Martin est commandant de brigade à Velebeau
Un homme a été tué dans son secteur… et on a retrouvé une voiture dans un gouffreQui pouvait avoir déclenché autant de haine pour que son assassin l’émascule et s’acharne ainsi sur lui ?
Martin passa d’abord chez ce bougre d’original qui vivait dans la grange.
Quand Martin arriva, il était en train de manger un fromage de chèvre assis sur un plot de frêne.
Olivier n’aimait pas les flics, les curés, les politiques, les nantis et ne s’en cachait pas, aussi fut-il juste poli dans les paroles quand Martin lui demanda ce qu’il avait fait dans la soirée de jeudi.
« Jeudi ? J’ai fait ce que j’ai voulu et je n’ai pas de comptes à rendre.
–Attention ! Monsieur Massevache, je vous conseille de me répondre précisément. Un crime a été commis non loin de chez vous et vous devez collaborer avec la justice.
–La justice ? Quelle justice ? celle qui fait que, pour une vétille les pauvres se trouvent au trou, qu’on les passe à tabac dans les commissariats, alors que les nantis peuvent faire toutes leurs saloperies sans être inquiétés ? C’est ça, votre justice ? Alors, j’ai rien à dire !
–Je vous repose la question : qu’avez-vous fait dans la nuit de jeudi à vendredi ?
–J’en sais rien et je m’en fous ! »
Martin sentit l’irritation le gagner. Ce gars-là se comportait comme les petits malfrats qu’il avait eu à côtoyer au début de sa carrière. Il fit un pas, son genou lui rappela soudain qu’il n’avait plus vingt-cinq ans. Cela retint sa main et l’amena à se poser fortement sur le poignet de l’individu qu’il pria fermement de monter dans le fourgon où ses collègues s’occuperaient de lui.
Afin de calmer la hargne qu’il sentait monter en lui, il se dirigea vers le nid d’amour de Julie et Martial Page, lesquels, après s’être regardés d’un air un peu surpris lui répondirent avec un sourire entendu : « Nous étions très occupés ». Pas la peine de continuer pour l’instant.
Germaine Mâtin avait presque soixante ans. Elle étendait sa lessive sur des fils de fer. Ses bras, habitués à tous les travaux de la ferme étaient robustes. Martin lui demanda si, par hasard, elle avait vu quelque chose d’anormal jeudi ou vendredi. Elle le regarda.
« Si c’est par rapport à ce bonhomme qui s’est fait écraser, j’ai rien vu et ça me regarde pas, c’est pas mes affaires ! »
En parlant, Martin se pencha vers la bassine pleine de linge mouillé.
« Si vous voulez trouver l’engin qui l’a écrasé, vous le trouverez pas dans ma bassine, c’est sûr !
–Je regardais simplement que vous avez bien beaucoup de linge à laver
–Que voulez-vous, moi, j’ai pas que la lessive à faire, quand je la fais, c’est pour de bon, je suis pas comme certains qui perdent leur temps en parlottes »
Martin préféra ne pas comprendre l’allusion.