Mon grand-père

  

Le vieux lion dont on craignait les cris 

Are par are avait doublé 

L’espace pour qui l’avait suivi 

Ne supportait pas voir gaspiller 

En attachant bouche inutile 

A l’étable pour parader 

Une rosse, une cavale 

Ou une voiture à côté 

N’aimait pas voir péricliter 

Chacune de ses propriétés.  

Pendant que jeunes à la tribune 

S’en allaient plier le genou,  

Il était à la maison commune 

Pour gérer les biens de tous. 

Pour la Nation avait laissé 

Son œil gauche en Serbie 

Ne s’était pas laisser choyer 

Par  doryphores  en Silésie . 

A la mairie, au syndicat 

Pour la commune avait servi 

Savait piloter les achats 

On lui demandait son avis. 

 S’il avait bu, c’est une offense 

Pissait parfois sur le plancher 

Et il gueulait sublime  outrance 

Contre le monde en son entier, 

Sa place de patriarche 

Bribe à bribe devait céder. 

Pour profiter de sa faiblesse 

Son gendre montait bien souvent 

Le titiller avec adresse  

Avant de partir en courant. 

Le tonneau, sa dernière arche 

Le trahissait la nuit tombée 

Pourtant au fond ce qu’il cherchait 

N’était que son autorité volée 

Par ceux à qui, il avait 

A la mairie, ses filles, confié ; 

Leur en voulait à tort peut-être 

De représenter la relève 

De rappeler que tout son être 

Se dérobait, triste dérive ! 

 Il buvait trop, mais chose étrange, 

De très loin, parfois encore 

Ceux qui cherchaient réponse sage 

Venaient  le voir avant sa mort. 

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