit que mes parents, ne voyant aucune amélioration dans la santé de ma mère finirent par demander les services d’un de ses confrères installé au chef-lieu du canton( plus loin) mais équipé d’un appareil de radioscopie et capable de pousser les investigations nécessaires à la découverte de la raison des troubles.

La Déthier

Lundi 23 janvier 2012

Nous avions deux charrues réversibles :

 L’une, légère et maniable était plutôt utilisée dans l’étouble (champ labouré l’année précédente et ayant porté soit une récolte de céréale soit des légumes). Deux vaches fortes dans ce cas-là suffisaient souvent pour la trainer, au plus une couble de quatre vaches…

La seconde, plus récente, plus lourde, une Déthier, avec réglage précis de la profondeur du sillon, était utilisée pour la « rompure » (champs de fourrage, non labourés depuis plusieurs années au nom des assolements = blé d’automne, pommes de terre, betteraves potagères et légumes divers, avoine ou orge/ ensemencement en luzerne, sainfoin, fétuque, lotier corniculé, fléole ou trèfle, plantes fourragères destinées à produire du foin quatre à cinq ans de suite) . Cette grosse charrue n’était pas à la portée de n’importe qui… Un domestique de dix-huit ans qui avait voulu s’y confronter ,ayant raté « l’arévireu » (supra 16/2) s’entailla le bras gravement. Il était pourtant fort et adroit. Pour labourer une rompure dans les pentes, avec la Déthier, il fallait quatre vaches que l’on faisait devancer par le cheval s’il voulait bien se conformer au rythme des vaches ce qui n’était pas évident. En fond de vallée, la terre plus légère dispensait du cheval.

Errance

Lundi 23 janvier 2012

Comme une pauvre maman chatte

A qui on a pris les chatons

Comme une pauvre maman chatte

Fouillant dans moindre carton

 

Je tourne en rond dans les gondoles

Je blague un peu ici ou là

Je tourne en rond dans les gondoles

Sourire ici,  poème là

 

Comme une triste âme en dérive

Dans les flots du cherche-midi

Comme une triste âme en dérive

En recherche du paradis

 

Je ne sais pas ce que je cherche

Dans les rues dans les magasins

Je ne sais pas ce que je cherche

C’est ton visage, peut-être bien

 

Et ce matin bondit mon cœur

Tu es là c’est le bonheur !

Gourous!

Dimanche 22 janvier 2012
Ils bénissent les armes
 Et condamnent l’amour.
Du côté du fort, toujours,
Prétendent verser larmes
 Par grande compassion
 Envers les malheureux,
Derrière leur religion
Ils cachent de leur mieux
Leur quête de pouvoir
Leur recherche d’avoir.
 Au nom de l’Ecriture,
 Ils cherchent à régner
Sur l’esprit, la nature
Des êtres embrigadés.

LA CARRIOLE

Dimanche 22 janvier 2012
Au sortir de la guerre, il y eut souvent des ventes à l’encan : ferme dont le fils fusillé par les Allemands ne reprendrait pas la suite et dont les vieux parents n’avaient plus le cœur de continuer… Vente aussi sur des saisies de biens pour multiples raisons, parmi lesquelles je crois bien, punition de collaboration…Ou de marché noir ?
D’une vente de ce genre, mon père un jour revint avec une légère calèche pour sa jument de l’armée.
Je vois encore mon grand-père hausser les épaules et grommeler : il avait déjà un char à bancs et une voiture à deux roues, pourquoi deux à quoi ça sert ?
Au bout de quelques temps, la jument étant vendue,

mon père finit par se lasser de voir sa grange encombrée, et revendit la carriole après l’avoir restaurée.

Mauvaise nouvelle

Dimanche 22 janvier 2012
Mon père arrivait en voiture _voiture à cheval ça va de soi_ je n’étais vraiment pas très grand, mais je sentis que quelque chose, quelque chose n’allait pas… Il appela d’une voix forte ma mère restée à la cuisine…Et je le vois encore se mettre à dételer la bête… Ma mère restait en silence à attendre qu’il ouvre la bouche. Finalement, la regardant il dit d’une voix de catastrophe « La fille de la Marie est morte ». La Marie était sa sœur  qu’il aimait plus que les autres. Le destin qui la frappait, bien que la mort, au sortir de la guerre, soit un peu une compagne de tous, l’avait complètement bouleversé. Les bébés à cette époque mouraient encore facilement. La médecine dans les campagnes en était aux balbutiements…Et on croyait plus aux prières qu’aux médicaments.

Les chars (4)

Samedi 21 janvier 2012

La guimbarde neuve

Dernière arrivée de la série, elle était aussi spacieuse que la guimbarde noire. Ses échelles étaient pointues : on pouvait accrocher sur les angles une fourchée de foin enroulé pour mieux former un carré, sans risque surtout dans les pentes qu’il ne glisse inopinément.

Il faut dire que parfois on chargeait le foin à la descente dans des pentes si fortes que pour soulager les bêtes qui avaient bien du mal à rester immobiles elles-mêmes et ne pouvaient donc retenir le char, on bloquait les roues avant avec une barre en travers dans les rayons, et, pour les roues arrières, on mettait une grosse chaîne qui grattait le sol profondément. C’est dans ce cas qu’on appréciait la valeur de nos villardes toujours obéissantes ! Ce n’était pas un cheval qui aurait fait même effet : un de nos cousins, dans une pente, par son cheval qui avait trébuché, s’était fait mortellement blesser.

 

Quand on devait transporter des grumes, énormes troncs de bois entiers, on ôtait le plancher de la guimbarde neuve, on plantait des « ranchets » (espèces de piquets solides) dans des fourreaux de métal fixés sur les côtés, et, enchainés sur le châssis, on emportait les arbres jusqu’à la scierie du village

Les chars (3)

Samedi 21 janvier 2012

 

La guimbarde de Fanjas (était-ce le nom de son constructeur ou de son vendeur ???)

C’était un char assez solide, à plancher plat (= guimbarde) un peu plus court  que les autres chars plats. Ses longerons étaient imposants, lui permettant sans rien risquer de transporter des charges lourdes à défaut d’être volumineuses.

Ses échelles recourbées étaient pointues à l’extrémité. On s’en servait pour le foin, mais surtout pour transporter le fumier en grosse quantité quand au printemps on le reprenait du gros tas formé en hiver pour aller le répartir dans les champs à labourer.

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