Archive pour avril 2011

Sabat en forêt

Dimanche 24 avril 2011

  

Cette nuit sonnent les chaudrons et brûlent les tisons .Danse, chants, ivresse SATAN épouse une drôlesse. 

Les plumes blanches des poules noires s’envolent par nuées dans la clairière ensorcelée. Le sang rouge des coqs s’écoule dans les outres de peaux de bouc que tous les assistants pressent sur leurs lèvres. La queue de SATAN est dressée comme un sabre et toutes les sorcières frémissent et délirent…Mais voilà qu’à l’instant, le breuvage est tari. Le calme un instant s’installe dans la nuit. SATAN appelle alors
la Sorcière Générale : « A boire, ma bougresse, ou bien gare à tes fesses ! » 


La Générale bondit sur la damnée Capitaine qui était chargée de désaltérer le MAITRE : 

« Gare à tes veines, si tu ne trouves pas et vraiment sur l’heure de quoi boire pour chacun, pour chacune , tu peux prendre peur ! » 


La Capitaine des sorcières appelle l’Aspirante : « La boisson n’est pas là : c’est donc que tu me tentes ! » 

L’Aspirante agrippe le nez de
la Sergente : « De l’alcool en vitesse ! La minute est urgente, SINON ! ! » 


La Sergente aussitôt, elle était de semaine, appelle
la Bleuette qui frissonne de haine. 

« Va jusqu’à ce chêne et tire-nous du sang ! » 


La Bleuette mord d’un coup à pleines dents un énorme morceau de l’écorce de tan, aspire dans sa bouche une goutte de sang et présente ses lèvres à tous les assistants. 

Si tu vas dans ce bois, entre dans la clairière. Tu peux, si tu le veux y chanter et t’ébattre, y rire à volonté et même sacrifier. Et  si, par audace, tu suces au pied du chêne la plaie encore ouverte du sabbat de la veille, tu sentiras peut-être un instant l’ivresse…. mais sauras-tu, en DIABLE, combler tant de drôlesses ? 

A Annick

Samedi 23 avril 2011

Cette petite fleur à peine ouverte

Comme notre amitié trop tôt déserte

Je l’ai cueillie pour toi

Dans mon jardin

A l’orée du bois

Afin

Que le fruit de la terre

Où dormiront mes cendres

Se mêle à la terre

Où reposent tes cendres

En une caresse éternelle

Un baiser fraternel.

Incinération

Samedi 23 avril 2011

Juste après que la porte

Eût claqué

Juste avant la fumée

Que la brise emporte

ILS sont montés

Tous ceux qui, hier encore

S’acharnaient sur son corps

Comme hyènes puantes

 A langue médisante,

A la tribune des orateurs

« Le meilleur…

Perte irréparable…

Honorable… »

Et moi, aveugle et sourd

Aux mimiques d’amour,

J’ai entendu le cri

« Hypocrites! cessez ! » de mon ami

Et les paroles non dites

De celui qui s’est tu

Se sont inscrites

En lettres âmécrites

Sur la nue.

La promesse de Gaston

Samedi 23 avril 2011

Le GASTON avait trois filles et un garçon, et, de ce temps-là, il n’était pas bien loti : trois filles à doter et juste un garçon pour l’aider…Mais quoi !…faut bien prendre ce que le BON DIEU vous envoie ! 

C’était en 36 et le fils avait vingt ans. Il était depuis peu au régiment…pas de permission avec ce BLUM qui voulait tout bouleverser. Comment donc qu’il allait faire ? 

Pour la première fois, cette année, le GASTON sentait qu’il ne serait pas le premier à faire « la revola », vous savez, la fête de fin des fenaisons….PAS ETRE LE PREMIER ? ! ! ! 

Oh ! bien sûr, s’il avait accepté, il y avait plein de ces coureurs de VILLE- VIEILLE  qui seraient venus lui donner la main…Ouais ! mais
la JULIETTE ,
la MARIE , et l’AMELIE, il n’avait pas encore décidé de les marier, et surtout pas à ceux-là que, déjà, à la messe souvent, elles les regardaient un peu trop. Le GASTON avait bien vu le manège du haut de la tribune.(c’est  bien pour que les hommes puissent surveiller leurs filles qu’ on les fait monter à la tribune) 

7 juillet et encore vingt charges de foin à rentrer…Alors, le GASTON a eu une idée : il pouvait tout de même pas se faire dépasser par le CHARLES et traverser le quartier plus tard que lui avec le buisson sur le dernier char ! Il fallait accélérer ! 

Au repas, il a déclaré à ses filles : « Si le14 tout est rentré, vous pourrez aller danser »…Oh ! il craignait peu : vingt charges en une semaine, surtout que la pluie menaçait…Mais voyez donc ! quand ces pies  borgnes se mettent à l’ouvrage !…A trois heures, avant de traire, elles avaient déjà attelé la faucheuse pour abattre le dernier carré…et dès dix heures, que je fane et que je te retourne…à méjô(midi) pas le temps de manger : faut ressir (enrouler) et charger… Le GASTON voyait son foin rentrer d’autant plus vite que le risque de pluie s’était éloigné. Trois, quatre charges par jour, et décharger jusqu’à minuit, et charger jusqu’à la rosée… 

Le 14, il ne restait plus que deux charges à rentrer. Oh ! pas des plus faciles : c’était le plus « rampant » et il fallait tout rouler jusqu’en bas….Mais à trois heures, le foin était roulé, à six, il était chargé et le buisson trônait sur la pointe. 


La JULIETTE ,
la MARIE et l’AMELIE avaient si bien travaillé que tout était rentré ! 

« Ah ! NON ! dit le GASTON, tout n’est pas déchargé ! » 

Qu’importe, à neuf heures, elles s’y sont mises et à dix et demie, les chars étaient vides. 

« Maintenant, on va vite se laver et s’habiller ! 

_Ah ! bon ? pourquoi faire ? 

_Ben, pour aller danser ! 

_Danser ! Après la journée que vous avez eu, vous êtes bien trop fatiguées, mes petites, allez vite vous coucher ! » 

  

Eh ! oui ! en ce temps-là, que l’on ait vingt, vingt-deux ou même vingt-quatre ans, quand le père avait parlé, il fallait s’incliner…Même s’il ne tenait pas sa parole…et, des GASTON ,
la France en était pleine….et aux récalcitrantes, il y avait toujours un curé pour promettre l’enfer  si elles ne se pliaient pas , même aux pires injustices…. ! 

QUI A DIT QUE MAI 68 AVAIT ETE UNE CALAMITE ? ? 

Avancez!

Vendredi 22 avril 2011

Un mot à la mode : AVANCER  

 Je déteste ce mot. Je vois quand je l’entends un être yeux bandés qui marche vers un ravin. 

Avancer ? mais vers quoi ? sinon la mort ? Tu es bien avancé ! disait ma mère lorsque pour expérience, j’avais provoqué une petite catastrophe. 

Demander d’avancer, c’est donner confiance en un avenir que l’on sait toujours finalement fatal.

 Alors messieurs les psy qui parlez d’avancer soyez assez honnête pour préciser le but. Vos ancêtres en isoloir au moins avaient la franchise de parler d’obtenir place dans l’au-delà.

J’en reste là! 

euthanasie (2)

Vendredi 22 avril 2011

Cet enfant, vous l’aviez, ô combien ! attendu,

Au creux de votre sein si longtemps désiré,

Et puis, le coeur battant, avec joie généré,

Et vous le ressentiez, préparant sa venue.

Aux beaux jours de l’été, sous une peau tendue,

De menus petits pieds, vous sentiez remuer

Sans répit, sans pitié, ne cesser de bouger

Jusqu’au matin feutré du moment attendu.

Dans un très doux berceau, vous l’avez déposé

De votre lait nouveau, vous l’avez allaité

Vous inquiètant parfois de le voir agité,

Malheureux , dans insondable geôle muré

Sans espoir d’exprimer ni joie, ni volupté

Alors, geste d’AMOUR, vous l’avez achevé

euthanasie

Vendredi 22 avril 2011

En cinquante deux ans, toujours, toujours ta main,

A rejoint tendrement ma grosse main poilue.

Tes lèvres quémandant, vers mes lèvres tendues

Et nos coeurs, en battant ont défié le destin.

Il a coulé, le temps, avec joies et chagrins,

Nous l’avons chaque jour, bravement combattu,

Sachant qu’avec l’amour on n’est jamais battu.

Elle survint pourtant, en travers du chemin,

Calamité immonde, bouleversant la vie,

Comme fée Cruella, un jour, la maladie.

Ton oeil, grand firmament, son soleil est troublé

Comme tu espèrais, craintive, mais comblée

Mon sexe conquérant en ces jours si lointains,

L’arme que je brandis, tu l’implores et la crains.

chat-huant

Jeudi 21 avril 2011

  

Le soir, dans le grand bois, 

J’entends le chat-huant 

En juin, son cri d’effroi 

Fait penser à l’enfant 

Cloué par les soldats comme cible, vivant 

Contre la porte noire de la noire cahute 

Où sa mère en inhumaine lutte 

Tentait de rapporter le pain 

Chaque matin 

Grâce à quelque charbon 

Par le feu obtenu. 

Sa voix du tréfonds 

De la terre venu 

Veut rappeler aux gens 

Cet horrible temps 

Où les doryphores dévastaient les champs. 

Ils voudraient bien pour leur sérénité 

Oublier et sur la porte clouer 

Cet animal dérangeant 

Et voué à SATAN ! 

Oublier cette mère 

Découpée toute vive à la scie circulaire 

Par des chiens enragés et porteurs d’uniformes 

« GOT MIT UNS ! »Quel est ce dieu de larmes ? 

Oublier l’incendie 

Le feu maudit 

Et les pierres qui tombent 

Pour former une tombe. 

Oublier la plainte d’innocents 

Par millions jetés dans fours incandescents 

Ils étaient communistes 

Ou juifs ou progressistes. 

Comme le dernier soupir de Jean Prévost 

Triste chat-huant crie très haut 

ICI VINT ATTILA 

ET SES FOUS IMBECILES 

INTOLERANTS ET VILS 

Celui qui sommeillant au profond de chaque être 

Pourrait bien revenir un jour, demain peut-être 

Le retour de la Germaine

Jeudi 21 avril 2011

Depuis que PIERRE CHABERT était devenu « le roi du soufre »,on voyait arriver plein d’étrangers dans le pays. 


La GERMAINE avait ainsi rencontré un beau garçon avec de belles moustaches. Son métier ? Dentiste. 

LE JULES, son père était bien fâché : « Qu’est-ce que tu vas écouter cet arracheur de dents ? C’est menteur et compagnie ! Et la ferme,qui c’est qui va la reprendre, hein ?qui c’est ? » 

Mais,
la GERMAINE voulait rien entendre,et le jour de sa majorité, elle était partie.
 


La GERMAINE avait épousé un garçon de la ville, et de quelle ville ? De LILLE un endroit qu’on sait même pas où c’est ! 

Elle habitait paraît-il dans un bel appartement avec tout ce qu’il fallait.Pensez  donc ! Y avait même, à ce qu’elle disait, une salle rien que pour se laver ! 

Au début,elle revenait de temps en temps, l’été, quand les foins étaient finis et que les moissons n’avaient pas commencé,mais, plus le temps passait, plus elle trouvait désagréable de ne pas pouvoir garder une robe propre :y avait toujours un éclat de bouse pour venir la tacher. Et puis,les vaches ou les chèvres venaient lui lècher les mains, et elle n’aimait pas ça ,
la GERMAINE.Et puis ses souliers de la ville, bien vernis supportaient mal la boue de la cour les jours de pluie.Et puis, cette odeur de fumier qui règnait un peu partout,cette senteur de lait un peu aigre , ça lui donnait des nausées à
la GERMAINE. Et puis, voilà-t-il pas que sa mère avait trouvé que, puisqu’elle était là, elles allaient faire la bue !
 

Aller remuer des draps salis depuis des mois au fond du cuvier, ça, elle s’attendait pas à ça,
la GERMAINE et elle le leur avait dit sans détour : elle était de la ville maintenant,et ce genre de travaux,c’était plus pour elle.
 

Alors, le JULES, son père, qui avait bien pleuré déjà, quand elle était partie, a senti monter en lui cette grande colère qui traduit le désespoir. 

« Ecoute, GERMAINE,si on est plus assez  bien  pour toi, retournes-y donc dans ta ville, et reste-z-y.Au moins tu nous enlèveras pas le peu de courage qui nous reste maintenant qu’on vieillit » 


La GERMAINE était  repartie dans sa ville, profiter des concerts, des grands airs d’opéra et des scènes de théâtre. 

Les vieux sont restés doucement à la ferme, tout doux,ils gardaient encore deux vaches et quelques poules, un cochon et quelques lapins, une chèvre pour s’occuper, et la vie s’écoulait lentement dans le triste silence des maisons désertées. 

Pas de radio, de ce temps-là, pas de journaux qu’ils n’auraient pas eu envie de lire.Quelques nouvelles du village, de temps en temps, par celui qui passait en montant au bois ,ou qui revenait des morilles. 

Ils ont entendu, le JULES et l’ADELE, le tocsin, et ils ont su que la guerre était revenue… 

La guerre ! qu’est-ce qu’elle pouvait bien leur faire ? Ils avaient juste l’indispensable. Ils ont su que, maintenant, tout était rationné…mais, que voulez-vous ? y avait longtemps que leur vie n’était pas plus brillante. 

C’est un matin, sur le coup de dix heures, que le facteur est arrivé.Le FACTEUR ! Ils ont commencé à trembler ! C’était qu’il y avait eu un malheur ! Mais qui ça pouvait être ? Ils n’avaient plus de famille que
la GERMAINE et
la GERMAINE….Elle était quand même pas morte ! Ca se fait pas de mourir avant ses parents !
 

« BOIS UN CANON ! FACTEUR ! C’EST PAS SOUVENT QU’ON TE VOIT PAR ICI !Qu’est-ce qui t’arrive ? 

_J’ai une lettre pour vous. 

_Une lettre ! !Ils avaient crié tous les deux ensemble.Mais on ne reçoit jamais de lettre, ça serait-y- pas une tracasserie ?Lis-la nous, facteur, nous, on n’y voit plus bien et puis, depuis le temps… 

  

  

_C’est signé GERMAINE. Elle dit qu’elle va venir parce que, à la ville, la guerre a tout détruit. 

_
La GERMAINE !
La GERMAINE QUI REVIENT ! Ils ont senti, les vieux, leur vieux cœur qui battait.
 

L’ADELE a nettoyé à grands coups de balai la cuisine encombrée peu à peu dans l’à quoi bon des jours de solitude. Le JULES a tué un lapin …. 

Quand ils ont eu bien remué ciel et terre pour rendre la maison accueillante autant qu’ils le pouvaient, ils se sont assis, et ils ont  attendu, attendu de voir au tournant du chemin
la GERMAINE arriver….et la fatigue aidant, ils se sont endormis.
 

Quand
la GERMAINE  est arrivée, ils dormaient tous les deux.
 


La PARISE attendait qu’on soulage sa mamelle… 

Alors, malgré sa robe de la ville,  et ses souliers vernis,
la GERMAINE  a traversé le terret plein de fumier pour aborder la bête dont la queue pleine de bouse s’agitait en tous sens et a retrouvé sans hésiter les gestes de son enfance pour la traire dans le seau de fer blanc qui n’avait pas changé !
 

Accident érotique

Jeudi 21 avril 2011

Ne voulais pas troubler vos affaires en cours 

Je passais près de là lorsque j’ai entendu 

Des miaulements de chatte éprouvée par l’amour 

Me suis donc approché et là vous m’avez vu 

Un clin d’œil a suffi par votre invitation 

A me dresser soudain dans un attrait violent 

J’ai voulu apporter surplus de sensations 

Les ports dont Lesbos avait dans vos élans 

Rendu le sol humide et un peu trop glissant 

Etaient prêts je l’ai vu à mon débarquement

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