L’HORLOGE DE MON GRAND-PERE PATERNEL
Chaque année, pour le premier janvier, nous rendions visite à mon grand-père paternel. Non que nous n’ayons pas de bonnes relations au long de l’année, mais, chez les paysans, soit on vit ensemble (trois, quatre générations sous le même toit) soit on rentre comme gendre (ou comme bru) dans la famille du conjoint et alors, on n’a plus que des relations distantes avec ceux qu’on a quittés. Pour nous, les petits, il était un objet merveilleux qui nous captivait : l’horloge de la maison. C’était une grosse horloge comtoise dont le balancier formait un paysage animé par les balancements… Je restais des heures à l’admirer !
Certes, chez nous il y avait une pendule (très belle à mes yeux d’aujourd’hui) mais rien n’égalait la beauté, le mystère, de l’horloge de mon grand-père. Voyant mon intérêt pour l’objet, une de mes tantes me dit « quand tu viendras me voir, je t’en montrerai une plus surprenante encore ». De retour à la maison je n’arrêtais pas de demander « quand est-ce qu’on va chez tatan ? » si bien que las de mes demandes, un dimanche après-midi, mon père attela le cheval à la carriole pour aller chez elle. J’attendais de voir une horloge encore plus belle… je fus très déçu : elle était esthétiquement ordinaire, mais en plus n’avait qu’une aiguille. J’ai compris bien plus tard qu’il s’agissait d’un objet précieux : une survivante d’un temps TRES ANCIEN.