Il y avait à la ferme un certain nombre de faux.
Il y avait d’abord celle qui m’impressionnait : une faux à large talon qu’on pouvait utiliser pour couper l’herbe tendre, mais que mon père préférait pour faucher les céréales en ajoutant parfois un arçon sur le manche (supra 18 juillet) _ le « faucher » dans notre jargon_.
Pour les couvrées ordinaires, ces séances de fauchage dans lesquelles les faucheurs se suivaient, en un concours sous-jacent, s’amusaient à encercler celui qui baissait d’ardeur, il y avait des lames ordinaires qui faisaient l’objet de grands soins : « enchaple » (écrasement au marteau sur une enclume spéciale du bord coupant sur 2 millimètres, choix d’une meule pour affûter qui aiguise sans user trop)
Pour faucher l’herbe des marais, une herbe fine comme du crin si souple qu’elle fuit devant l’outil, il y avait les « anguilles » des lames très étroites aiguisées comme des rasoirs.
Quand j’ai eu l’âge de douze ans, comme mon grand père en avait soixante treize, et qu’il avait déjà fait ce qu’on disait « crise cardiaque » il m’a confié _ c’était un honneur _ sa faux au bord en ondes larges creusées peu à peu par l’usage prolongé.
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