Ah! j’ai été heureux de voir hier midi ,la vache de Villard présentée au salon de l’agriculture.
J’ai été ravi de savoir que son nombre s’était multiplié dans les dernières années.
Pourtant j’ai regretté que la bête présentée ait été amputée de ses cornes… et le terme son lait « autorisé » pour la fabrication du vercors sassenage m’a paru un peu déplacé: au temps où Villard recevait à l’adret les têtes couronnées, OTTO DE HABSBOURG enfant se délectait déjà de cette friandise fabriquée uniquement par des villard de lans… Les « jailles »(vaches pies= montbéliardes et autres) importées par les théoriciens de la mort de la petite paysannerie étaient loin d’être là…
Eh bien voilà! la vache de Villard de Lans a survécu… et, qui sait? si on n’avait pas tenté de la détruire, le nombre des chômeurs petits-enfants de paysans serait peut-être moindre!
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Archive pour février 2011
salon de l’agriculture
Dimanche 20 février 2011Mon salon, à moi, de l’agriculture (14) rayon sylviculture
Samedi 19 février 2011ARBRE DE POESIE
A tous les enfants,
A tous les amis,
Si un arbre se languit,
Choisissez gaiement
Poèmes chers à vos coeurs.
Comme des papillons, des fleurs,
Posez-les sur chaque branche
Du lundi au dimanche,
Afin qu’ainsi fleuri,
Au bout de la semaine,
Il exalte la poésie
Pour soulager la peine.
Mon salon, à moi, de l’agriculture (13) rayon canin(2)
Samedi 19 février 2011
L’écho de la peine
A réveillé les hyènes
La première faconde
Vient souricaner
Faire patte velours
Prétendre son amour
Et se positionner
La seconde par derrière
S’est approchée
Pour assurer l’arrière
De la jonchée
La troisième brutale
Arrive face à face
Arrogante et bestiale
La dent tendue vorace
Ainsi bien trop ramiers
Pour la houe manier
Et aussi la brabant
La faux, la râtelle et le van
Les pâles héritiers
De fiers paysans
Qui ont dans l’ancien temps
Engraissé de sueur
Un sol rendu fécond
Par leur ardent labeur
Prétextant la raison
Le durable sous-développement
Préférant le broutage somnolent
A labourage vaillant
Reniflent le lopin
Fauché par le vieillard
N’attendent pas sa fin
Pour en chercher le lard.
Mon salon, à moi, de l’agriculture (12) rayon canin
Samedi 19 février 2011
Il était une fois une nichée de chiots
Ni jaloux, ni méchants,
Parfois très turbulents
Des chiots tout simplement !
Leurs maîtres pour marquer
Leur supériorité
Trouvaient intelligent
D’exiger, et ce, à tout instant
De les voir ramper
A leurs pieds menaçants
Dos au sol, ils devaient
Montrer à tout moment
Comme petits jouets
Numéro tatoué
Celui du pedigree
Les beaux cuisseaux de veau
Leur étaient présentés
Pour bien les exciter
Toujours un peu trop haut
Devaient donc pour manger
Pouvoir se contenter
De bribes apportées
Par serveuse au resto
Ou de côtes volées dans sac de clodo
Alors, on les chassait de partout
Dans les trous
Sous le moindre abri
Sous les fils, sous le lit
Au placard, au trimard
Dans les halls, au hasard
Les sofas moelleux et accueillants
Etaient tous réservés
Aux matous en col blanc
Et aux chattes baguées
Et c’est ainsi qu’un soir
Dans le noir d’un couloir
En meute ils se levèrent
Les crocs très menaçants
Entrèrent dans les chairs
Des Maîtres détestés,
Puis, le seuil étant ouvert
Ils sont allés partout
Hurler comme des loups
Les hyènes aussitôt hurlèrent
Au scandale
Les pies de leur langue de gale
Jacassèrent
IL FALLAIT ENFERMER
CES DOGUES ENRAGES
…………………
Mais si demain les maîtres
Continuent leur chemin
Qu’est-ce que ça va être
Que sera donc demain ?
Mon salon, à moi, de l’agriculture (11) rayon mécanique
Samedi 19 février 2011Un jour dans le village, un monstre est arrivé.
Il s’est arrêté devant l’école, vous savez, la petite école des Hérauts.
En le voyant, tous les petits sont allés se blottir au fond du préau… Mais à l’école des Hérauts, il y avait tous les âges, du petit de 5 ans au grand de 14 ou même 15 ans s’il était poursuivi par les études. …
Un grand qui n’avait peur de rien ( même pas de dire des gros mots derrière le dos de la maîtresse) s’est approché. Il a regardé ce monstre rouge-sang de colère, dont les yeux projetaient de la lumière, qui crachait une fumée noire d’enfer, dont les pattes toutes rondes et toutes noires n’avaient aucun poil, qui portait une rangée de dents d’acier sur le côté et deux énormes canines derrière les fesses…D’un bond, il a grimpé sur son dos…là il a trouvé non une selle comme les chevaux, mais un siège de fer… Il s’est assis. Une espèce de champignon se trouvait vers son pied droit…il l’a écrasé, le monstre s’est mis à hurler ! Devant lui se trouvait un rond bizarre, il l’a fait bouger…ça faisait bouger les roues du monstre ! Il a poussé en avant le manche à balai qui se trouvait entre ses jambes… LE MONSTRE S’EST MIS A AVANCER !!! Il a bricolé on ne sait quoi encore et les dents d’acier se sont allongées sur le sol pour venir manger le foin du champ…
Tout le monde s’est mis à crier : « ARRETE ! ARRETE ! IL VA PETAFINER LE FOIN DES VACHES !! »
Mais le monstre a fait un tour, deux tours trois tours du champ et, en peu de temps, le foin était coupé aussi bien que par la faux du paysan… Et le monstre est venu se ranger au bord du champ et s’est tu…
Alors, dans le pays ce fut l’engouement : « FORMIDABLE ! Il fauche en un clin d’œil, il traîne les chars, il laboure les champs, il déplace même si on veut les gros rochers qui gênent au bord des chemins… »
OUAIS ! Mais un beau jour un cheval a disparu… Le monstre n’y était pour rien : il se contentait de boire une infâme mixture appelée gas-oil ! Puis, un autre cheval, et petit à petit, tous les chevaux du pays ont disparu ! …Et puis, nos vaches, nos belles vaches de Villard de Lans, toutes dorées, avec des cornes en forme de lyre et couleur de miel, celles qui étaient les amies et la fierté des paysans, furent contaminées par une drôle de maladie : leurs veaux, au lieu d’être dorés comme leur mère naquirent jaillets : blanc et rouge ou blanc et noir parfois tout blancs ou tout noirs… tout changea dans les hameaux….Les paysans qui avaient toujours pratiqué l’entraide se mirent à se surveiller les uns les autres, à se méfier, à se jalouser… Personne ne s’émut de voir partir le premier un soir d’automne, ni le second, ni le troisième : ça faisait de la place pour que les nouveaux monstres qui pullulaient puissent s’ébattre… les garnements venaient casser les vitres, le vent emportait les tuiles et les tôles… Et cela dura pendant près de trente ans…jusqu’au jour où les derniers survivants
S’aperçurent que leur tour allait arriver… Ils chevauchèrent les monstres devenus énormes, envahirent la plaine, arrêtèrent les trains, coupèrent les routes, déversèrent du fumier devant la préfecture… Mais c’était bien trop tard ! Le monstre, comme les virus, avait muté. Il avait pris la forme d’une petite fenêtre avec des boutons devant….Il était entré en ville, avait pénétré dans les usines, LA, il avait remplacé dix secrétaires 100 comptables 100 000ouvriers… EH ! oui ! que voulez-vous ! le monstre de mon temps s’appelait tracteur… celui de mes petits-enfants a nom ORDINATEUR !!!!
Mon salon, à moi, de l’agriculture (10) rayon fleurs et fruits
Vendredi 18 février 2011Il y avait autrefois dans la région de Lyon, un lieu privilégié où vivaient deux êtres mi-dieux, mi-humains.
L’un était un être de lumière et de joie, l’autre, un suppôt de la nuit.
Aucun ne pouvait tout à fait détruire ce que faisait l’autre… Tout au plus pouvait-il l’améliorer…
Un jour le suppôt de la nuit répandit des rochers sur tout leur territoire. L’autre pour le contrer les recouvrit de bon terreau fertile. Il y planta mille espèces différentes, parmi lesquelles un arbre qui avait nom pommier… mais cet arbre ne ressemblait pas à celui que nous connaissons : ses fruits étaient juteux sans rien de dur à l’intérieur, les graines pendaient au-dessous enfermées en un sac étoilé. Furieux de constater la saveur de ces fruits, le rival , d’un coup de poing brutal, retourna le sac à l’intérieur du fruit…
C’est ainsi que naquit la pomme que vous connaissez avec des graines disposées en étoile en son sein…
N’y pouvant mais, le grand horticulteur essaya de transformer le fruit de multiples manières (certains prétendraient peut-être aujourd’hui qu’il préparait des O G M ) Il fit ainsi surgir la poire fondante … et, un jour, un arbre dont le fruit juteux et sucré ne cachait qu’une seule graine minuscule.
Cela déplut fort au suppôt de la nuit qui, prétendant que c’est pécher de manger des choses aussi bonnes, glissa dans la graine un poison violent. Quand l’être de lumière voulut offrir à son amie le délice créé, celle-ci tomba dans un coma profond. Il tenta de mille manières de lui rendre la vie, mais rien ne semblait avoir d’effet : ni l’eau du Rhône projetée en brouillard, ni les philtres des sorciers voisins… Heureusement, une fée venue de l’autre rive vint lui faire respirer le parfum délicat d’une fleur qui poussait sur les terres aujourd’hui couvertes par Feyzin. L’effet fut magique, la belle se réveilla…C’est depuis messieurs-dames que les amoureux offrent des roses à leur dulcinée, ces roses qui firent, avant l’invasion du béton, la réputation de Feyzin.
Quant au fruit maudit, après maints essais, son créateur réussit à enfermer la graine empoisonnée dans une coque dure et rugueuse.
C’est ainsi que, dans la région de Vourles pousse un arbre appelé pêcher porteur de fruits délicieux contenant un noyau rugueux pour empêcher les voraces d’avaler sa graine empoisonnée
Mon salon, à moi, de l’agriculture (9) rayon technique
Vendredi 18 février 2011LA DAILLE
J’ai saisi dans ma main la poignée de la faux
J’ai battu cette garce à grands coups de marteau.
Le manche bien serré dans la virole à coin
Je suis parti joyeux pour abattre du foin
De ma meule barbue, j’ai caressé ses flancs
Et du bout de mon doigt j’ai tâté son mordant.
Un coup pour le curé, à demi fascisant
Qui prétendait donner ses avis de savant
Et un pour celle, qui dans la noire école
Distribuait gaiement des copies, des colles,
Le verbe bavarder ou le verbe rêver
Dans l’ennui général par son verbe créé.
Un pour le salopard qui s’est toujours moqué
Puisse-t-il étendu ne pas se relever.
Un pour la pucelle aux grands yeux de vipère
Qui fascinait mon cœur et qui le désespère…
Un coup sur le téton, un coup sur le derrière
Et ses grands cheveux d’or, les voilà sur la terre
Un coup pour l’épervier qui l’a ensorcelée
Son bec à bécoter, le voilà décollé
Un autre sur une aile et un coup sur la queue
Qu’elle tombe en lambeaux et puis qu’elle prenne feu
Parmi les vertes bûches dans le champ étalées
Il en est des salauds que je vois gigoter !
Tiens ! donc ! bonjour MONSIEUR qu’on dit mon SUPERIEUR
Je vous vois arriver du fond de ma torpeur
Votre visage hideux se tord comme un serpent
Et je frappe à souhait sur le bout de vos dents
Ce n’est jamais assez disiez-vous tout le temps
Ce n’est jamais assez vous couper en chantant
C’est vous HACHER menu qui serait exaltant
Et sur votre pensée je reviens m’acharner
Et tiens ! Et tiens ! Et tiens ! En voilà pour longtemps !
Ah ! j’ai fini l’endain ! Revenons en arrière
Afin de déverser le fond de ma misère
De frapper en secret chacun des tortionnaires.
Ah ! Mais vous voilà donc ! cher MONSIEUR LE MAIRE
Un coup pour vos tranchées dans la forêt sacrée
Un pour l’arbre abattu, un pour les saccagés
Un pour les avenues, inutiles saignées
Que vous avez creusées dans les flancs ravinés
Un pour la tronçonneuse, un pour le bulldozer
Un pour les voitures et un pour le désert
Tiens, le foin est coupé, cela n’a pas traîné
Ne venez pas me dire, vous qui le constatez
Que j’ai fauché trop vite, que je vais m’épuiser
J’éprouve tant de hargne qu’il me faut déchaîner
Que je faucherais bien tout le foin de l’été .
Ma faux, ma douce faux, que tu sois exaltée
Tu me donnes la joie de détruire en pensée
Des gredins que les lois de notre société
Exigent que, courbés, on aille vénérer
Mon salon, à moi, de l’agriculture (8) rayon boisson
Vendredi 18 février 2011Il y avait autrefois, dans la région de VIENNE, un homme fabuleusement riche. Il avait parcouru toutes les mers du monde,pillé mille contrées, coulé mille bateaux emmené avec lui des centaines d’esclaves.
Un jour fatigué par autant d’aventures,, il avait décidé de s’installer dans un endroit discret où ses ennemis ne pourraient pas le retrouver. Abandonnant son navire de corsaire, après avoir passé le détroit de GIBRALTAR, il s’était rendu maître en MEDITERRANEE de cent barques à fond plat, de mille cinq cents chevaux dans les plaines de CAMARGUE et de CRAU. Puis il avait remonté à contre-courant le RHONE pour chercher dans les lônes un lieu qui soit propice à son propre repos et à tous ses délices.
Son palais était digne des « mille et une nuits » :deux cents lustres de diamants pendaient des plafonds d’or.Des vitraux de rubis, d’émeraudes et de pierres précieuses éclairaient sa grand’salle. Il pensait vivre heureux. Ses esclaves soumises offraient à tous ses sens des extases exquises. Cependant, l’âge vint où il se rendit compte que pour lui succéder, il n’avait pas d’héritier. Rompant avec ses amours ancillaires, il décida un jour qu’il pourrait prendre femme. Il fit donc publier mille lieues à la ronde qu’il épouserait celle qui saurait faire surgir en lui une émotion que sa vieille expérience n’avait encore connue.
Aussitôt accoururent et ce, de tous côtés, de rapaces donzelles aux doux yeux de gazelles…Malgré tous leurs efforts, aucune ne convint. On fit venir pour lui des péripapéticiennes expertes dans les tours du plus humble au plus fou…Aucune n’arriva à étonner le maître dont l’exigence était bien au-delà de tout !…Vint le tour des bergères aux douces toisons de laine, au lait quelque peu cru et au fumet typé…aucune…aucune…aucune n’arriva à provoquer l’émoi !
Dans son coin, en silence, la très douce SARAH que le maître avait un jour arraché à son berceau observait les manœuvres et chaque manigance espérant en secret que, fatigué, enfin, le maître se réveille et reste sur son sein !
Mais voilà qu’au bout de dix ans de recherches aussi vaines qu’ardues, deux serviteurs trouvèrent et presque en même temps, une belle donzelle qui n’avait pas encore tenté auprès du maître d’obtenir la faveur. La première était née au nord de
la SUEDE.blond-paille, ses cheveux s’étalaient doucement sur ses épaules blanches, à la peau veloutée. Son corps était immense, et ses yeux de poupée brillaient d’intelligence. La deuxième était noire comme jais. Ses yeux sous ses paupières sans cesse étincelaient , ses formes étaient pleines comme grenades mûres et ses dents scintillaient comme autant de diamants.
Toutes deux arrivèrent au palais en même temps.
On leur dit qu’elles pouvaient faire ce qu’elles voulaient, pourvu qu’enfin le maître soit enfin satisfait.
Dédaignant l’une et l’autre, les armes de l’alcôve, chacune s’en alla sur les côteaux du RHONE, en recherche peut-être d’une idée inédite.
La première trouva sur le flanc d’une roche, une vigne pulpeuse aux grains ronds et dorés, et dont le goût exquis, aussitôt lui donna à penser qu’aucun vin jusque-là n’avait pu exister. La deuxième se frayant un passage dans les ronces, découvrit un lopin abandonné des dieux où pourtant malgré tout, en tendant haut les branches, un cep réussissait à porter une grappe. Le raisin était noir, aussi noir que la fille. Son jus en était âpre, mais laissait dans le fond du palais une onde de bonheur à qui l’avait goûté.
Toutes deux de descendre en courant, de mettre à fermenter en secret la cueillette afin de présenter au plus tôt au grand maître le breuvage inédit qu’il espèrait peut-être….et la douce SARAH dont nul ne se méfiait, regarda de très près ce que faisaient les belles…
Après que le breuvage fût enfin obtenu,on fit une fête de liesse populaire pour présenter au maître cet essai de lui plaire.Par le fond de la cuve, la blonde enfant tira dans un bol d’or un liquide doré comme soleil qui, par son seul parfum enivrait l’assistance…Par le haut du tonneau, la noire demoiselle retira un calice de liquide de sang que le diable lui-même s’il en eût absorbé en fût devenu bon et doux comme un enfant.
Les fifres et tambours se mirent de la fête. Chacun était certain qu’ayant goûté aux deux, au matin, le maître parlerait. Cependant que partout on entendait des chants, le maître s’enferma avec les demoiselles.
Il goûta en premier au breuvage doré, et d’une goutte seule se trouva enivré.
Il goûta ensuite au breuvage de sang…son sang ne fit qu’un tour :il était étonnant !
Cent fois,il se reprit, goûtant l’un et puis l’autre, sans jamais, non jamais pouvoir se décider…Il oublia ainsi de sonner les servantes pour changer les chandelles qui brillaient sur les murs…Une à une, les flammes s’éteignirent…le choix n’était pas fait !
Le noir tomba, complet.
C’est alors qu’en prenant un bol qu’on lui tendait, sans savoir dans le noir qui en était la mère, le maître eut l’EXTASE : celui qu’il attendait ! De sa main de pirate réveillée par l’alcool, il se saisit du bras qui l’avait tant comblé.
« DES LUMIERES ! cria-t-il MA FEMME EST DESIGNEE »
Et quand on alluma les cent mille chandelles de la chambre embaumée par le breuvage enchanté, le palais tout entier en resta bouche bée en voyant que le maître tenait en sa main droite, non la blonde cendrée des neiges suèdoises, ni la noire brûlée des déserts africains….mais la douce SARAH toujours si effacée.
Elle seule avait su, avec à propos , du reste des breuvages préparés par les autres créer un nectar inspiré par les dieux.
Magnanime, elle permit à ses deux concurrentes d’aller à tout jamais cultiver sur les pentes la vigne que chacune avait un jour trouvée.
C’est ainsi, messieurs-dames, qu’encore de nos jours, sur les flancs des côteaux, vers AMPUIS, près de VIENNE alternent des raisins dorés ou bien vermeils qui donnent au palais l’impression de merveille :
C’EST
LA COTE ROTIE ! ! ! !
Mon salon, à moi, de l’agriculture (7) rayon fromage
Vendredi 18 février 2011Je vous parle d’un temps que les très vieilles gens même n’ont pas connu….Un temps où les sources jaillissaient librement pour désaltérer le promeneur assoiffé : pas de plombier, pas de fontainier, pas de syndicat des eaux….Un temps où les arbres croîssaient en liberté dans des forêts immenses que ne venaient détériorer ni des chemins, ni des pistes de ski, ni des routes forestières, où on n’avait pas encore inventé les gardes forestiers.Un temps où les animaux avaient le droit de parler, les hommes savaient les comprendre….Un temps où les humains n’étaient jamais malades : on ne connaissait ni les médecins, ni les pharmaciens, ni les médicaments…Un temps où les voleurs n’existaient pas : on n’avait pas encore inventé la police…Un temps où le travail était source de joie : on n’avait pas encore inventé les patrons !
C’est en ce temps-là que la fée MELUSINE vint habiter dans les cuves de SASSENAGE , n’apparaissant que de temps en temps pour charmer les hommes du pays.
Elle vécut très bien, pendant des millénaires, plongeant dans la rivière, se prélassant sur les rochers, étalant dans le noir ses cheveux de soleil comme un halo de lumière. Elle eut pour amis tous les animaux du monde, tous les poissons, les insectes et les fleurs et puis elle rencontra, un soir de pleine lune RAYMOND DE BERANGER, seigneur des environs, qui aussitôt fondit d’un amour ineffable pour cette créature aussi belle que douce. Il la supplia : » Viens ! MELUSINE, habiter mon château, tu seras ma reine, mon adorée, ma joie !
–Je ne pourrais venir que les jours de semaine, car samedi et dimanche je dois toujours rentrer dans les cuves « .
RAYMOND intrigué qu’elle disparût ainsi chaque fin de semaine la questionnait sans réponse…Un jour, n’y tenant plus, il lui proposa de l’épouser : ainsi, elle serait bien obligée de rester au foyer…mais du fond de ses larmes, MELUSINE lui avoua alors son terrible secret : ayant commis une énorme bêtise, le tribunal des fées l’avait condamnée à être une sirène chaque fin de semaine.
RAYMOND DE BERANGER ne se laissa pas démonter : il avait imaginé tellement pire ! Qu’importait pour lui que le samedi et le dimanche,elle fût une sirène : toute la semaine, elle resterait sa REINE, son amour, son adorée, sa joie !…Et des années durant, tout alla pour le mieux dans les cuves grondantes, le château et les cieux….Il arriva pourtant qu’un jour, sans prendre garde, MELUSINE absorba une plante toxique.Ses cheveux qui illuminaient les galeries s’éteignirent, ses forces la trahirent, elle se traîna tant bien que mal jusqu’au plus profond de la plus profonde galerie, et là , exténuée, ses yeux se fermèrent, elle resta allongée sur le flanc sans rire, sans parler et respirant à peine.
Samedi et dimanche, RAYMOND DE BERANGER ne s’inquièta pas….Mais dès le lundi, ne la voyant pas revenir, le pauvre amant chercha où pouvait se trouver sa belle, son amour, son adorée, sa joie…Après mille recherches, dans les boyaux profonds, il la trouva enfin éteinte et affaiblie, un souffle à peine s’échappait de sa bouche et aucun son ne semblait atteindre son oreille.
Aussitôt, BERANGER fit mander le sorcier….Mais celui-ci, hilare, lui fit répondre que les fées n’étaient pas ses amies et qu’elle n’avait qu’à se sauver elle-même !
BERANGER fit clamer et dans tout son domaine qu’il cherchait la personne capable de soigner efficacement sa bien-aimée…Tout ce qu’on lui proposa s’avéra inutile.
Perdant tout espoir, RAYMOND DE BERANGER s’enferma dans son château dont les volets restaient hermétiquement clos, à remâcher sa douleur…Un voyageur passant par là , repèra ce château qui semblait inhabité, se renseigna. On lui apprit ce qu’il était advenu. Au gré de ses voyages, il avait connu un savant mandarin qui guérissait tous les maux. Il s’en vint donc frapper à l’huis du château….Personne ne répondit tout d’abord..Il frappa plus fort…La porte s’entrouvrit : » QUI ES-TU, TOI QUI VIENS TROUBLER MON CHAGRIN ?
–Faites excuse, seigneur DE BERANGER, mais je connais un sage qui sait guérir les fées.
–TU NE POUVAIS PAS LE DIRE PLUS TOT ? ! »
Après avoir pris tous les avis de l’homme,RAYMOND sella son cheval et partit pour
la CHINE, à la recherche du sage mandarin. Le voyage fut long, bien fortes, les angoisses… Mais il parvint enfin, après deux ans de selle,à rencontrer le sage. Celui-ci était très vieux, il était assis, les jambes en tailleur, et il fermait les yeux pendant que BERANGER lui parlait.Il se fit bien expliquer comment était la fée, ce qu’elle faisait, quelle était sa position….Il fit brûler un mois, des baguettes d’encens…réfléchit longuement pendant plusieurs mois, puis déclara enfin au voyageur qui mourait d’impatience :
» Il faut trouver d’urgence, car la maladie gagne,
Un aliment sacré…cherche dans ta montagne
Il te sera donné par personne importante »
Et le sage se tut .BERANGER , donc revint, au quadruple galop. DEUX CENTS CHEVAUX , MOURURENT SOUS SA SELLE, mais il fit en six mois le trajet de deux ans.
Quand il arriva, il courut droit vers celle que jamais sa pensée d’amant n’avait quittée un seul instant…Elle gisait toujours, et pâle, et sans vie.
Il manda des valets chez tous les princes de la terre…tous revinrent sans le moindre remède.
Il manda des valets chez tous les religieux : les évêques, les prêtres, les rabbins, les ulemas, les popes….personne ne connaissait le sage mandarin.
Il manda des valets chez les riches bourgeois : ils revinrent en haillons mordus et chassés par les molosses.
Bien qu’il eût promis de belles récompenses,personne ne parvint à rendre à la fée un regard plus vivant…
Alors, découragé, RAYMOND partit sans but à travers la montagne remâchant en pensée sa tristesse et sa peine. Il marcha un jour, sans manger, sans boire, sans dormir, une nuit, sans manger, sans boire, sans dormir, une deuxième journée, sans manger, sans boire, sans dormir, une deuxième nuit, sans manger, sans boire, sans dormir, une troisième journée, sans manger, sans boire, sans dormir, une troisième nuit sans manger, sans boire, sans dormir, une quatrième journée, sans manger, sans boire, sans dormir….Il s’écroula sous un frêne au quatrième soir et s’endormit….
COCORICO ! …RAYMOND se réveilla….Il se trouvait devant une chaumière où vivait une femme qui élevait des chèvres et UNE VACHE BLONDE AUX CORNES GALBEES COMME
LA DEESSE ATHOR DES EGYPTIENS.
Elle venait de traire sa bête qui, excitée par les mouches, lui avait donné des coups d’une queue souillée de bouse en travers du visage….
Dès qu’elle l’aperçut, la vieille l’interpela :
» Mon maître, mandarin , par pensée m’a parlé, viens ! j’ai préparé ce qu’il faut pour t’aider »
RAYMOND découragé, épuisé de tristesse regarda la pauvresse et se tut un moment…
 »Par personne importante, m’a dit le mandarin…Qui es-tu pour prétendre être de noble race ? »
La vieille ricana : croyait-il, pauvre niais, que la seule valeur fût celle de naissance ? celle des écus ? ou celle de place sociale ?NON ! la seule valeur, mais là vraiment féconde est puissance d’esprit.
» AU MOINS, comment as-tu fabriqué ce présent ? » demanda BERANGER quelque peu alarmé.
La vieille alors tendit sa main toute ridée, entraîna le seigneur vers l’étable où brillait comme un feu le pelage doré de sa vache sacrée aux cornes bien galbées
» Le remède ordonné pour la fée MELUSINE , n’est pas un poison fabriqué en usine, c’est un liquide blanc que l’on a fait cailler, égoutter, mélangé à un peu de pain rassis.
Au fond de douces grottes, il a longtemps mûri, posé sur de la paille soit de seigle, soit de blé, pour donner un fromage et doux et persillé …MAIS CE N’EST PAS CELA QUI EN FAIT
LA VERTU :
SEULE
LA VACHE D’OR PEUT TE DONNER DU VRAI, DU BON, DE L’INEFFABLE…LES AUTRES NE FERAIENT QUE DE PALES COPIES.
Viens ! Prends ! Emporte ! et donne à MELUSINE afin que resurgisse le bonheur et la joie !…Ne t’attarde pas au fond de ma cuisine ! Va ! Cours ! Vole ! Elle t’attend. Elle sait depuis longtemps que seul, peut guérir une fée aussi belle, le bon lait généreux donné avec largesse par la vache dorée des plateaux de VILLARD DE LANS . »
A la première miette, MELUSINE cligna des yeux. Après une bouchée, ses cheveux s’éclairèrent…Et quand tout fut avalé, MELUSINE se dressa toujours aussi belle.
C’est ainsi que depuis de nombreuses années, on trouve un peu partout du fromage que RAYMOND DE BERANGER a dit de SASSENAGE
MAIS
Si un jour vous trouvez sur un vague marché de la pâle copie donnée par lait de » jailles » et qui n’a pas mûri longuement sur la paille,….même si vous le trouvez délicieux,
INUTILE D’ALLER EN OFFRIR A DES FEES
Elles savent trop bien, elles que l’on ne peut tromper, que seul le lait sacré de nos VILLARD DE LANS peut redonner à toutes et joie et grands élans.
Mon salon, à moi, de l’agriculture (6)
Jeudi 17 février 2011VELAGE
Ce soir, a dit le maitre, ce soir il faut veiller
Car la grosse Parise pourrait bien possonner* *vêler.
La Parise, c’est vrai vaut bien une veillée
Car tout ce qu’elle avait elle a toujours donné.
Depuis des jours, déjà, on la voyait cassée
Et le ventre tombé, la mamelle amouillée.
Ce soir, dans le pâquer*, elle a lorgné son maitre, *pâturage
Regard de soumission, d’adoration peut-être,
A remué la queue, a refusé de paître,
Tous signes évidents que son veau allait naître.
Et dans la chaude étable faiblement éclairée
Ce fut le branle-bas: chacun s’est affairé ;
Un jas débarrassé, de paille est rembourré,
Le fumier du fossé a été récuré.
La Parise s’agite, tortille son fessier,
Le travail commence, il faudra patienter.
De moment en moment, on la voit s’agiter,
On sent au fond de soi la douleur se glisser.
Les vaches de ce temps n’étaient pas des usines,
Des machines à quotas : elles étaient des copines.
La Parise se couche, se tord et se relève,
Meugle un petit coup, se recouche…elle rêve ?
Mais non ! elle est debout, elle broute une bûche
Se retourne bondit, dans sa crèche se juche
Se recouche un instant. Son ventre, par saccades,
Se crispe et se détend, la douleur vient, s’évade.
Un moment on croit voir gonfler son périnée…
Erreur ! elle se relève, pas du tout chagrinée
Et se met à tirer le foin du râtelier…
Minute de répit… on met les tabliers
Car on sait que bientôt il nous faudra l’aider.
Tout à coup, dans un spasme et qui va déborder,
On voit le noir ballon des eaux se profiler.
Est-ce simple illusion ? Il est annihilé.
Mais la vache se couche et dans un prompt effort
Rejette le liquide qui la brûle et la tord.
Couchée, debout, couchée, debout encore
Elle s’affaisse enfin et on voit deux sabots
Qui se fraient un chemin recouverts d’un museau.
D’un geste agile et cependant très doux,
Le maitre s’est saisi des pieds qui s’offrent à nous.
Il les tient doucement tirés vers la naissance
En prononçant des mots d’amour et de patience.
Un gros effort encore, les pieds peuvent plier.
Et ils sont aussitôt par une longe liés.
A chaque contraction, maintenant on s’affaire.
Un millimètre, un autre ! Ah ! c’est dur d’être mère !
Et puis brutalement, le gros crâne surgit
Des épaules, du dos et des cuisses suivi.
Le maître les reçoit entre ses bras puissants.
La Parise regarde, fière de son présent.
Elle aussitôt s’occupe et lui fait sa toilette.
Un coup de langue ici, là, le veau lève la tête.
Il est beau, ton petit, tout blond comme un épi.
Un morceau de coton lié sur l’ombilic,
Le corps bien séché, le poil bien lissé,
On le porte au jas, de paille tapissé.
Le maître alors revient, un banc, un seau en main.
Il caresse chacun des pis enflés trop pleins.
Les serre doucement, en fait jaillir le lait
Qu’il donne à
la Parise pour la bien consoler.
Le calvaire est fini, enfin la délivrance.
La bête et le maître en douce somnolence
Vont attendre le jour
Dans un halo d’amour.