Martin est commandant de brigade à Velebeau
Un homme a été tué dans son secteur… et on a retrouvé la voiture d’un inspecteur de l’Education Nationale dans un gouffre L’enquête s’annonce épineuse. L’inspecteur Hamelin dépêché pour l’enquête est reparti , il avait tenté de rencontrer Mathurin Gamet, d’interroger sa femme et sa fille .Le juge n’apprécie pas que l’on enquête sur un haut fonctionnaire…Martin sent pourtant bien que Mathurin joue un rôle dans ce crime…Raoul qui a menti sur son emploi du temps paraît hors de cause… L’assistante sociale vient le questionner sur ce qu’il pense des relations entre Mathurin et sa fille , laquelle est enceinte. Il va interroger la mère supérieure de l’internat…le chauffeur du car, les enfants…Elle a été vue courant pour rattraper le car… Germaine Mâtin qu’il n’a pas soupçonnée se suicide. Elle laisse une lettre et son journal
JOURNAL DE GERMAINE MÂTIN
15 avril 1939
Je suis malade…pourtant, je me sens mal nulle part…peut-être un peu au ventre, mais non, je n’ai pas de douleur insupportable.
Cet après-midi, je promenais Zilou comme d’habitude. Zilou, c’est mon teckel, aux longues oreilles pendantes et frisées comme des caresses. Comme d’habitude, je me suis assise dans mon « fauteuil » : c’est un énorme rocher plat au bas et dont un creux forme comme un dossier…Je regardais les oiseaux qui allaient et venaient pour construire un nid dans la haie, les nuages qui prenaient des formes bizarres et je m’inventais des histoires, quand, tout à coup, j’ai senti le museau de Zilou sur mes genoux, sa langue douce lèchait mes cuisses et sa truffe remontait sous ma petite jupe. C’est à ce moment-là que j’ai senti comme une humidité dans ma culotte.
Le museau de Zilou s’insinuait de plus en plus et, au moment où j’ai voulu le repousser, j’ai vu mes doigts tout rouges. Pourtant, je ne m’étais pas blessée. Ma culotte était toute tachée. Qu’allait dire maman en voyant ça ? Elle qui me fait un scandale à la moindre tache…J’ai quitté ma culotte, pris une poignée de feuilles larges pour essuyer ma zitoune, j’ai regardé : c’est vrai qu’elle a un air bizarre depuis quelque temps. Je ne parle pas de ces poils que je coupe sans arrêt et qui ne font que repousser, non, mais j’ai l’impression que les choses qui sont dans mon ventre se mettent à sortir par là.
Autrefois, il y avait une fente bien fermée, maintenant, elle s’écarte et on voit deux morceaux de chair qui dépassent, j’ai beau les repousser, ils ressortent toujours… C’est sûrement ça ! mes boyaux vont sortir de mon ventre, et alors, comment je vais faire ? Je peux tout de même pas les maintenir à la main tout le temps ! En plus, mes nénés se mettent à grossir, certains jours, ils sont durs, ils me font mal quand le pull les effleure. Que vais-je devenir ? Est-ce qu’on peut en mourir ?
En plus de ça, j’ai eu la honte de ma vie : pendant que j’examinais ce qui se passait, je n’ai pas pris garde aux alentours. Je me croyais seule, mais à un moment, je l’ai vu. C’est mon voisin. Il était de l’autre côté de la haie. Il me regardait. Il n’a pas bougé, mais j’ai senti ses yeux me transpercer comme des rayons X .
Va-t-il raconter ce qu’il a vu à maman ?
18 AVRIL
En rentrant, hier, j’ai eu de la chance : maman était aux champs. J’ai caché ma culotte salie au fond de la corbeille à linge. J’en ai pris une toute propre que j’ai remplie de laine du matelas que papa est en train de refaire…ce soir, la laine est rouge, mais je saigne moins. Est-ce que ça va s’arrêter ? D’habitude, une blessure, ça ne dure pas aussi longtemps. Ce doit être une grande déchirure, et alors… ?…
22 AVRIL
Mon ventre ne saigne plus ! Ouf ! Mais j’ai toujours ces morceaux de chair qui veulent sortir de mon ventre. Quand je veux les renfoncer, cela me donne de drôles de sensations, ce n’est pas désagréable, non ! Ca picote, ça chatouille, ça énerve, ça…
J’ai bien regardé quand je me suis mise dans mon fauteuil, il n’y avait personne alentour … Zilou est venu me lècher le visage, me lècher les genoux, me lècher les cuisses.
J’ai eu très peur de saigner encore, j’ai regardé : non, rien !
Zilou a chevauché ma jambe et il s’est mis à faire un va-et-vient du ventre. J’ai vu pointer un petit bout de chair rose sous ses poils, alors, j’ai eu envie de le toucher…C’était dur, c’était mouillé, c’était pointu…J’ai repoussé doucement la peau velue. C’était agréable. Il y avait une espèce de boule qui s’est mise à grossir dès que la peau a été repoussée Zilou s’agitait de plus en plus. Son morceau de chair dur comme un bâton rose clair sortait….J’ai voulu ramener la peau à sa place, mais….impossible ! la boule formait obstacle. C’est à ce moment-là que j’ai senti une démangeaison à ma zitoune. J’ai voulu me gratter, c’était tout mouillé ! J’ai retiré ma main brusquement, sûre qu’elle serait inondée de sang, mais non, elle était mouillée, c’est tout, et la démangeaison persistait, alors, j’ai frotté, frotté, frotté. Si fort qu’à un moment j’ai senti quelque chose au fond de ma gorge et tout mon corps est devenu dur un moment. Au moment où je fermais les yeux, sur le point de mourir, je l’ai vu, drrrière la haie, qui me regardait. Ses yeux brillaient et sa main que je ne voyais pas s’agitait au bout de son bras.
Au bout d’un long moment, Zilou a retrouvé sa forme normale. Je suis rentrée à la maison toute contente qu’on ne puisse pas voir ce que j’avais fait. Emilien, le voisin, va-t-il me dénoncer ?
Il est passé le soir, il a parlé à papa, il m’a regardée d’un drôle d’air.
23 AVRIL
Cette nuit, j’ai fait un drôle de rêve : Zilou me lèchait le ventre, les cuisses et moi, j’écartais les genoux pour mieux sentir sa langue…et tout d’un coup, ce n’était plus mon teckel mais le voisin qui était là et dont je sentais la langue et je me sentais fondre sous la caresse. Je me suis réveillée en nage…J’étais seule au fond de mon lit et mon pyjama était aussi mouillé que si j’avais fait pipi.
25 AVRIL
Maman a trouvé ma culotte toute tachée de sang au fond de la corbeille à linge. Elle ne m’a pas grondée. Elle n’a pas paru inquiète. Surprise, un peu. Elle a pris un air mystérieux pour me dire : « Ma fille, c’est un grand secret, depuis qu’Eve a choisi d’écouter le serpent, les femmes, tous les mois, se mettent à saigner, c’est leur punition. Il ne faut en parler à personne, et surtout pas aux hommes. »
Le voisin n’a sûrement rien dit à papa, mais, quand je le rencontre, je ne peux pas m’empêcher de rougir et lui, lui, me regarde de son œil rayon X. C’est un vieux d’au moins trente six ans. Ses joues sont creusées par deux grandes rides. Il a de grosses mains pleines de corne.