Mon salon, à moi, de l’agriculture (5)

 

 

LABOUR

Avant de se coucher,il a ferré l’oeillon* *l’aiguillon
Préparé les charreux*, les chaînes, les timons. *support arrière de charrue
Il a fermé les yeux pour une courte nuit,
Car demain, dès l’aube, ce serait la charrui…* *charrue
Et puis, dès le réveil, il a chaussé les bottes
Etalé sur du pain, du beurre de la motte,
Bu un bol de lait frais et saisi son béret.
Dans la douce étable – dehors, il fait frisquet,
I l a mousu* en hâte ses bêtes les plus fortes, *trait
Les a liées au joug sur le seuil de la porte
Et les voilà partis dans le clair du matin
Les roues de la charrue geignant sur le chemin.
Par sa femme conduite à l’angle de l’étouble,* *l’éteule
Les vaches alignées forment déjà la couble.
D’un geste, les charreux se tirent à l’écart
Une main sur la queue, prêts pour le départ.
Tout doux !Tout doux, MIGNONNE, en avant
la PARISE
CHARMANTE Ah !Ah ! Allons donc
la MARQUISE !
Le sol se révulse et glisse au versoir.
Les cailloux s’effaçant crissent de désespoir.
Un mulot qu’on surprend s’affole en courant.
Les racines inversées lèvent un doigt saignant.
Oh !Là ! Arevireu ! arré MARQUISE , arré ! * *on retourne
La charrue lentement tourne sur ses oreilles.
Les bêtes obéissantes vont retrouver la raie.
Le MAITRE encore enferre, et appuie, et surveille
Le faux-pas de la garce qui va dans le labour
Ou du roc qui d’un coup bloque dans un bruit sourd.
Et ainsi de sillon en sillon et sillon
Parsemé çà et là de quelques oisillons
Le champ couvert de plaies comme un long supplicié
Expose au vent de l’aube son dos de flagellé
Avant que ne surgisse triomphant du destin
La plantule ténue qui tarira la faim. 

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